Facile, rapide et gratuit

Créez votre site maintenant

Je crée mon site
Site gratuit créé sur

EDITORIAL    

Vendredi 23 février 


L'actualité commande d'écrire un nouvel éditorial : le deuxième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe en Ukraine en est la principale raison, mais la colère des agriculteurs, les hommages 
nationaux de la République, sont aussi importants pour de la matière à réflexion du moment. 


La guerre en Ukraine n'est pas une source d'inquiétude majeure pour le français moyen, et la petite musique qui se joue en cette période, orchestrée par les manipulateurs de tout bord qui rêvent plus de pouvoir que d'améliorer la vie du peuple comme ils se vantent, tend à mettre dans les têtes que ce conflit n'est pas notre affaire, que les milliards dépensés pour aider l'Ukraine seraient mieux affectés à la lutte contre l'immigration qui gangrènerait notre société. J'écoute d'ici les grognements de ceux qui sont convaincus par les thèses populistes bien développées et relayées par les réseaux sociaux et médias soi-disant libres, mais en réalité bien verrouillés, et sous influence de puissances étrangères dirigées par des autocrates, des dictateurs. Le pluralisme défendu par ses organismes de communication est limité à une pensée unique qui n'a d'autres buts que la domination des esprits et la soumission des citoyens.  Que ceux qui me lisent aient bien conscience que je peux encore l'écrire, même si cela heurte quelques esprits endoctrinés. 


Oui, je suis persuadé qu'il faille aider l'Ukraine dans sa lutte contre la Russie, ou plutôt contre les dirigeants de ce grand pays, des mafieux plein d'orgueil, puissants parce qu'ils ont pillés les richesses du pays, qu'ils participent au pillage d'autres pays, qu'ils n'ont que deux arguments : la force et la terreur. La mort de leur opposant, Alexeï Navalny dans les geôles de Sibérie, signe leur impuissance à faire taire la liberté. Cela ne fait qu'augmenter leur degré de violence envers leur propre peuple, qui résiste silencieusement, soumis pour ne pas mourir.  Sous leurs masques de démocrates bienveillants envers les petites gens, les candidats des partis, dits populaires, populistes, extrémistes,  aux pouvoirs de l'Occident, ne sont que des candidats contre les libertés individuelles, dans leur seul intérêt de bande, de gang,  de mainmise sur les richesses des pays. 


Les élections européennes vont certainement renforcer les proportions de ces partis au parlement européen. Ils se serviront de leur pouvoir de nuisance pour empêcher la construction de l'Europe, persuadés que la Nation soit la seule entité pour garantir un mode de vie, une sécurité, une "civilisation" pour les habitants de chaque pays. Cela pouvait s'entendre, se comprendre à une autre époque, bien révolue, quand il y avait les moyens d'être indépendants. Mais en 2024, ce discours est impossible dans une Europe qui dépend tant de l'extérieur. Rester entre soi ne résoudra pas les problèmes. Regardons la Grande-Bretagne depuis le Brexit : le pays s'enfonce dans la crise, prêt à revenir dans l'Europe sans qui il n'existe presque plus, et bien que ce soit une île, et malgré des mesures fortes,  il n'arrive pas à juguler l'immigration. En Italie, l'extrême droite est au pouvoir : quels résultats ! A part appeler à l'aide l'Europe, on ne peut pas dire que les solutions nationales aient du succès.  Pendant ce temps, Poutine applaudi, préparant son pays à dominer une Europe affaiblie, parce que construite sur l'idée de paix sans penser  que pour l'avoir, il faut préparer la guerre.  D'autant plus que le parapluie américain est de moins en moins protecteur. 


Oui, l'Europe n'est pas parfaite parce qu'au fil du temps et des gouvernements libéraux du continent, on s'est contenté de faire l'Europe des marchands, préférant la liberté de commerce et de finance à la souveraineté et à la sécurité de la communauté. Les institutions européennes ont engagé la protection des citoyens dans ses directives, ses normes qui leur sont reprochées actuellement. Ce ne sont pas tant ces contraintes qui sont le problème, mais plutôt l'absence de contraintes pour les importateurs à qui on a facilité l'entrée sur le continent, au nom du libre échange, de la mondialisation vertueuse qui n'existe pas. La paix, comme la liberté, ont des coûts qu'il faut assumer. Il serait donc  temps de remettre de l'huile dans les rouages de la construction européenne, de faire des actions sociales, fiscales, culturelles qui parlent aux citoyens, qui les rassemblent. La crise sanitaire de 2020, la guerre en Ukraine ont fait avancer des programmes européens en matière de santé, de défense, mais on est encore loin de programmes solides et communs. 


Dernièrement, le Président de la République a officié dans des cérémonies d'hommage à des personnes convaincues de l'intérêt général : il y a eu l'hommage national rendu à Robert Badinter, puis l'entrée au Panthéon des époux Manouchian, symboles de la Résistance à l'oppression, des étrangers attirés par les valeurs de la République française si remises en cause ces jours-ci par les mêmes évoqués plus haut. Nous avons là des exemples de conviction, comparables à celle de Navalny. Nous voyons des manières de combattre pour faire triompher le bien, jusqu'au sacrifice suprême. Ceux qui dirigent le mal ne prennent pas de risques, ils sont enfermés dans leurs tours de défense, entourés de petits chefs en mal de reconnaissance qui savent envoyer tant de gens à la mort pour leur unique soif de pouvoir qu'ils n'ont réellement  pas au regard de l'Histoire et de la conscience de l'humanité. Ce sont de petits esprits, couards, mais dangereux parce qu'on les laisse faire un temps, et après c'est trop tard. Pourtant, l'Histoire est pleine d'exemples qu'on ne retient pas. 


Revenons plus près du sol : les agriculteurs ne sont toujours pas satisfaits des réponses des gouvernements dans les pays où ils manifestent, tant les revendications peuvent être contradictoires. Les partis nationalistes se frottent les mains pour accuser l'Europe de tous les maux qui pénalisent les exploitants agricoles.  Dans la diversité des productions et de leur manière d'être mises en œuvre, il est impossible de résoudre le problème à coup de prime, de subvention. Il va falloir innover pour garantir des revenus aux producteurs qui ne s'en sortent pas sans trop en donner à ceux qui s'en sortent bien, parce qu'il y a des cultivateurs qui n'ont pas trop de souci, il faut le dire. Ce n'est pas le cas des petits éleveurs de nos campagnes. Mais tant qu'on fera croire au consommateur que le coût de l'alimentation de doit pas beaucoup peser dans le budget des ménages, et que la priorité doit être donnée aux loisirs, aux connexions, aux déplacements, il y aura des problèmes. Il est temps de remettre l'église au milieu du village, d'arrêter de raisonner uniquement dans l'intérêt des financiers, car tout n'est qu'une question de moyens et de volontés, pas d'argent.


Réfléchissons librement, diversifions nos sources d'informations, limitons l'usage des réseaux sociaux contaminés. 

 

Samedi 10 février 


La une de l'actualité met en bonne place la disparition de Robert Badinter, homme juste comme le titre La Montagne. Le président de la République a annoncé lui rendre un hommage national. C'est dire que Robert Badinter aura marqué l'histoire du pays : il fait partie de ces grands personnages qui marquent l'évolution de la société, par ses convictions profondes et ses combats acharnés pour la faire progresser . Son humanité, son humanisme, sa soif de justice met en parallèle sa propre histoire de vie qui a été marquée par la shoah au milieu du siècle dernier, par la disparition dans les camps de la mort nazis de son père et d'une partie de sa famille. Il aurait pu avoir la haine chevillée au corps, il aura toujours combattu ce sentiment pour que la justice soit digne.  Robert Badinter aura été un ministre de la justice  éternel, comme Simone Veil à la santé, Jack Lang ou André Malraux à la culture : ils sont peu nombreux à marquer leur temps, à laisser leur nom dans l'histoire parce qu'ils ont été au-delà des limites qui freinent le progrès de l'humanité, loin des petites querelles de chapelle et de la médiocrité des dirigeants actuels, plus attachés à leurs égos démesurés qu'à l'intérêt général des citoyens. Il n'y a pas beaucoup de grands personnages dans l'histoire, une dizaine par siècle dans chaque pays, mais pour l'instant, ceux qui marquent le début du  21ème siècle ne sont pas prêts d'être à la hauteur de Robert Badinter. 


Autre actualité qui marquait les esprits il y a encore quelques jours, le malaise agricole. Le gouvernement, et son nouveau premier ministre, a fait des annonces suffisantes pour calmer les esprits et renvoyer les manifestants dans leurs fermes, libérer les autoroutes une fois pneus et bâches plastiques brûlées, une façon peu écologique de se débarrasser à bon compte de déchets encombrants...et tant pis pour les dégradations dont l'usager ou le contribuable paieront les réparations. Il faut bien dire que les gouvernants attendent trop avant de répondre aux revendications, comme si faire durer les conflits étaient une solution pour faire croire qu'il fallait des contraintes fortes pour prendre en compte des sujets qui sont sur la table depuis bien longtemps. Un peu plus d'écoute et de considération en amont, un peu moins de certitudes et de dogmatismes seraient plus utiles que de rester droit dans ses bottes et d'être arc-boutés sur des systèmes qui ne marchent plus. 


Jeudi soir, un documentaire en fin de soirée diffusé à la télévision montrait le combat d'un élu rural sur le suivi des cahiers de doléances écrits par les citoyens pendant la crise des gilets jaunes. ces cahiers sont stockés dans les archives départementales et nationales, numérisées à 90 %, mais ne sont pas accessibles au public. L'organisme qui devait les traiter a été supprimé, et pourtant, d'après les rares chercheurs et cet élu qui se sont penchés sur le sujet, il y avait là matière à comprendre la société, à trouver des pistes  pour des solutions d'avenir. Aucun parti politique n'a daigné s'intéresser aux écrits des citoyens qui ont participé à la rédaction de ses cahiers, dont moi. La frustration est grande, les représentants de la politique ont encore perdu une occasion de donner du sens à leurs engagements, laissant croire qu'ils ne s'intéressent pas à autre chose que leur carrière, leur fonction et les intérêts de leurs soutiens.  N'est pas Robert Badinter qui veut !


Le gouvernement Attal est enfin au complet, il a fallu racler les fonds de tiroir pour trouver des volontaires et rattraper des anciens plus expérimentés pour limiter les bourdes des boulets trop bien placés, et qu'on garde quand même : c'est le signe d'une étroitesse d'esprit et d'un orgueil exacerbé qui empêche la bonne marche du pays. Il faut dire que les oppositions ne sont pas en reste, incapables de proposer d'autres solutions que celles qui mettront le pays à feu et à sang, surtout pas d'idée de consensus et de rassemblement autre que celui avec ceux qui pensent la même chose. Vive la tolérance et le respect, mais entre nous !
Avec ça, et sans personne au-dessus de la mêlée,  on est tranquille pour quelques temps. Ça ne fera qu'amplifier les problèmes, mais tant que ça tiendra...Après nous, le déluge !


Et bien, nous aussi, on ne va pas s'engager et on va tenter de vivre au mieux de nos certitudes, avec nos amis, nos familles,  les gens du pays de Giat. Égoïstement, puisque c'est la tendance. N'est-ce pas mieux ainsi ? Dormez, braves gens, les rôdeurs ne sont pas encore là.  Et Poutine se rapproche..il est attendu car pour certains, seule l'autoritarisme est valable, pour les autres bien sûr. Il faut savoir être libre, et ne pas suivre des pseudo bergers qui, sous couvert d'idées simples, peuvent nous entraîner dans les abîmes pour nous enchaîner, comme en Russie, en Corée du Nord ou en Chine par exemple... Un homme fort ne fait pas un pays fort, la soumission d'un peuple ne fait pas un pouvoir, la vocifération et la violence ne font pas la paix. Trop d'entre nous ne se rendent pas compte de leur liberté, de leur richesse, de leur confort qu'ils croient acquis : il n'y a rien de plus fragile que la liberté, la garantie de manger sain, de dormir au chaud, de ne pas avoir peur du lendemain. C'est le seul combat qui vaille, mais ce n'est pas en s'enfermant chez soi qu'il va se gagner, ce n'est pas en construisant des murs, en cherchant des bouc-émissaires pour se trouver des excuses à nos propres faiblesses,  des arguments à nos impuissances, qu'on résoudra nos problèmes.  

 

Comme Robert Badinter, on peut faire avancer la société sans haine, sans violence, mais les uns avec les autres, pour aller ensemble dans le même sens. 

 

Jeudi 25 janvier

 

Ah ! le monde paysan est en colère, et ça se voit. Depuis quelques jours, les manifestations des agriculteurs jusque là limitées au sud-ouest se sont élargies à une grande partie du pays.  Et comme d'habitude, les dirigeants découvrent le mal-être d'une profession dont il est fait écho régulièrement depuis des lustres. Sans que rien ne change vraiment. Mais dans ce pays où il faut casser pour se faire entendre  ( il paraît que cela a toujours été ainsi depuis 1 000 ans), il est étonnant de voir un gouvernement, ou ce qui ressemble à un gouvernement, dire son soutien à un mouvement contestataire, voire même à le protéger, et remettre en cause les décisions qu'il a pu prendre, ou celles prises au niveau européen qu'il a favorisées. Les paysans qui avaient alerté l'opinion qu'on marchait sur la tête en retournant les panneaux de bourg ne peuvent pas mieux dire. 


Les revendications restent les mêmes depuis longtemps : des prix de vente réels plutôt que des aides pour des revenus du travail décents, une acceptation de contraintes environnementales cohérentes et plus souples, une simplification et un allègement des démarches administratives obligatoires. L'agriculteur, l'éleveur veut, souhaite même, produire sain et propre : il ne veut pas être pris pour un pollueur, un criminel parce que des radicaux hors sol préfèrent s'attaquer à eux, sans essayer de comprendre le monde paysan, jouant le jeu de ceux qui profitent de la misère des producteurs en laissant croire aux consommateurs que l'alimentation ne peut, ne doit pas être chère. Le patron de Leclerc a beau expliqué qu'il se bat pour le pouvoir d'achat de ses clients, qu'il se bat aux côtés des producteurs pour faire plier des industriels auxquels il fait porter la responsabilité de l'inflation, il n'empêche qu'il se sert bien au passage en s'offrant de la publicité à moindre coût. On appelle cela de l'hypocrisie. 


Depuis quarante ans, le libéralisme s'est développé en Europe et dans le monde avec pour credo la globalisation et la fameuse théorie du ruissellement issue du développement économique favorisé par des échanges commerciaux sans contrainte qui devait permettre le progrès social à tous les étages.  Alors que les grosses fortunes ne cessent de profiter, la précarité et la pauvreté ne se sont jamais aussi bien portées. Les nuages restent bien accrochées aux sommets. Il n'est pas nécessaire d'avoir fait de grandes études pour comprendre que le libéralisme exacerbé qu'on nous vante depuis les années 1980 ne marche plus. Basé sur l'exploitation de ressources naturelles et énergétiques à bas coût, pillées aux pays pauvres, sur la production de marchandises dans des pays à la main d'œuvre asservie, sur des transports qui ne pèsent rien dans le prix des produits, le système économique a produit d'immenses richesses dont les pays occidentaux ont bien profité parce qu'ils en étaient les financeurs. Et il est la cause de tous les malheurs du moment : réchauffement climatique, guerres, crises sociales, politiques....Mais on est au bout de la chose, il faut repenser à un autre modèle, plus vertueux, plus protecteur de la planète, plus humain. La colère paysanne n'est qu'une expression de la nécessité de changement. 


Seulement, les acteurs du système n'ont pas encore changé de logiciels, ne sont pas prêts à faire la révolution, enfermés dans leurs certitudes libérales qui placent la finance au centre du monde alors qu'il faut remettre l'homme au cœur du développement.  La colère paysanne a entraîné l'ouverture d'un dialogue entre le gouvernement, le président de la République et les représentants syndicaux. La FNSEA est l'interlocuteur privilégié de l’État depuis toujours, le syndicat dit majoritaire co-gère la politique agricole du pays depuis bien longtemps et ses dirigeants ont la culture libérale bien installée, loin de défendre l'agriculture familiale dont rêvent les français, plus prosaïque à promouvoir les grandes exploitations spécialisées intégrées dans le monde agro-industriel. Se souvient-on d'un ancien président de la FNSEA, Xavier Beulin,  qui était aussi PDG d'un grand groupe agro-alimentaire, le groupe Avril (Lesieur, Puget...) ? Et on ne sera pas surpris que celui qui est aux manettes actuellement, Arnaud Rousseau, est aussi céréalier et PDG du même groupe : peut-il être le porte-parole des petits exploitants de nos régions, ceux qui sont vraiment dans les difficultés ? 


Le premier ministre a reçu les doléances de la FNSEA, il va sans doute annoncer des mesures dont le maintien de la détaxation du fuel agricole qui devait disparaître, et quelques assouplissements administratifs qui n'arriveront probablement pas. Ce qui était acceptable avant ne le sera peut-être pas cette fois-ci. Il en faudra plus, et ce serait normal, pour arrêter la crise. Mais les marges de manœuvre sont plus que réduites quand les caisses sont vides, puisqu'au niveau de l’État, on ne sait pas gérer autrement les problèmes qu'avec des chèques. Alors qu'il y aurait certainement des solutions, pragmatiques et de bon sens, sans coût supplémentaire, dont l'application stricte de la loi Egalim par exemple, et la mise en place de contraintes fortes pour ne pas payer les produits agricoles en dessous de leur prix de production, l'alimentaire ne  dois pas être considéré comme une ressource naturelle soumise aux lois du marché. Je l'avais déjà écrit : le producteur agricole est le seul qui ne fixe pas ses prix de vente et qui est soumis au bon vouloir des acheteurs. 


Non, la crise agricole n'est pas finie. J'ai toujours dit qu'agriculteur était un métier d'avenir, et j'en reste persuadé. Mais si nos dirigeants n'en prennent garde, la souveraineté alimentaire ne sera plus garantie et les émeutes de la faim ont toujours été à l'origine des révolutions réussies. Qu'ils s'en souviennent !


Sinon, la douceur revenue après une période hivernale est appréciable, ce qui me permet de conclure : on est bien chez nous. 

 

Mercredi 17 janvier 


La moitié du premier mois de l'année est passée sans prendre le temps d'écrire un éditorial, trop occupé par des assemblées générales, des cérémonies de vœux et la rédaction des compte-rendu, avec en bonus un peu de remplacement d'agent communal. Je profite de l'actualité du moment pour me remettre au clavier et coucher sur l'écran des impressions et réflexions qui n'engagent personne d'autre que moi. La liberté d'expression est un droit cher à mon cœur,  qui exige par ailleurs le respect, sans approbation induite, de ce que d'autres peuvent dire. Sans oublier que toute vérité n'est pas bonne à dire, et que tout ce qui est dit n'est pas parole d'évangile. En se forçant un peu, on se forge une pensée personnelle qui ne doit pas être la soumission à ceux qui crient le plus fort.

 
L'actualité du moment, c'est ce "grand rendez-vous" qu'avait donné le président de la République à la télévision ce mardi soir, entre discours et conférence de presse, plus de deux heures de parole pour expliquer sa vision politique du temps présent et de l'avenir. J'avoue ne pas avoir suivi le show, préférant Indiana Jones à la recherche du cadran de la destinée : en parallèle avec Emmanuel Macron qui semble avoir perdu un peu l'orientation de ses promesses initiales. J'ai écouté les commentaires des experts et des personnalités politiques : j'ai l'impression de ne pas avoir loupé grand chose. Le Président reste campé sur ses positions, fait des annonces et communique, fixe un cap que seul lui voit, pourfend mollement les extrêmes, cherche un soutien impossible. Je n'ai pas le sentiment qu'il comprenne la société, il reste décidément arc-bouté sur ses croyances libérales, empêché de bouger pour innover, et faire avancer dans le même sens tous les français. 


Le ministre de l'économie, et du reste, est lui aussi droit dans ses bottes : seule la réduction des dépenses  et des avantages sociaux permettront l'équilibre budgétaire, jamais il n'est question d'augmenter les recettes par l'impôt direct des plus fortunés, mais sur les taxes que tout le monde paie, on y va à fond. La réduction promise de baisse des impôts pour les classes moyennes ne se verra pas dans le pouvoir d'achat des ménages concernés, mais  nul doute que les moins riches risquent de rester encore plus pauvre. Le doublement de la franchise des médicaments, sensé réduire la consommation, n'aura qu'un effet : améliorer les comptes de la sécurité sociale pendant que certaines professions médicales continueront de multiplier des actes, des analyses, des protocoles pas toujours nécessaires mais bien pratiques pour leur niveau de vie.


Il y aura bien eu de bonnes choses dans le discours présidentiel, mais rien de transcendant, rien qui fera revenir les français vers la politique. Pas mieux dans les oppositions ou dans la majorité, on voudrait ne pas intéresser les citoyens à la vie publique qu'on ne s'y prendrait pas autrement, et ceux qui s'y intéressent un peu plus penchent pour ceux qui leur offre les idées qu'ils veulent entendre, simples et faciles à dire, mais dangereuses à appliquer. La hausse de l'émigration et la baisse de la natalité ne se voient pas de la même façon selon les idéologies et pourtant le principe des vases communicants est une des explications de la hausse de la population du pays, avec celle du vieillissement. 


L'avenir de l'Europe a été évoqué, les élections de juin sont un enjeu crucial mais comme les partis politiques vont ramener l'enjeu à des problématiques nationales, les électeurs voteront pour ou contre Macron. Ce qui serait une erreur : le quotidien de chacun d'entre nous dépend plus des décisions européennes que des actions nationales, et ceux qui croient favoriser la nation en se désolidarisant de l'Europe se trompent lourdement car le monde est globalisé depuis des lustres : la France est un tout petit pays, certainement pas la super puissance qu'elle a été il y a plus de cent ans, et le pays sans l'Europe sera soumis aux aléas des crises mondiales crées par les vraies grandes puissances, les rivalités économiques (Chine - Etats-Unis),  territoriales (Russie - Ukraine / Chine - Taïwan), religieuses (Moyen-Orient : Israël - monde arabe / Chiites - sunnites / ottomans - kurdes), ou la folie des dictateurs ou radicaux (Corée du Nord, Amérique du Sud, Trump, Poutine...), sans oublier les problèmes climatiques, environnementaux et naturels qui ajoutent de la tension à la tension. 


Il n'est plus jamais que temps d'aller tous dans le même sens, avec plus d'humanité et moins d'orgueil. Mais l'homme n'est jamais plus humain qu'au bord du précipice, alors tant pis. 
On va s'adapter du mieux qu'on peut, et tant qu'on aura la santé, un toit et de quoi manger, rien ne sera perdu. Restons modestes, c'est une garantie pour l'avenir. 

 

 

Dimanche 1 janvier 

 

"Alors, l'année sera belle, même si elle sera difficile car on ne maîtrise pas tout, mais de rien on peut faire beaucoup, et les petits plaisirs additionnés donnent le sentiment du vrai bonheur partagé avec les autres. Profitons de ce qui est bien, le reste peut s'oublier." Ainsi se terminait l'édito du 2 janvier 2023. Un an plus tard, je ne pourrais pas dire mieux pour 2024. 

 

Mardi 26 décembre


Pour ce dernier édito de l'année, je pourrais faire le bilan des douze mois écoulés de façon chronologique mais je ferais plutôt une synthèse de ce que j'ai retenu. 2023 n'aura pas été une mauvaise année de mon point de vue depuis le pays de Giat, ce qui serait différent si j'étais ailleurs. Je veux croire qu'on n'aurait pas pu être mieux qu'ici, loin des catastrophes, loin des guerres, loin de la misère, loin de beaucoup de souffrances que vit une grande partie de l'humanité. 


Je ne crois pas qu'en ces temps, l'herbe soit plus verte chez les autres, ou alors il faut bien choisir. Ce qui n'empêchera pas nombre de gens d'ici râler, se plaindre, vociférer parce qu'ils ne sont pas contents de leur sort, parce qu'ils ne savent pas mesurer leur chance de vivre ici. Certes, c'est loin d'être le paradis, un monde idéal. Avoir un toit sur la tête et les pieds au sec, pouvoir manger à sa faim, être soigné à peu près comme il faut, être libre d'aller et venir, de s'exprimer, sans danger sont des avantages que certains trouvent normaux, mais qui sont des privilèges extravagants dans beaucoup d'endroits de la planète.  J'ai bien conscience qu'il y a des personnes insatisfaites, qui se croient en danger permanent, qui ont peur des autres qui sont très loin, parce qu'elles écoutent les chaînes d'information en continu dont les nouvelles rabâchées sont anxiogènes, rarement expliquées, simplifiées au maximum pour faire le buzz, pour avoir de l'audience parce que les auditeurs aiment le malheur des autres qui les rassurent d'un côté et qui les inquiètent d'un autre. Sans jamais avoir un libre arbitre et penser sans influence. 


Cette année, au pays de Giat, la vie est redevenue à peu près normale, comme avant les crises sanitaire, économique, sociale qui ont frappé le pays, l'Europe et le monde. On a retrouvé de la vie collective, des manifestations festives joyeuses auxquelles la jeunesse locale a pris goût. Le climat a été clément, levant les inquiétudes de restrictions d'eau et de sécheresse qui auraient pu être dramatiques l'été, sans catastrophe venue du ciel par les orages ou le vent, même la pluie abondante de ces dernières semaines n'aura pas abîmé le pays comme dans le Nord, les Charentes ou les Alpes du Sud par exemple. Les évènements internationaux n'ont pas eu de conséquences directes : la guerre en Ukraine est intégrée dans l'économie mondiale, celle d'Israël contre le Hamas n'a pas encore bouleversé l'ordre des choses. 


En France, l'inflation marque le pas, les boucliers brandis par le gouvernement ont fait leur effet et amorti les conséquences qui n'ont pas été supprimées mais étalées dans le temps . Mais cela passera mieux. La loi réformant les retraites est passée, pas comme une lettre à la poste, et les différents ajustements des acquis sociaux en réduisent leurs avantages un peu plus pour une grande partie des français, heureux de payer moins d'impôts directs et qui devraient être conscients que le transfert des charges publiques d'Etat vers les collectivités territoriales, les mutuelles de santé, les services privés ne va faire qu'augmenter leurs dépenses obligatoires. Avec une bonne communication, on s'en rend moins compte.


Enfin, grand débat de société, l'immigration est présentée comme le fléau de l'époque, source de tous les problèmes, par ceux qui sont incapables de trouver des solutions pour remettre en ordre de marche le pays. Plutôt que de s'attaquer aux freins administratifs, réglementaires ou normatifs qui paralysent le développement économique, plutôt que de mettre le paquet sur l'éducation et la formation, plutôt que d'assurer des moyens pour la santé, il est plus facile de s'en prendre aux plus malheureux étrangers qui viendraient piller un pays trop généreux en prestations sociales versées trop largement. Alors une loi a été présentée, et les députés écologistes, dans leur naïve sincérité de solidarité, ont permis le rejet du projet, causant un séisme politique majeur qui fragilise le gouvernement et renforce leurs adversaires de la droite radicale : une loi a été votée. Mais quelle loi ! un texte de 92 pages, dont un quart est inconstitutionnel, et une grande partie inapplicable. Ceux qui l'ont votée sont aux anges, ils ont fait avancer leurs idées et c'est tout. Une trentième loi en 40 ans sur le sujet, et qui aboutira à rien, sauf à favoriser l'immigration clandestine, donc à augmenter la misère des plus précaires, l'insécurité, l'esclavage ou l'emploi non déclaré, parce qu'il y a besoin de main d'œuvre, et que le besoin va croître.  Oui, le pays va moins distribuer d'argent aux étrangers, mais il y aura moins de cotisants sociaux, plus de risques sanitaires faute de donner des soins, plus de besoins de forces de police pour contrôler l'immigration : où est l'économie ? Ceux qui croient qu'ils gagneront plus parce qu'il y aura moins d'immigrés se mettent le doigt dans l'œil.  D'après le patron du Medef, il va y avoir un besoin de 4 millions de travailleurs étrangers dans les prochaines années pour assurer la relève et le développement national, la faute au vieillissement de la population. 


Les frontières sont perméables, elles l'ont toujours été, même avec les murs les plus hauts, les mieux gardés. L'empire romain en est mort et combien d'autres ont été vaincus. Même la muraille de Chine n'a pas arrêté les invasions. On ne veut pas des africains et des arabes, qu'on se rassure, l'avenir est dans leurs pays où il y a de la jeunesse et il n'est pas dit qu'un jour  les jeunes européens  soient  obligés d'émigrer dans ces contrées devenues prospères. Et l'évolution climatique n'est pas rassurante pour tout le monde... Comme quoi, on a une nouvelle loi, et puis c'est tout. 


Il a fait beau à Noël comme jamais, comme un dernier clin d'œil heureux de cette belle année 2023. 
On est bien chez nous, ne le répétez pas, c'est un secret. 

 

Vendredi 8 décembre


En assistant à la plantation d'arbres fruitiers sur le territoire en compagnie des écoliers invités à parrainer un pommier, un poirier, un prunier, ou un autre producteur de fruits, pour les inciter à prendre conscience des bienfaits de la nature nourricière qu'il faut protéger, nous étions loin des commentaires du rapport PISA qui vient de paraître, faisant remarquer une baisse du niveau des petits français en mathématiques et compréhension du langage.  En parallèle, une polémique sur les propos grossiers du président du Sénat à l'encontre d'un responsable politique en pleine dérive agressive et autoritaire, tout autant vulgaire que désobligeant, montrait une baisse du niveau des représentants de la République. 


Je pourrais conclure que le niveau intellectuel du pays descend plus vite que celui des cours d'eau ces derniers jours après les pluies incessantes durant plusieurs semaines. Mais je ne le ferais pas, parce que ce serait un raccourci trop facile qui plairait à trop de gens qui pensent n'avoir aucune responsabilité dans l'état du pays pour en accuser pêle-mêle tous ceux qui les dérangent, accusant le système, les politiques, les financiers, les émigrés, les pauvres, l'Europe et tutti-quanti de leurs problèmes sans jamais se remettre en cause.  C'est bien plus aisé de réfléchir comme cela, et de suivre comme des moutons les beaux parleurs qui leur font croire qu'ils ont raison de penser ainsi. 


Quand on regarde l'histoire d'un peu près, les invectives des politiques d'aujourd'hui sont plutôt sobres par rapport aux débats dans les assemblées de la troisième république, mais cela restait à l'intérieur de l'hémicycle, débordant parfois dans quelques journaux mais bien plus tard. L'actualité n'était pas instantanée comme aujourd'hui et on ne commentait pas les choses à chaud, sans avoir pris le temps d'analyser les faits. L'époque était pourtant bien plus violente que maintenant, mais on ne le savait pas. Si une panne géante des réseaux de communication arrivait, je crois qu'on verrait qu'il n'y a pas tant de problèmes que ça dans son entourage et qu'on se morfondrait pas de ceux qui arrivent à l'autre bout du pays, et les conflits du monde auraient moins d'influence sur notre moral. 


Le niveau baisse dans les écoles : le constat n'est pas neuf, mais tout n'est pas de la faute de l’Éducation nationale et encore moins des enseignants qui font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont, tant les moyens pourtant faramineux ne servent pas à l'efficacité du travail fourni. Il ne faudrait pas oublier que les apprentissages ne se limitent pas au temps scolaire,  des études montrent que le temps hors scolaire n'est plus utilisé aussi largement pour approfondir, poursuivre, continuer les leçons données par les instituteurs, que les temps de jeux ne sont plus aussi formateurs parce que les jeux vidéos, numériques n'incitent pas la création, au développement de l'imaginaire, mais juste à faire des choix sans comprendre forcément leur aboutissement. Les enfants ne sont pas plus bêtes qu'avant, loin de là, mais ils ne vivent plus dans le même monde. Et nous non plus. 


Je l'ai déjà écrit, les actions, les décisions, les réflexions des dirigeants actuels sont d'un autre temps, leurs modes de pensée, leurs façons de voir, d'entendre sont dépassés. Ils comprennent l'évolution du monde selon des schémas qui ne correspondent pas à ce qui se passe, cela s'explique parce que c'est très rapide, qu'il est compliqué de maîtriser une marche en avant fulgurante. Il faut inventer le futur, un futur tellement différent de ce que l'on connaît, qu'il faudra bien faire confiance aux jeunes pour le construire, notre expérience et celle des anciens n'est plus d'actualité. Nous changeons de civilisation comme de monde, la planète elle-même est bouleversée, et il serait temps de regarder loin devant, plutôt que de passer le temps l'œil dans le rétroviseur.  Parce que les solutions d'aujourd'hui ne sont pas celles d'hier. 


Plutôt que de récriminer la jeunesse, plutôt que de se replier sur soi pour fuir des réalités auxquelles nous n'échapperons pourtant pas, il serait temps de penser que c'est ensemble qu'il faudra s'en sortir, nous sommes tous des citoyens du monde. 

 

Mardi 28 novembre 


Hier lundi, M6 diffusait une émission évoquant 100 ans d'agriculture en France,  autour de témoignages de familles d'agriculteurs aux profils variés. J'ai regardé et je me suis un peu retrouvé dans cette histoire qui m'a rappelé l'évolution de ma propre famille, issue de petits paysans dont l'héritage n'a pas eu la suite logique d'une relève pour assurer la continuité d'un métier fondamental pour l'humanité.  


Mes aïeux ont travaillé la terre d'ici, dur labeur qui cependant suffisait à nourrir trois générations présentes dans la même maison il y a un siècle. Depuis 1992, l'exploitation familiale n'est plus : l'espoir de reprise qui reposait sur ma tête est resté vain pour ceux qui, au nom de la tradition, auraient aimé me voir à la tête d'une ferme. Mais jamais je n'y ai réellement songé, de mon plus jeune temps. Je n'ai pas été attiré par  l'élevage, je ne suis pas sûr que mes parents aient choisi de le faire mais qu'ils ont fait ce qui devait être fait à l'époque. Ils ont vécu le modernisme qui a conduit aux dérives dont les conséquences apparaissent depuis quelques temps : les problèmes de santé,  la pression des normes et la rentabilité inatteignable entre des coûts de production toujours plus élevés face à des prix de vente qui n'augmentent pas suffisamment, quand ils ne baissent pas. La mondialisation a favorisé le consommateur pour qui la part du budget de l'alimentation dans les dépenses des ménages a fondu au cours des cinquante dernières années, laissant croire que cette part essentielle devait être logiquement faible face aux dépenses de communications et de loisir, la part du logement restant la plus forte.  La société a réussi a faire croire que l'alimentation se produisait à bas coût, grâce à un système de commercialisation et de distribution qui gagne à tous les coups. 


Les images des maisons cossues, des intérieurs spacieux des logements des participants à cette émission auront pu faire penser aux citadins logés dans des petits appartements des métropoles que les paysans n'étaient peut-être pas aussi malheureux que ça. Il faut rappeler qu'avec le prix de leur appartement, ou du prix du loyer,  dans certaines villes, les urbains pourraient s'offrir d'aussi belles maisons en milieu rural. Il faut aussi remarquer que les conjoints, quand il y en avait, travaillaient parfois en extérieur,  permettant à l'agriculteur de travailler beaucoup pour un revenu de misère, les investissements nécessaires aux exploitations sont gigantesques : l'éleveur de la Nièvre en montrait l'exemple lié au problème du nombre de suicides dans la profession. 


Agriculteur un jour, agriculteur toujours n'est plus une vérité. Pourtant l'agriculture est un secteur d'avenir qui va devoir faire une nouvelle révolution pour sauver son outil de production, la terre, des risques climatiques, environnementaux pour nourrir des populations qui doivent prendre conscience que l'alimentation a un coût à prendre en compte pour se recentrer sur l'essentiel plutôt que privilégier l'inutile devenu indispensable par soumission aux dérives consuméristes des grandes sociétés jamais assez rassasiées de profits pour leurs plus gros actionnaires qui se gavent comme jamais. 


Alors que la COP 28 s'ouvre à Dubaï en même temps que la planète subit les assauts des dérèglements engendrés par l'activité humaine du siècle passé, dont les agriculteurs ont payé et paient le prix fort, notamment par la disparition d'un grand nombre de fermes,  qu'en est-il du soutien de ceux qui ont le pouvoir pour enrayer la chute ? leur manque de courage entraîne une fuite en avant mortelle et crée des brèches où s'engouffrent les extrémistes de tout poil, plus assoiffés de domination que de partage. 


Au pays de Giat, il reste encore des éleveurs qui font bien leur travail, ils veulent de la reconnaissance et moins de tracas administratifs, parce qu'ils sont des paysans d'abord, ils ne veulent plus être une variable d'ajustement dans la marge bénéficiaire de ceux qui profitent réellement du commerce alimentaire, ils ne veulent plus être les seuls à faire les efforts au point d'en mourir misérablement parfois, ils comptent sur les consommateurs pour les aider car d'un côté de la chaîne comme de l'autre, on a l'impression qu'il y a des pigeons qui se laissent trop facilement plumés, ou des moutons dociles pour se faire tondre. 


J'écoute souvent dire que "les paysans ne sont pas si malheureux que ça", je répondrai qu'il ne faut pas généraliser car s'ils étaient si bien dans leur métier, comment expliquer qu'il y en ait de moins en moins, comment croire qu'il y en ait qui arrêtent le métier. Souvent, ils souffrent en silence, faute de vie sociale forte, de manque d'écoute, de repli sur soi. Bien sûr, il y a des paysans heureux, qui s'en sortent, et heureusement,  mais ils exercent un métier plein de fragilités, et ils ont bien du courage pour le faire. 

 

Samedi 18 novembre 


Enfin ! je peux prendre le temps d'un nouvel édito. Un mois a passé depuis le précédent sans mettre en ligne mes réflexions, mes attendus sur ce monde qui avance d'une drôle de manière. Comment décliner tout cela depuis la plus grande échelle universelle jusqu'au détail de notre vie quotidienne au pays de Giat ? Ce n'est pas une mince affaire.

 
Si une mallette à outils s'est perdue dans l'espace, échappée des mains d'un astronaute de la station spatiale, n'aura aucun effet sur l'évolution de la terre, les recherches sur la procréation en apesanteur progressent "pour être prêt à aller habiter sur Mars" disent les spécialistes. Pendant ce temps, l'humanité, au travers de ses élites, continue d'abîmer la planète, par goût du profit et du pouvoir, exclusivement. La France est plutôt bon élève dans sa volonté de bien faire pour protéger l'environnement, même si c'est loin de ce qu'il faudrait faire, mais faut-il encore s'en donner les moyens. Mais l'action dans ce pays ne pèse pas lourd dans la solution mondiale du problème, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas le faire : on est bien chez nous et ce n'est pas en nous abaissant aux modèles étrangers polluants, dangereux, totalitaires qu'on améliorerait une situation pas si mauvaise que ça. Arrêtons de nous plaindre sans cesse de nos problèmes de pays riche et regardons ce qui va bien. C'est à dire ne pas rester coller aux réseaux sociaux ou aux chaînes d'info en continu. 


Les évènements climatiques de ces dernières semaines n'ont pas été traumatiques dans notre campagne, il n'y a pas eu de tensions liées au conflit israélo-palestinien, les cérémonies du 11 novembre, plutôt bien suivies, ont rappelé le nécessaire devoir de mémoire pour vivre en paix.... Cette paix est si fragile, ce dont beaucoup trop de monde ne se rend pas compte, préférant s'agacer sur des détails, sur des petits problèmes de voisinage, sur des choses qui ne les concernent pas. Mettre de l'huile sur le feu semble être à la mode,  valoriser le dialogue, les rencontres n'est pas tendance. Comment faire avancer la société dans le bon sens sans des leaders qui n'en ont pas la volonté, qui n'ont pas le sens du sacrifice pour l'intérêt général, pour le bien de tous, préférant cliver les uns contre les autres pour satisfaire des égos surdimensionnés qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs ambitions personnelles. 


La saison des banquets débute ces jours-ci. Entre les repas des anciens, les sainte-barbe des pompiers, des soirées gourmandes associatives, et même le bal des Catherinettes,  beaucoup de moments agréables seront partagés : voilà des actions qui rassemblent, des endroits où on se parle, où on fait des connaissances. Il faut parler de ce qui fait du bien, il faut participer à ces réunions, sortir de son confort isolant et s'immerger dans le monde des bons vivants. 


Ces derniers jours, j'ai rencontré des étudiants toulousains assistant à une cérémonie du 11 novembre, ne tarissant pas d'éloges sur la sociabilité locale, là où l'individu n'est pas noyé dans la masse de la métropole, là où chacun à une personnalité. J'ai rencontré un commerçant briviste à la foire du 15 novembre qui s'extasiait d'une fréquentation extraordinaire à ses yeux,  même quand je lui disais qu'elle n'était pas exceptionnelle cette année. J'ai rencontré un couple de creusois qui viennent de fêter leurs noces de platine : 70 ans de vie commune sans accrocs, une ode à la tolérance, une définition de la vie à deux respectueuse. J'ai fait connaissance de nouveaux habitants venus d'assez loin, enchantés de leur nouvelle vie dans un territoire préservé, calme et respirable. Ils ont envie de s'intégrer sans s'imposer, cela leur donne une chance d'avoir de bons rapports avec des voisins certes accueillants mais pas toujours prêts aux concessions.

On ne peut pas se plaindre de la désertification et ne pas accepter les nouveaux venus qui amènent de la diversité, des idées , de la richesse parfois, qui ouvrent des maisons restées trop longtemps fermées...


Tout n'est pas fini, et c'est tous ensemble qu'on écrira les prochains chapitres de la vie locale, car en restant chacun dans son coin, ce ne seront que des pages éparpillées qui ne feront pas le livre qu'on aimerait lire. 

 

Mercredi 18 octobre 


Le monde s'enfonce chaque jour un peu plus dans les ténèbres, et malgré tout l'optimisme qu'on voudrait dégager, on subit la violence de l'actualité qui nous percute jusque dans nos campagnes pourtant encore bien éloignées des lieux frappés. On se met à rêver d'un monde, comme jadis, quand l'information ne se vivait pas en direct, quand les histoires d'ailleurs n'arrivaient pas jusqu'à nous, quand l'Histoire ne s'apprenait que bien plus tard dans les écoles où les professeurs, autant hussards de la République fussent-ils, n'étaient pas en danger pour apporter un savoir qui libérait les jeunes consciences des obscurantismes, sources de soumissions, de privations de libertés, d'accomplissements personnels. "Le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas" aurait dit Malraux :  les attaques, les guerres, les tensions de ces derniers jours semblent lui donner raison. Bien que les Dieux invoqués n'y soient pour quelque chose, bien indifférents à ce qui se passe en ce bas monde, laissant les humains s'étripaient en leur nom, pour des intérêts pourtant bien éloignés des préceptes originaux vantés dans les livres sacrés. Les religions monothéistes qui se font face en ce moment, contre leur gré, sont toutes issues de la même histoire, aux fondations situées sur ces terres en guerre aujourd'hui dont chacune revendique l'appropriation. On tue, on torture, on soumet au nom de Dieu, comme pour justifier de terribles choses sans avoir besoin d'argumenter avec de solides raisons. Grâce aux réseaux sociaux et aux opérateurs avides de gains qu'ils procurent et qu'ils laissent débridés, tout et son contraire sont dits, conditionnant des esprits peu formés, fragiles ou encore paresseux pour ne plus avoir de libre arbitre à vouloir comprendre les choses. Qu'a-t-on à gagner à suivre tel un ou tel autre, à s'imprégner d'idéologies qu'on ne comprend pas mais qui attirent par leur simplicité, leurs fausses promesses ? Le pire certainement, mais il est souvent trop tard quand on s'en aperçoit. 


De grâce,  soyons prudents dans nos paroles, tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir. Les bons ne sont pas tous ici, les mauvais ne sont pas tous là-bas. Les morts sont souvent innocents, les combattants défendent parfois de mauvaises causes   cachées derrière de réels évènements, obéissant à des chefs qui n'ont d'autres visions que celle de leurs intérêts, de leurs égos démesurés. Seuls les gens de paix se battent pour les peuples, les gens de guerre ne s'intéressent pas aux humains, se battant pour la grandeur d'on ne sait quoi, pour des idéologies qui ne servent qu'à celle-ci, qui n'asservissent que pour celle-ci. 


La liberté est une valeur fragile, qui demande des efforts pour l'obtenir, pour la conserver. Elle s'apprend, elle se renforce chaque jour par des actes, des réflexions, de la tolérance doublée de fermeté. La liberté d'expression n'est certainement pas un blanc seing à tout dire, à tout montrer. Elle a des limites à ne pas dépasser, cela s'appelle le respect, la bienveillance, bien éloignés de la propagande, du matraquage qui marque les esprits plus accrocs aux images fortes des écrans qu'aux lignes des textes qui les expliquent objectivement. 


Forger l'esprit, apprendre et comprendre, élaborer une conscience ne s'improvisent pas : le rôle des enseignants est primordial, l'exemplarité des parents est essentielle, les comportements dans la société sont marquants. L'enfant devient adulte de la façon dont vit son entourage et il peut s'améliorer par les connaissances à découvrir dans les livres, les arts, la culture, les échanges avec d'autres personnes. Les rencontres peuvent changer la vie, en bien souvent, en mal parfois, cela dépend de ce qui a été écrit au-dessus pour affirmer son libre arbitre, sans influence. Vaste programme, mais un homme libre travaille à sa liberté chaque instant, chaque jour et ce n'est pas de tout repos.


Ayons une pensée pour ces professeurs sacrifiés, pour ces innocents de toutes confessions, de toutes origines, victimes de la folie de leurs dirigeants, de leurs croyances, de l'obscurantisme. Ayons conscience que nous vivons dans un pays riche de sa liberté, de sa laïcité qui sont combattus par des forces du mal aux pensées venues d'ailleurs ou des profondeurs des pages sombres de l'histoire. Soyons vigilants, ne fermons pas les yeux, osons affirmer nos modes de vie, notre liberté, refusons de ne pas voir les petites choses qui se passent à côté de chez nous sans rien dire : le silence est la première phase de la soumission.

 
Les tensions sont fortes, mais nous ne les vaincrons ensemble, au grand jour. Si on reste chacun chez soi en attendant que ça passe, ça ne passera pas, et on en souffrira encore plus. 
En attendant, allons nous promener dans la campagne, loin de tout ça : il faut se garder des temps de pauses, pour se vider l'esprit, pour réfléchir aussi en pensant que le monde est beau quand on ne l'abîme pas. 

 

Mercredi 11 octobre 

 

L'été indien tire ses dernières cartouches, jamais il n'a fait aussi chaud au début octobre et nous profitons allègrement de ces belles journées ensoleillées et chaudes au point de ne pas avoir encore allumé le chauffage. Des économies appréciées en espérant qu'il n'y ait pas un contrecoup plus tard.  Il pourrait bien arriver avec des problèmes d'eau, la sécheresse sévit même si ça ne se vois pas trop en surface, mais les nappes phréatiques baissent dangereusement un peu partout. On aura aimé le beau temps, il faudrait supporter une saison des pluies pour ramener de l'équilibre. Outre ces constats climatiques, on ne se plaindra pas plus que ça et on aurait bien tort malgré de relatives difficultés pécuniaires qui peuvent toucher les gens ici et là. 


Parce que chez nous, et j'y pensais avant de m'endormir, on écoute pas le bruit des bombes, des tirs, des cris de terreurs que vivent tant de civils dans le monde. L'attaque surprise du Hamas en Israël en fin de semaine dernière n'en est que le dernier exemple, la folie des hommes ne s'arrêtera pas au nom de Dieux, de convictions pseudo-historiques, de certitudes irréelles, d'intérêts puissants bien éloignés des réalités quotidiennes de ceux qui sont en première ligne. Déjà, on aurait tendance à oublier l'Ukraine, l'Arménie, les Ouïgours, les kurdes, et pas mal d'africains : tout ça nous semble si loin, et pourtant la planète est de plus en plus petite : les conséquences nous atteignent indirectement comme des répliques de séismes. Comme les virus, la contagion n'est pas impossible et nous n'y sommes pas préparés. 


L'actualité horrible de ces derniers jours a chassé les punaises de lit qui ont occupé la une des médias pendant quelques jours, signe  d'un temps qui montre la fragilité des sociétés modernes sûres de leurs progrès, confiantes dans leurs technologies mais qui sont impuissantes face à des petites bêtes.  C'est toute la relativité de notre époque qui exaspère les grands de ce monde qui aimeraient tant maîtriser la nature et l'univers, pour satisfaire leurs égos surdimensionnés qui les rejoindront pourtant dans leurs tombes, là où cessera enfin  leur pouvoir de nuisance.


Hier soir, j'ai regarde un excellent documentaire "nous les ouvriers" retraçant la condition ouvrière depuis la fin du 19ème siècle à nos jours, de l'exploitation de l'énergie humaine aux combats pour la dignité des travailleurs, du peu de considération permanente pour ces employés de la première ligne sans qui le monde ne tournerait pas au profit de quelques-uns seulement. L'utopie de l'union des travailleurs pour un monde meilleur y était bien montrée, parce que là, comme ailleurs, l'homme reste d'abord proche de lui-même, incapable de former une force collective qui pourrait changer l'humanité : l'intelligence est rarement partagé, rassemblée. Toujours, les espoirs communs s'effacent devant le pouvoir d'un individu, charismatique certainement, égoïste sûrement, pour le bien comme pour le mal, aimantant les foules pour le suivre parfois jusqu'en enfer. L'asservissement commence subtilement et il est souvent trop tard pour s'en rendre compte, ou pour l'ignorer afin de rester en vie. Les bonnes causes ne produisent pas toujours les bons effets : les révolutions accouchent plus du pire que du meilleur, le pouvoir est une drogue dangereuse pour ceux qui le subissent. Il faut être vigilant, ne pas succomber aux sirènes des solutions faciles, aux charmes de l'autorité flatteuse, portés massivement sur les écrans par des belles images, des slogans avantageux, des propagandes assommantes. Être libre est un travail de chaque instant, qui demande de l'attention, de la réflexion, et une forme de courage aussi. 


L'histoire est un éternel recommencement dont on ne retient pas les leçons, et cela durera tant qu'il y aura des hommes. Une balade sous le soleil, en attendant une poussée de champignons qui tarde, sera un bon moment à passer, se vider la tête des pressions du monde, ressentir son corps dans la nature en ayant les pieds sur terre, lui dire merci pour le bien qu'elle nous fait, lui présenter des excuses pour ceux qui l'abîment. Il en faut peu pour être heureux : une bonne santé, un toit, un repas chaud, un bon livre...Le reste n'est que du superflu...ou presque !

 

Jeudi 21 septembre


A la veille de l'automne, il est temps de se remettre à niveau des réflexions  après plus d'un mois écoulé depuis l'écriture du précédent éditorial. Certains lecteurs s'impatientent de me lire et  me flattent pour que je me remette à l'écriture. L'époque a été un peu dense et la motivation n'était pas au plus haut tant rien ne change en ce bas monde qui n'est pas au mieux de sa forme . 


Dans notre petit coin entre Auvergne et Limousin, l'été a  été beau. Nous avons échappé aux catastrophes météorologiques, la campagne est encore verte en cette fin septembre. Alors qu'à d'autres endroits du pays et de la planète, incendies de forêts, inondations, tornades, tempêtes , tremblements de terre causent des dégâts incommensurables, souvent dans des pays moins riches, parfois très pauvres. Les derniers évènements au Maroc ou en Lybie s'ajoutent aux malheurs de l'Afrique, sans que nos sociétés occidentales soient plus émues que ça, offrant une aide d'urgence, un soutien temporaire pour passer le cap. Mais avant ou après, la prédation des ressources de ces pays va continuer pour que nous puissions garder notre niveau de vie, fruit d'un progrès réalisé sur le dos des pays colonisés, pillés depuis le 15ème siècle au profit des puissants européens et américains, avec la complicité de parvenus  qui ont préféré leur soif d'or au bien être de leurs compatriotes miséreux. 


L'arrivée de milliers de réfugiés à Lampedusa au sud de l'Italie est la parfaite illustration des conséquences d'une histoire de soumission confrontée au dérèglement climatique. La tempête Daniel qui a sévit plusieurs jours en Méditerranée a empêché la traversée des boat-people depuis la Tunisie et la Lybie, mais les passeurs affairistes ne pouvaient pas perdre de temps. Une fois le calme revenu sur la mer, ils ont lancés tous les bateaux restés à quai plusieurs jours : c'est la raison principale de l'arrivée massive des réfugiés qui se serait étalée sur une plus longue période sans la tempête, et personne n'en aurait parlé. Alors, sur fond de conquête de pouvoirs dans nos démocraties, les responsables politiques, notamment d'extrême droite, ont fait feu de toute la démagogie possible pour crier à l'invasion, au grand remplacement, au pillage de nos campagnes (comme leurs ancêtres ont pillé les pays d'origine des réfugiés).  L'Italie est en première ligne face au problème humanitaire causé par ces arrivées régulières depuis plus de 10 ans, qui ont connu une baisse sensible ces dernières années avant de remonter cette année. L'arrivée au pouvoir des partis anti-migration n'a pas changé la donne, et ils appellent cette Europe dont ils ne veulent pas qu'elle s'immisce dans les affaires nationales à les aider à se sortir du problème dont leurs amis français ou des pays de l'Est tiennent à ce qu'il reste à l'intérieur des frontières de chaque état. Le chacun pour soi qui en dit long pour les méthodes de gouvernement qu'ils préconisent. On peut penser qu'une fois en place, seuls leurs amis seront concernés par leur politique : il n'y a qu'à regarder en Russie, en Chine, en Turquie comme cela se passe. Il vaut mieux être d'accord avec le chef, et tant pis pour la liberté. La visite du pape François à Marseille rappellera aux bons chrétiens qu'il n'y a pas de sélection dans le niveau des valeurs et que l'humanité aura plus à gagner en étant solidaire plutôt qu'à choisir ceux qui doivent être sauvés. 


Le faste de la visite royale de Charles III d'Angleterre en France, dont le dîner à Versailles, met en parallèle les inquiétudes de la plupart des citoyens face à l'inflation qui frappe le monde depuis près de deux ans. Le gouvernement palabre beaucoup pour limiter l'augmentation des prix en tentant de faire pression sur les producteurs et les distributeurs. L'effet est maigre, et la drôle d'idée de proposer de vendre à perte les carburants montre une certaine tension dans les ministères, autant qu'une réelle impuissance pour inverser la tendance. Après avoir annoncé la suppression du remboursement de certaines taxes sur le gasoil non routier (GNR) pour les professionnels en dehors du transport, comment peut-on demander à des commerçants de perdre de l'argent sur la vente du carburant ? et mettre en péril les pompistes indépendants ? 


Un des problèmes de ce pays, et des autres aussi certainement, c'est que les décideurs sont restés dans un monde idyllique et virtuel qui ressemble à celui du milieu du siècle dernier quand tout était possible. Pourtant, ce sont ces mêmes personnes qui créent les réglementations, les normes pour corriger les erreurs de ces époques et qui pénalisent l'investissement, soit par l'augmentation des coûts, soit par la durée des études obligatoires et des temps d'instruction des dossiers, et autres, qui démobilisent les plus motivés. Il serait temps de comprendre qu'en 2023, on ne raisonne plus comme en 1963, ou 1983. Les temps changent, vite, très vite. Il faut aller de l'avant sans trop regarder dans le rétroviseur car ce ne sera plus comme avant, quoi qu'on fasse, quoi qu'on pense, quoi qu'on dise. 


Cet été, les manifestations festives ont été particulièrement bien fréquentées et on ressentait du plaisir chez les participants comme on ne l'avait pas vu depuis 2020. Le moral a remonté, parce qu'on ne peut rester déprimé sur la longueur. L'appréciation des petits plaisirs et d'être avec du monde reste une base du bonheur. J'ai rencontré et passé un peu de temps avec la jeunesse d'aujourd'hui, celle qui sort de la période de confinement et de crise, celle qui travaille au pays : sa mentalité est belle à voir. Les jeunes ont soif de vie, plus que de matérialité contrairement à la génération de leurs parents. Ils savent, ils ont compris les défis à relever. Je crois qu'ils sont prêts malgré les difficultés, et ils ont bien compris que rien ne pouvait se faire seul.  Certains d'entre eux se sont investis dans les associations pour animer le pays, et ils ont réussi à faire de belles choses pour toutes les générations. On peut avoir confiance en eux pour l'avenir, plus qu'en nos gouvernants hors sol pris en otage par les puissants de l'industrie, la finance, la technologie. 


Je vous laisse méditer, car il me faut penser à l'hiver et scier un peu de bois pour réchauffer la maison quand la mauvaise saison sera là. Et j'ai d'autres écritures à faire aussi. Pas le temps de s'ennuyer ! 

 

jeudi 17 août

 

La dernière partie de la période des vacances estivales est arrivée, la durée du jour raccourcit, l'annonce de la fête de Giat sont des signes qui ne trompent pas. C'est un temps où les touristes sont les plus nombreux dans le pays, pour autant, on n'a pas l'impression qu'il y a beaucoup de vacanciers. Il y en a cependant : les diverses manifestations de ces dernières semaines ont une affluence remarquée et il y a des têtes nouvelles. J'ai ainsi fait quelques rencontres intéressantes, dont de nouveaux habitants en Creuse qui ont l'air de bonne compagnie. Foire, fête, concerts, randonnées , et moments gourmands, sont au programme encore quelques temps avant de reprendre un autre rythme, plus sage. 


L'été n'est pas de tout repos dans l'actualité même si les médias sont en mode allégé. Le quotidien régional délaisse les pages locales au point de passer les annonces après la date programmée, de retarder des publications de plusieurs semaines, peut-être de ne pas les éditer : tout fout le camp, ma pov'dame. On ne pense qu'à soi même si ça contrarie les autres qui veulent bien être gentils, quitte à abuser en squattant de la place pour ne pas être déranger chez soi. Après on se plaindra des querelles de voisinage, pare que les contrariétés, ce n'est pas bon pour le moral et pour le sommeil. J'écris ça avant de partir faire une fête des voisins dans un beau village où la convibialité est exemplaire. 


Si cela semble être calme au pays de Giat, le monde est de plus en plus cahotique. Les catastrophes dites naturelles sont en forte expansion, conséquences d'un dérèglement climatique annoncé que les puissants ont voulu ignorer, faute de courage pour prendre les bonnes décisions, à cause des (gros) intérêts à court terme, laissant la responsabilité de gérer le désastre débutant aux générations suivantes. Souvent, je dis qu'on est bien chez nous, parce que regarder les incendies de forêt au Canada, en Grèce qui sont inimaginables, les inondations, les coulées de boues, les tornades, la grosse grêle, qui sont incroyables, il faut être heureux de vivre là où on ne subit pas ces traumatismes insurmontables. A cela, peut s'ajouter les guerres, les conflits, dans lesquels des hommes avides de pouvoir n'hésitent pas à sacrifier leurs peuples, à trucider les autres. Enfin, il reste encore une belle et méga éruption volcanique pour compléter le décor de fin du monde dont le peintre de l'univers commence le chef-d'œuvre. 


On va me dire que je suis pessimiste, que je ne suis pas gai en ce moment. Je passe du bon temps, j'en profite sans penser au lendemain, comme s'il fallait vivre pleinement le temps qui passe car il n'y a plus de certitudes. Il y a bien longtemps que j'ai fait mienne la devise "carpe diem", chaque jour suffisant à sa peine. Il va faire très chaud, je resterai à l'ombre et au plus frais possible, parce que ce qui ne sera pas fait aujourd'hui attendra demain : " aujourd'hui peut-être, ou alors demain. 
Ce sacré soleil me donne la flemme, j'écrierai ... té : après-demain...".

 

Jeudi 27 juillet

 

Ces dernières semaines ont été plus intenses que les précédentes et mon emploi du temps un peu plus chargé à cause d’un regain de manifestations dont découlent une série de reportages pour rendre compte aux lecteurs intéressés par la vie du pays de Giat. Cette relative augmentation des activités n’est pas exceptionnelle, c’est juste un retour à la vie d’avant la crise sanitaire de 2020. Mais il faut se remettre dans le bain avec trois ans de plus au compteur : la réadaptation au rythme estival est plus lente que par le passé. Il y a dix ans, j’aurais pu prétendre à la retraite, mais en 2023, je dois cotiser encore plus de trente mois : les acquis sociaux du siècle dernier se réduisent un peu plus chaque année. Et il me faut rassurer les visiteurs sur ma capacité d'observation du monde, de ma compréhension des choses, de mon interprétation qui ne vaut que ce qu'on veut bien l'estimer. 


Ce qui nous ramène à l’actualité nationale : la réforme des retraites est donc passée, actée et le gouvernement s’est sorti de cette mauvaise passe non sans mal grâce aux artifices constitutionnels. Dans les cent jours décrétés par le président pour définir une pause politique et atténuer les tensions avant de prendre la parole pour s'adresser aux français, il n'y aura pas eu de miracle. Certes, les actions de lutte ont cessé, et du côté du front social, la trêve est une réalité, renforcée par le temps des vacances. Mais ce n'est toujours pas une joie délirante qui parcours les territoires : les émeutes qui ont suivies les incidents de banlieue ont été virulentes, et le déploiement important des forces de l'ordre ont permis le retour à la paix dans les grandes villes, et garanti la célébration de la fête nationale sans incidents. Une réorganisation du gouvernement, avec des postes affectés à des technocrates en place de personnalités de la société civile, sans changement de première ministre, doit rendre la gestion du pays plus efficace selon le président qui veut de l'ordre et de l'autorité renforcer les missions de l’Éducation nationale, poursuivre plus fort et plus vite la transition énergétique, développer la relocalisation des industries. La parole présidentielle n'est plus écoutée si on en croit les retours, la parole politique de l'opposition non plus tant qu'il n'y aura pas de proposition et que de la contestation, le citoyen ne se reconnaîtra pas dans ceux sensés le représenter. 


Alors, chacun a ses propres préoccupations, et les médias font la une avec les malheurs du monde ; la guerre en Ukraine n'a plus l'attention qu'il faudrait car elle est encore un facteur majeur de la géopolitioque mondiale qui nous concerne ; les effets de la sécheresse et de la canicule autour de la Méditerranée occupent les rédactions par l'intensité des incendies de forêts qui se propagent un peu partout, semant la destruction et la mort parfois; l'économie tangue sous l'effet d'une inflation pernicieuse qui réduit les pouvoirs d'achat des consommateurs sans pour autant diminuer les revenus des actionnaires du monde libéral. Cependant, le monde continue de tourner comme si de rien n'était, les dirigeants de la planète restant sourds et aveugles aux changements qui s'opèrent, bien assis sur leurs certitudes d'un autre temps. 


Et bien, nous aussi, pour le moment, nous  gardons nos habitudes parce qu'après tout, chez nous, on est bien et ça ne va pas si mal que ça. 

 

Jeudi 29 juin 


L'été débute sur les chapeaux de roue et les manifestations ont repris comme au bon vieux temps d'avant la crise sanitaire : cette fois, celle-ci est bien derrière nous et les temps de loisirs redeviennent des moments collectifs actifs où la convivialité, la bonne humeur, la gourmandise sont remis au premier plan. De plus, la météo n'est pas trop méchante : tout est bien en ce domaine au pays de Giat. 


Même si, au regret de représentants d'associations, je ne met pas assez en valeur leur implication dans la vie locale dont ils attendent visiblement une meilleure reconnaissance, parce que "la promotion de nos villages semble indispensable si nous ne voulons pas mourir à petit feu et accueillir de nouveaux habitants et professionnels" comme on me l'a écrit. J'avoue être contrarié de ces ressentis, que je veux bien comprendre et c'est très bien qu'ils me soient rapportés, c'est un peu la manière de le dire qui me chiffonne. Cela me donne l'impression d'engagements, d'investissements dans les associations qui ne sont pas totalement désintéressés. Parce que je rend compte de l'actualité locale, je devrais peut-être mettre en avant plus certains que d'autres, être plus précis dans mes articles pour ne pas en oublier.  Ce n'est pas volontaire s'il m'arrive de ne pas noter certaines actions dans une manifestation où il se passe pas mal de chose, où je n'ai pas tout suivi, où je ne me suis pas renseigné aux "bonnes personnes", préférant demander l'avis du public. J'écris pour parler du pays de Giat, de ce qui s'y passe, en étant le plus objectif possible. Je ne prend par parti des uns ou des autres, même quand je suis impliqué dans l'organisation. Ma neutralité est le gage de la confiance avec les lecteurs, ce qui satisfait visiblement le plus grand nombre et je les remercie. Mais on ne peut pas plaire à tout le monde, et c'est bien ainsi. Sans me mettre en avant pour le travail que je fourni bénévolement, je voulais le rappeler. 


Cette petite saute d'humeur passée, revenons au style plus normal de l'édito, car certains fidèles visiteurs trouvent que je me laisse aller et que je ne produis pas assez ! Ils me taquinent car ils savent que je passe du temps sur le terrain et qu'il n'y en a pas assez pour tout faire parfois, et qu'il me faut bien du temps pour moi aussi. 


Cette fin juin, la une de l'actualité est dédiée aux violences urbaines conséquentes à la réaction radicale d'un policier qui a tué un jeune refusant d'obtempérer à Nanterre.  Dans notre société de droit, il s'avère que le gardien de la paix n'ait pas agi selon les règles : les banlieues se sont enflammées. Des groupes de jeunes, très jeunes parfois, ont déclenché des mouvements de guérilla, détruisant et incendiant les lieux de représentation de la République comme les services municipaux, mais aussi des supermarchés, des véhicules. Celui qui est mort n'avait que 17 ans, conduisait sans permis, était déjà connu des services de police et il est peut-être regrettable que M'Bappé évoque le départ d'un ange pour parler de la disparition d'un voyou qui serait resté en vie s'il avait respecté la loi et l'uniforme. Notre société soi disant avancée a bien reculé depuis quelques décennies, les gouvernants passent et la situation s'aggrave. A force de gérer les finances et uniquement penser que tout est affaire de budget, les pouvoirs publics ont oublié, et ça les arrange certainement,  que tout est une affaire de personnes avant tout, d'autorité sur le terrain et non derrière des écrans, de personnels en action plutôt qu'en rédaction de rapports, de synthèses, d'analyses, de diagnostics qui finissent dans des tiroirs, de commissions ou de conventions Théodule dont les conclusions, solutions ne sont même pas lues.  Il faudra bien remettre le citoyen au centre du jeu si ont veut garder la démocratie et ne pas laisser la bureaucratie et la technocratie prendre le dessus des choses comme c'est en train d'arriver. Les pseudo émeutes de ces nuits dernières révèlent un mal être d'une jeunesse abandonnée, laissée à la dérive, récupérée par des groupuscules servant les intérêts de quelques-uns  qui rêvent de pouvoir fort, de soumission des peuples, de se gaver sur le dos du pays...Il n'y a pas de hasard dans ce qui se passe, cela revient sans cesse à chaque fois qu'il y a une bavure policière dans ces zones. Les responsabilités de ce genre de crise ne sont pas aussi visibles qu'on voudrait nous le montrer. Ce n'est pas uniquement la faute de la justice qui ne ferait pas assez bien son travail, de la police qui est limitée dans ses actions, des élus de terrains qui se démènent sans compter pour éviter que ça dégénère encore plus, des personnels enseignants peu expérimentés nommés dans les quartiers difficiles, des parents isolés et appauvris par une situation économique qui les enfonce chaque jour un peu plus. La faute est collective, sociétale en réponse à l'individualisation des comportements, de l'absence de solidarité, du manque de dialogue, de l'influence expansive des réseaux sociaux où règne la manipulation. La réponse au problème ne sera pas une énième loi sécuritaire, réduisant encore quelques libertés, mais bien une prise de conscience dans le pays qu'il faut vivre ensemble, éduquer les enfants et les jeunes sans en laisser au bord de la route, mobiliser les forces vives pour agir concrètement pour la collectivité, arrêter de diviser, de polémiquer , de mettre de l'huile sur le feu pour des questions électorales, de pouvoir.


C'est facile de dire y'a qu'à faut qu'on, c'est moins évident de se lever du fauteuil pour agir pour les autres, pour faire vivre le pays, pour ne pas mourir à petit (ou grand) feu...sans arrière-pensée pour soigner son ego. 

 

Mercredi 14 juin 


Il me faut prendre un peu de temps pour écrire une nouvelle chronique, je sens des attentes parmi mes lecteurs car il y a un petit moment que je délaisse cet exercice, trop occupé par ailleurs à être présent sur le terrain de l'actualité locale. Il est vrai aussi qu'on sent une certaine lassitude de la société face aux réalités quotidiennes qui n'en finissent pas d'être compliquées. 


La réforme des retraites ne mobilise plus, la résignation est actée, il faudra travailler plus pour permettre aux retraités de ne pas gagner moins, la durée de vie, dont celle en bonne santé, risque d'en pâtir. Il ne serait pas surprenant que dans 20 ans la moyenne d'âge baisse, elle avait augmentée après les années 82, année du passage de l'âge de la retraite à 60 ans. Il y a bien une génération qui aura bénéficié à plein d'un progrès qui se retourne contre sa descendance qui doit et devra s'adapter aux conséquences de l'évolution des techniques de production polluantes durablement au point d'avoir casser le thermostat de la planète où les records de catastrophes naturelles sont  battus jour après jour.  Il est certain qu'on n'a pas toujours su, mais les alarmes sonnent depuis des décennies sans réaction tant que l'argent coule à flot. Le Titanic coule, l'orchestre joue. 


La guerre en Ukraine ne fait plus beaucoup la une des médias malgré la contre-offensive lancée par les armées ukrainiennes contre celles de la Russie. La destruction volontaire d'un barrage a laissé échapper des millions de mètres cubes dans le lit de la rivière, inondant des villes entières, causant des dégâts immenses, avec un risque pour une centrale nucléaire de ne pouvoir refroidir les réacteurs à terme. Rien n'arrête la folie des hommes pour faire le mal. 


Mais dans notre beau pays, les forces politiques sont à la manœuvre pour batailler sur le sujet de l'immigration, source de tous les maux selon les plus radicaux de droite, confortés par les agressions morbides causées par des individus étrangers  rejetés. L'histoire nous rappelle pourtant les horreurs commises au nom de la pureté de la race, de la supériorité des sociétés occidentales, des religions : il y  a toujours une prétendue bonne raison pour que des hommes éliminent d'autres hommes. Il ne faut pas oublier que l'homme est avant tout un émigré depuis la nuit des temps. Nous descendons tous de personnes étrangères, tant d'invasions de l'hexagone ont modelé notre population. Je rappellerais que les frontières étaient perméables complètement jusqu'au 19ème siècle, le passeport est une invention d'à peine 200 ans et qu'il était obligatoire même pour circuler dans le pays d'une région à l'autre vers 1850, pour limiter déjà l'immigration des provinciaux vers Paris notamment.

Mais il est plus facile de désigner des boucs émissaires que de résoudre les problèmes avec des mesures efficaces qui demandent des moyens qu'on ne veut pas se donner la force d'avoir. Bien sûr qu'il faut contrôler, réguler l'immigration : une vingtaine de lois ont été votées en 40 ans pour cela, sans effets apparemment sur l'invasion qu'on subirait. Les statistiques démontrent que la part des étrangers dans la population est relativement stable depuis plus d'un siècle, avec des variations selon les époques. En 1940, il y avait eu un bond extraordinaire de cette proportion, mais l'origine des étrangers qui occupaient le pays donne de la nostalgie à certains vociférateurs d'aujourd'hui, pourtant le massacre d'Oradour-sur-Glane n'a pas été perpétré par des musulmans.

Il faut réfléchir sur le long terme, comprendre les raisons des phénomènes, connaître le monde qui nous entoure. Cela demande des efforts un peu plus fournis que de regarder les réseaux sociaux où pullulent les fausses informations qui peuvent aller dans le "bon sens de la pensée" de certains, mais cela n'en fait pas la vérité, ou de se limiter à une seule source d'information orientée. La liberté d'expression tant soutenue par ceux qui voudront la limiter quand ils seront au pouvoir n'est pas qu'une affaire de petites phrases, il y a de longs textes à lire très intéressants. 


Nous sommes dans une époque tendue, parce qu'on le veut bien aussi : il n'est pas interdit de parler avec ses voisins, et avec tous ceux qu'on rencontre. Si on arrive à vivre ensemble sans vouloir se taper dessus, c'est un bon début pour qu'on avance vers un monde meilleur. Mais rester chez soi à l'abri est une fausse bonne idée, le mauvais temps finit toujours par arriver et il est plus facile de faire face à plusieurs que tout seul. 


Il en faut peu pour être heureux, pas la peine d'en faire beaucoup pour faire du mal et se faire du mal. Alors, sourions, la vie est belle, il faut la regarder par le bon côté, et tant pis si on n'atteint pas les sommets, tant qu'on reste en bonne santé, bien nourris et avec un toit sur la tête, le reste est secondaire. Aimons nous les uns les autres selon un précepte chrétien que trop ont oublié. 

 

Samedi 27 mai


Coincé du dos et bien occupé par ailleurs, j'ai laissé le temps filer et mes pensées s'envoler sans les partager avec les fidèles lecteurs de mes éditos dont certains en disent le plus grand bien, ce qui est plaisant à entendre et motivant pour en écrire la suite. Je sais bien qu'il y en a d'autres qui apprécient moins, et c'est normal : je ne revendique rien, et surtout pas le monopole de la vérité,  sauf le droit d'expression et l'envie de faire réfléchir. 

 

Pour ce week-end de Pentecôte, il semble que le beau temps s'invite à la fête, et ça ravigote après plusieurs semaines de fraîcheur et d'humidité relative : la campagne est verdoyante, l'herbe qu'a commencée de couper le paysan pressé est plutôt drue, mais plus en-dessous les nappes phréatiques peinent à remonter et leur niveau reste préoccupant tellement il est bas. Là se situe bien l'inquiétude de notre avenir, bien plus que les réductions des déficits publics, que la grandeur de la France, et tutti quanti. Le dérèglement climatique est bien là, il y en a qui réfute encore ce qu'ils croient être une hypothèse à long terme. Les dirigeants du monde sont d'accord pour le diagnostic, mais chacun défendant ses petits intérêts nationaux, voir personnels, ils ne font pas d'effort pour mettre en place les mesures nécessaires, qui doivent déjà être radicales, pour seulement ralentir un phénomène qui s'accélère nettement. Bientôt, comme je l'ai déjà écrit plusieurs fois, nous serons au pied du mur et les solutions risquent d'être violentes. Mais on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas. 


Des résolutions à l'échéance 2030, 2050 voir 2100, sont annoncées avec force communication, et ça s'arrête là : les obligations ne concernent souvent que les petits citoyens, tandis que les responsables réels continuent en toute impunité de vivre leur vie comme si de rien n'était. Au nom du sacro-saint dogme économique libéral, et du taux de croissance, qu'on a érigé en loi universelle immuable, les décideurs politiques se sont liés les mains pour ne pas faire évoluer le système alors que son changement serait la Solution pour garantir le bien être de l'humanité. Je le dis et je le répète, la civilisation actuelle doit son hégémonie à la captation des ressources naturelles et leur marchandisation : l'eau et l'énergie sont majoritairement  aux mains de sociétés privées ou de pouvoirs autoritaires ; l'arrivée, le développement et la diffusion de l'intelligence artificielle offrent de belles opportunités de manipulations, de conditionnement des citoyens et des peuples , la liberté individuelle que revendique tant de crétins biberonnés aux réseaux sociaux  est remise en cause, aussi parce que la liberté collective, qui garantit celle de chacun,  est  plus que menacée, soumise aux diktats des algorithmes des logiciels qui sont créés désormais artificiellement. Mais peut-être que le monde digital sauvera l'humanité. 


Plus concrètement, l'homme a besoin de respirer, boire et manger : c'est dire qu'il faut prendre soin de la nature, cependant bien abîmée par les pollutions du soi-disant progrès qui devient une machine infernale à détruire la vie. Les générations futures vont devoir s'adapter, elles y arriveront, mais jamais elles ne retrouveront un monde comme il a pu l'être. Espérons seulement que les conséquences  des catastrophes naturelles qui se multiplient ne soient pas exacerbées par les guerres,  les évènements tectoniques ou spatiaux, qu'a déjà connu la Terre, qui va continuer de tourner encore quelques milliards d'années,  l'humanité n'étant qu'une très courte parenthèse à l'échelle de l'univers. 


A l'échelle humaine, nous allons profiter de ces belles journées annoncées, de notre belle campagne et de ses braves gens qui l'habitent, qui veulent bien faire des efforts mais ne pas être les seuls à devoir faire des sacrifices pour le confort de ces urbains aux complexes de supériorité affichés nés dans un monde virtuel hors sol. 

 

 

Mardi 9 mai

 

Le joli mois de mai est bien entamé et déjà deux jours fériés sont passés : les arbres ont feuillé, la campagne verdit avec fulgurance, le coucou chante, les troupeaux de bovins ont pris leurs quartiers d'été dans les pâtures, les randonnées se multiplient. On est bien au printemps dans notre campagne éloignée des turbulences urbaines, sociales, vociférantes. 


La loi portant sur la réforme des retraites votée aux forceps n'en finit pas de polluer le débat politique en France, les oppositions radicales de gauche criant au scandale d'abus de textes constitutionnels qu'elles n'hésiteront pas à utiliser si elles ont le pouvoir un jour, même à les renforcer. La critique est aisée pour laisser croire qu'on agirait mieux avec moins. Quant à l'opposition radicale de  droite, elle demeure silencieuse puisque le temps travaille pour elle à mesure que le pouvoir est contesté. Il est vrai que le gouvernement a présenté une loi mal ficelée, tellement complexe que les ministres eux-mêmes n'arrivent pas à l'expliquer, se contredisant les uns et les autres. Tellement complexe que les organismes de tutelle n'arrivent pas à mettre en place les dispositions prévues et que les candidats à faire valoir leurs droits ne savent toujours pas ce qu'il va advenir de la date de départ et du montant de la pension. Pire, certains ayant déjà quitté leur emploi doivent revenir au boulot sans pour autant avoir de certitudes sur les raisons de le faire. Je l'ai souvent écrit ici : une bonne loi est composée d'articles simples et courts, compréhensibles et applicables sans recours. Quand les articles s'alignent à longueur de dérogations, d'exceptions, de contraintes, de controverses, même les juristes rendent leur tablier ! Et il semblerait que cette loi entre dans la catégorie de celles qui emmerdent sans solutionner le problème. 


Toujours plus de bureaucratie est une des raisons du déficit des comptes publics, mais l'administration a le pouvoir dans ce pays, les gouvernants étant souvent issus des mêmes cercles de pensée que les hauts fonctionnaires. Alors on fait porter la réduction des dépenses avec des réductions d'effectifs au contact des citoyens pour un remplacement numérique sensé gagner du temps et donc de l'argent. Sauf que la complexité administrative n'est pas souvent compatible avec les algorithmes des logiciels ô combien binaires et logiques. D'usines à gaz à serpents de mer, les annonces et les décisions gouvernementales, les lois et décrets mal rédigés, les commissions, comités et conventions aux rapports et conclusions dont on ne tient pas compte, enfoncent le pays plus sûrement que la crise économique, creusant des inégalités  entre les générations, les citoyens, les catégories professionnelles, causant la résignation et le rejet de l'engagement au service de l'intérêt général, sources intarissables pour alimenter la haine, la violence, l'insécurité aboutissant in fine à l'installation de pouvoirs autoritaires, piédestaux des dictatures. 


Les nostalgiques des années glorieuses du siècle passé se demandent à partir de quand le pays est partie en vrille : tout marchait bien, les trains circulaient et arrivaient à l'heure, tous payaient l'électricité au même tarif, les écoliers étaient en sécurité pour aller à l'école, le car passait même quand il y avait 40 cm de neige, les routes étaient  toutes dégagées en hiver sans pour autant être au noir mais les conducteurs avaient des  pneus d'hiver sur les roues sans que ce soit obligatoire. L'évolution de la société, que certains appellent progrès ou modernisme, a été très rapide, laissant sur le côté pas mal de personnes ne pouvant pas suivre. Pour les autres, elles ont le fil à la patte avec les moyens de communication connectés partout qui les rend esclaves de besoins qui n'existaient pas avant, qui les rend dépendants de trop de choses inutiles, qui les rend accrocs à trop de services payants dont elles peuvent se passer, qui les influence malgré elles en les abrutissant pour mieux les maîtriser.  Être libre, c'est être conscient qu'on ne l'est pas tout à fait et qu'il faut être attentif à ne pas se faire embrigader par de beaux discours, de belles images produits par des manipulateurs sans scrupules, en attendant que l'intelligence artificielle ne prenne le pouvoir (mais il y a toujours des humains derrière). Rester libre est un travail à temps plein. 


Vouloir une société meilleure à tout point de vue est un rêve, s'en rapprocher est une promesse d'ambitieux personnages qui rêvent de pouvoir absolu. Améliorer les choses est l'affaire de tous, un engagement collectif, un investissement commun : c'est la seule solution pour remettre de l'ordre. Question de volontés qui ne sont pas à l'ordre du jour ni à la mode de l'époque. Il arrivera bien un temps pour le faire, question de patience, les mouvements de l'univers dictent leurs lois à notre insu et il faudra bien qu'on s'adapte ou qu'on disparaisse.  

 
Après le couronnement du roi Charles III à Londres, il faut bien le rappeler, le joli moi de mai s'annonce humide : la nature aime l'équilibre et s'adapte mais elle a le temps.  Il faut vivre avec, apprécier ses humeurs et prendre le bon chemin pour être heureux. Les chemins du pays de Giat peuvent indiquer la bonne direction quand on marche dessus et qu'on regarde à l'intérieur de nous mêmes.    

 

Jeudi 27 avril

 

Je ne sais pas si je devrais dire que tout est calme ou qu'il y a trop de choses qui se passent dans le monde pour traduire mon impression du moment tellement il y a un contraste entre la vie d'ici et l'évolution du monde. 


Au pays de Giat, loin des tumultes sociaux du pays et encore plus éloignées des soubresauts géopolitiques qui ébranlent la stabilité de l'humanité, les populations mènent tant bien que mal leur petite vie sans histoires, bienheureuses et satisfaites d'être en forme autant que possible, sans stress ni excitations, à l'abri et bien nourries, libres dans un espace dégagé et pur. Certes, il y a des exceptions, des évènements pas toujours heureux, et parfois joyeux pour certains d'entre nous qui font varier le quotidien, mais dans l'ensemble, tout ne va pas si mal. A condition de ne pas s'attarder devant les écrans des chaînes d'information en continu, véritable assommoir pour s'abrutir et devenir con, je me permets de le dire. Il y a tant à faire pour s'ouvrir l'esprit et prendre du bon temps, cela demande quelques efforts,   pas insurmontables, mais qu'est-ce-que ça fait du bien au corps et à l'esprit ! De grâce, bougez, sortez, lisez en variant les plaisirs, c'est un signe de bonne santé et de bien vieillir aussi pour les moins jeunes comme moi. 


Le discours est bien joli, mais il ne faut pas non plus se voiler la face, le monde va mal et ça n'a pas l'air de s'arranger. Les jeux des dirigeants des grandes puissances sont très dangereux, les dictateurs et autocrates de grands pays n'ont plus de limites pour satisfaire leur orgueil hégémonique, entourés d'obligés fanatiques encore plus fous pour satisfaire la gloire de leurs maîtres, sans pitié pour les peuples de leurs propres pays soumis aux lois restrictives et violentes qui les musèlent et les emprisonnent mentalement à minima.  Les démocraties ne représentent plus guère qu'un quart des pays et doivent faire face à la montée des populismes et des nationalismes à l'origine des dictatures. La France n'est pas exempte de cela et le pouvoir fragilisé d'Emmanuel Macron, dont on célèbre le premier anniversaire de sa réélection (qu'on avait oubliée), n'est plus une garantie de sauvegarde. Voir le contraire au regard de la façon dont est gérée l'après réforme des retraites passée aux forceps. Entêté et sûr de son affaire, le président ne veut pas se remettre en question,  n'écoutant pas plus ses conseillers qui l'avertissent de la situation tendue dans le pays que les représentants élus comme lui qui rapportent leurs impressions de gens de terrain. Fier et prétentieux, retranché derrière les mêmes promesses d'écoute, de concertation, de partage dont il n'a que faire puisqu'il n'en tient pas compte, il poursuit un discours d'un autre temps, prônant des actions déjà vues et ratées par le passé. A l'heure où il faut changer, innover, trouver d'autres méthodes, d'autres pistes pour  bâtir une civilisation en phase avec la sauvegarde de l'humanité, parce qu'on en est là quoiqu'on en dise,  on reste basée sur des principes économiques de production et de consommation, aux objectifs limités aux fortunes des possédants. L'exploitation et le pillage continus des ressources énergétiques et des minerais  depuis plus de deux siècles au profit des sociétés occidentales qui ont gangrené le reste de la planète ensuite, et même un peu l'espace, ont peut-être apporté un progrès aux populations mais sont-elles plus heureuses dans le confort matériel. Avoir une vie plus longue  en bonne santé a été une réelle bonification dans les pays riches, grâce à la mondialisation qui a exporté dans les pays pauvres ses pollutions et ses technologies pour produire à moindre coût et satisfaire nos besoins surdimensionnés dictés par la publicité, le consumérisme, etc... Notre soi-disant liberté est bien influencée pour qu'on suive des règles invisibles adoptées dans les sphères du libéralisme. 


Pour l'instant, les changements sont insignifiants, ou sont exagérés par des campagnes de communication bien ajustées pour culpabiliser le plus grand nombre des conséquences d'un petit carré de puissants personnages. On le voit dans les discours actuels des membres du gouvernement : les problèmes sont dus à la fraude sociale, à l'immigration, aux travailleurs qui ne veulent pas en faire plus mais qui veulent être payés plus...Pas question de réduire les inégalités, d'évoquer la fraude fiscale exponentielle, de trouver anormal les revenus exorbitants des dirigeants des sociétés du CAC40. 


Hier, Total Énergie annonçait des remises sur factures à ses clients qui ont réduit leur consommation ces derniers mois. Tant mieux pour eux mais c'est un beau coup de communication après avoir engrangé des bénéfices records suite à l'augmentation des tarifs sans faire de sentiments pour augmenter au passage les marges. Je ne vois pas de geste remarquable de l'entreprise envers ses clients, juste un mode de gestion hypocrite normal dans le monde des affaires. Il ne faudrait pas croire  tout ce qu'on nous dit et on ne nous dit pas tout...


Allez, je ne vous aurais pas encore remonter le moral aujourd'hui avec mes analyses à deux balles mais il n'est pas inutile de réfléchir au monde dans lequel nous vivons. Si le Président a des certitudes, il y a bien longtemps que j'estime que ce n'est ni noir, ni blanc : la  graduation des couleurs est infinie et personne n'a tort, personne n'a raison, chacun a sa vérité qu'il faut affronter à un monde réel aussi changeant que la surface des mers. Tout est question d'influence à un moment donné. 


Le premier mai risque d'être orageux après une courte vague de chaleur pour clore un grand week-end. Le muguet n'aura pas fleuri chez nous mais on ira dans les bois prendre l'air tandis que d'autres battront le pavé des villes pour protester contre le gouvernement qui reste sourd à la colère du pays.

 

Mais ça va s'arranger, tout finit par s'arranger. Ainsi va la vie. 

 

Vendredi 14 avril

 

D'une foire à l'autre pourrais-je dire en écrivant ces lignes à la veille de la foire du 15 avril après avoir rédigé le précédent éditorial le jour de la foire du 30 mars. Ce qui revient à dire qu'il y a plus de deux semaines entre ces deux billets d'humeur.  La Révolution n'a pas eu lieu, aussi ne me suis-je pas attardé à prendre du temps pour donner mes impressions d'un moment assez tranquille en ce bas monde. 


Mis à part la soixantaine atteinte, ma vie n'a pas changé, elle reste un peu trépidante parce qu'il faut assumer la mission de remplacement à Verneugheol tout en continuant les activités habituelles liées à une actualité locale en réveil avec l'arrivée du printemps : les associations ont repris de la vigueur et les animations reviennent au niveau d'avant la pandémie. C'est bon signe. 


Et la retraite n'a pas encore sonné. Quand j'ai quitté mon emploi de salarié à la fin 2005, je m'étais dis que je pourrais tenir sans trop m'écarter jusqu'à la retraite prévue à 60 ans à l'époque. Et patatras, réformette après réformette, il va me falloir patienter un peu plus de trois ans de plus. Peut-être moins, je ne m'en suis pas inquiété encore. Quand on a pris le rythme pour ne pas être bousculé, on s'adapte plus facilement aux vicissitudes de la vie. 


Travailler ne doit pas être une fatalité, ce qu'il faut c'est avoir des revenus, pas du travail. Parce qu'il faut un peu d'argent pour subvenir au minimum des besoins de logement, de nourriture, de confort, de déplacement,  de communication, de loisir.  Après, c'est une question de niveau et je crois qu'on peut-être heureux sans nécessairement souscrire aux lois de la société de consommation, et donc limité les frais. Après, avoir un travail qui plaît et qui rapporte n'est pas un défaut. Mais s'échiner dans le but de consommer n'est pas une vertu.  Etre soumis au travail pour devoir survivre n'est pas normal ni juste : tout travail mérite salaire décent, mais qu'est-ce-qui justifie les écarts  incommensurables des paies entre une personne qui trime au bas de l'échelle et un dirigeant  haut placé dont les responsabilités pourraient être exercées pareillement avec quelques sous en moins ? Tout cela n'est que du virtuel, une conception de l'économie qui sacrifie la première ligne pour l'orgueil des parvenus. 
Ces derniers ont réussi dans les 40 années passées à faire croire que les lois de leur économie étaient intangibles, comme les lois mathématiques ou physiques régissent l'univers, alors qu'elles ne sont que des mises en forme issues de la pensée humaine, donc transformables. On n'y est pas encore, mais ça vient, parce que ces règles de gestion s'auto-détruisent petit à petit. Elles ne peuvent évoluer sans disparaître parce qu'elles sont néfastes à terme, mettant en péril l'humanité.  Nous sommes arrivés à ce temps de transition. 


La réforme des retraites votée le mois dernier va finir par s'imposer après l'avis du Conseil constitutionnel qui en aura validé la majorité des articles. Ça ne calmera pas la grogne sociale alimentée par  le manque d'écoute d'un pouvoir biberonné à ces fameuses tendances économiques évoquées plus haut, incapable de croire qu'un changement réussi doit être la conclusion d'une réflexion collective, d'un débat sincère pour améliorer la vie de tous, garantir la paix, promouvoir l'éducation, nourrir sainement la population, la soigner dignement. La consommation, fruit de la production,  comme seule perspective et unique mode de développement de l'humanité n'est certainement pas son avenir. 


La foire du 15 avril montrera qu'on est encore dans la société des affaires, où les exposants vanteront les bienfaits des achats à des badauds auxquels ils auront pu apporter un peu de bonheur payant, et après tout, si tout le monde est content, moi aussi. J'aurais été heureux de revoir, de voir plein de gens, de discuter, prendre des nouvelles, d'apprendre, de faire connaissance : la foire c'est aussi ça. Du lien, de la communauté et le reste n'est que de l'emballage. 


On est bien chez nous, on va y rester. 

 

Jeudi 30 mars


Après une matinée de labeur communal à Verneugheol, le passage à la foire à Giat a permis de confirmer l'évolution de l'inflation sur le prix des fruits et légumes avant une pause conviviale au bistrot pour garder le lien avec de bonnes relations et poursuivre sa connaissance des gens et du territoire. Là se trouve la base de tout et surtout le pilier du savoir local qui valorise mon travail informel auprès de celles et ceux qui me lisent, dont une majorité est reconnaissante de ce que je lui apporte. Là est bien l'essentiel de ma motivation, appuyée parfois d'agréables moments partagés. 


Les petits commentaires réguliers que je peux écrire semblent être attendus par les plus fervents des visiteurs du site Internet que je réalise, alors je sais qu'il ne faut pas trop de temps entre deux éditoriaux pour satisfaire la curiosité des amateurs du genre que je remercie de leur attention. 


Revenons donc à l'actualité de la période. 


Si la guerre en Ukraine est devenue une chose presque normale plus parce qu'elle dure qu'elle n'affecte le mouvement géopolitique européen, elle reste l'évènement majeur qui peut impacter notre avenir proche. Cela est déjà la cas : l'inflation galopante en est une résultante, les serrages de boulons des budgets communaux en train de se voyer une autre. Derrière le coût économique du conflit, il n'en demeure pas moins que se joue la notion des libertés des peuples et des individus. 
Ces libertés transpirent aussi au travers du conflit social français lié à la réforme des retraites dont la loi a été adoptée par l'Assemblée nationale après le rejet des motions de censure du gouvernement présentées à la suite du recours à l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. Le choix du Président de la République pour faire passer cette réforme, son interview aux journaux télévisés de 13 heures, l'absence de volonté de dialogue réel, n'ont pas plu à la majorité des français. Emmanuel Macron a des raisons justifiées de croire en son projet, les oppositions à celui-ci sont argumentées. L'entêtement du chef de l'Etat, formé à la macro-économie par les tenants des solutions libérales, montre sa radicalité sur le sujet qui réduit la marge de manœuvre pour amorcer un dialogue constructif pour sortir de la crise qu'il a générée, par conviction et surdité.  Il y a quelques jours, un historien référencé spécialiste des sujets parlementaires expliquait l'archaïsme de gouvernance actuel, du style des années Pompidou (1969-1974) qui ne pouvait pas faire avancer la société : ça m'a fait plaisir d'entendre ça, qui allait dans le même sens que ce que j'écrivais dans l'éditorial précédent. 


Je vais donc le redire : la monde change, la société aussi. Il faut innover, trouver de nouvelles façons de lier le social à l'économie, donner du sens à la vie des citoyens. La convention citoyenne du climat était une bonne idée, mais ne retenir que les propositions qui allaient dans le sens du pouvoir ne permettent pas d'établir un climat de confiance sur la participation citoyenne aux projets. Le grand débat qui faisait suite à la crise des gilets jaunes aurait pu être source d'évolution positive, en phase avec la demande populaire. Que nenni ! Causez toujours, je vous écoute mais je ne vous entendrai pas ! c'est le ressenti d'une majorité de français. Le Président va devoir changer de façon de faire, même s'il n'a pas d'enjeu faute de pouvoir garder sa place, sinon il risque de laisser sa place dans l'Histoire comme celui qui a donné les clefs du pays aux extrêmes, bien loin de l'idée d'avoir fait la réforme qui allait tout changer...


Le citoyen de base ne devrait pas se satisfaire de cela : c'est lui qui a encore le pouvoir, qu'on se le dise. Encore faut-il faire l'effort de s'intéresser à la chose publique au-delà de ses petits intérêts personnels, d'avoir la volonté de participer, d'être solidaire, fraternel, et croire en la liberté tout en acceptant que d'autres ne soit pas du même avis. Un avis réfléchi, pensé et non pas puisé sur les réseaux sociaux riches de fausses informations, de manipulations : s'informer, c'est consulter différentes sources d'informations, contradictoires parfois, chercher la vérité vraie, par forcément celle qui arrange, analyser, synthétiser. Du travail, il y en a qui ont le temps pour ça mais qui ont d'autres choses inutiles à faire comme dénigrer, dénoncer, faire du mal, c'est tellement plus plaisant et moins fatiguant. 


Et au Pays de Giat, me direz-vous ? c'est plutôt calme, on est bien chez nous. Les activités qui rassemblent reprennent du poil de la bête, c'est bon signe. Le printemps est là, il faut s'accrocher pour rester au-dessus des mauvaises nouvelles, s'adapter aux changements, se retrouver pour aller de l'avant dans le même sens et avoir le sourire. 

 

Vendredi 17 mars 


Allez ! je me lance ! L'actualité du 16 mars et le recours à l'article 49-3 de la constitution par le gouvernement pour faire adopter son projet de loi contesté dit "réforme des retraites " fait causer à travers le pays. Hier, au cours de mes rencontres, il m'a été dit que j'allais pouvoir faire une nouvelle chronique. Alors, pourquoi pas ?


Bien qu'au cours des précédentes éditions, j'ai donné mon avis sur le sujet : ce projet ne me semble pas être une réforme capitale pour régler le soi-disant problème du financement des retraites, il répond plus, et le Président de la République l'a confirmé hier, à rassurer les marchés financiers auxquels le pays emprunte trop de milliards pour assurer un fonctionnement qui, lui, a besoin d'une sérieuse remise à plat. Au risque de me répéter,  je crois que le système des retraites actuel doit être changé profondément : il a été institué sur la base intergénérationnelle à une époque de plein emploi. Depuis 70 ans, la modernisation, les délocalisations, la robotisation et la numérisation, la financiarisation de l'économie, le partage des richesses, etc... ont bouleversé le pays et le monde, sauf qu'on reste sur des modèles comptables, sociaux, macro-économiques de cette époque. Et notre président peut-être plus encore que beaucoup d'autres. Sa politique se voit dans le rétroviseur, et pour un homme plutôt jeune, dynamique, qui se veut moderne,  je le trouve passéiste, ringard et complètement désuet. 


On attend des gouvernements des volontés d'avancer, de progresser,  de créer un monde meilleur pour tous les peuples. Et que voit-on ? de la régression sociale, de l'augmentation de la pauvreté, comme des ultra-richesses, c'est-à-dire une augmentation des écarts de fortune, des risques de guerre et de révolte accrus, des tensions environnementales et climatiques qui deviennent insupportables, la montée des populismes et des nationalismes dangereux pour les libertés individuelles, une fragilisation des démocraties : l'avenir se voit plus en noir qu'en couleur ces derniers temps. Et le citoyen attend que ça passe, se croyant à l'abri dans une bulle qui comme son nom l'indique peut éclater d'un simple souffle. Ceux qui réagissent en manifestant contre la réforme des retraites ne sont pas plus innovants que le président : ils veulent garder le système qui leur assure une garantie pour l'avenir, quoiqu'il en soit. Ça ne règlera pas plus le problème démographique sur lequel repose les ressources des pensions. 


Nous avons besoin de remettre à plat la façon dont est géré le monde, et  tant que chacun défendra sa petite chapelle, sans trop se soucier du reste, on n'est pas prêt d'y arriver. Qu'on se rassure, de gré ou de force, sous la contrainte, ça se passera car il n'y a pas d'autre solution. L'histoire nous le démontre :  toute civilisation a une fin, dramatique en général, pour qu'une suivante apparaisse. C'est la vie et ça peut prendre du temps.


Dans quelques jours, nous changerons peut-être de gouvernement, ou pas. Des élections législatives ne sont pas à exclure. Peu importe, ça ne résoudra rien, on en pâtira plus qu'on y gagnera parce qu'il n'y a pas de volonté de changement pour aller de l'avant. Tous les candidats au pouvoir ne proposent que des solutions du passé, qui n'ont pas marché, quand ils en proposent, parce que trop font de l'opposition par principe sans pour autant bâtir des programmes innovants pour que ça aille mieux.  Personne ne fait rêver en ce moment, pas de quoi enchanter la politique, ni faire aller voter en masse les électeurs : les amateurs de dictature sont aux anges. 


On (qui est on ?) va encore dire que je suis pessimiste, que ce n'est pas si grave que ça. Je répondrai : ça va s'arranger, c'est sûr. Je suis optimiste parce qu'il y a toujours le beau temps après la pluie. Mais, on le voit bien, le mauvais temps est parfois cruel et le beau temps n'est pas toujours un signe de vie...

On est bien chez nous, profitons du bon temps qui passe, le printemps arrive comme le renouveau qui nous fera avancer un peu plus.   

 

Jeudi 9 mars

 

Le chapeau de Mireille s'est envolée définitivement ce mercredi : Marcel Amont a tiré sa révérence après avoir marqué le milieu du siècle dernier de quelques ritournelles  qui restaient bien en tête et que les moins de 50 ans ne connaissent certainement pas. C'est une triste nouvelle parmi d'autres, mais qui ne fera qu'un entrefilet dans les médias plus préoccupés du mouvement social du moment. 


La réforme des retraites voulue par le Président, portée par son gouvernement, n'est pas approuvée par une très grand majorité des français : le report de l'âge légal de départ à 64 ans ne passe pas à juste raison, parce qu'il pénalise ceux qui travaillent déjà le plus longtemps et qui triment pour des salaires de misère, souvent les premiers maillons de l'économie indispensable pour faire tourner le pays, invisibles et méprisés par ceux qui se croient meilleurs, forts, essentiels mais qui brassent beaucoup de vent sans produire grand chose. Cette réforme, au but avoué de réduire le coût des retraites, ne prend en compte que la comptabilité, et les ajustements marginaux acceptés par les ministres rognent sensiblement l'objectif de la réforme. Alors, le prochain président de la République pourrait devoir faire une nouvelle réforme, parce que celle-ci, comme les précédentes, n'aura pas résolu le problème. Pour une raison simple, il n'y a pas de volonté de remise à plat d'un système d'un autre temps inadapté à celui de demain. ET ça durera tant que ça tiendra, à bout de bras. 


Parce qu'il n'y a pas de vision à long terme, parce que la mouvance du monde est trop agitée pour voir son avenir, la gouvernance des démocraties est complexe actuellement. Une bonne dictature est plus facile à comprendre, certains en rêve sans savoir qu'ils risquent gros, aveuglés par la simplicité des messages de propagande, excités par de belles images propres, lisses et irréelles. Mais trop de  représentants du peuple qui font bien leur travail sont éclipsés par d'illustres élus plus enclins à se faire voir, à se promouvoir, à satisfaire leur égo, aux comportements bestiaux, aux discours agressifs, aux volontés de disperser plutôt que de rassembler, de construire ensemble. Ce n'est pas dans les habitudes du pays, mais le consensus reste encore la meilleure voie pour garantir la démocratie, l'action citoyenne. Là aussi, il y a besoin d'une remise à plat, mais ça durera tant que ça tiendra. 


Je ne vie pas en "Utopie" ni en "Théorie" comme trop de ceux qui sont aux manettes, j'espère avoir le regard lucide sur le monde qui nous entoure. Je n'ai pas les yeux rivés dans le rétroviseur parce que les vérités d'hier ne seront pas celles de demain. Les solutions pour aborder l'avenir faites avec de vielles recettes comme nous servent nos élites ne peuvent pas marcher, les ingrédients ont changé, les méthodes, les techniques ont évolué : les mentalités doivent suivre, progresser, trouver les bons modes d'emploi, inventer, innover : c'est comme cela que l'humanité s'est construite. 
Tandis que la guerre en Ukraine n'en finit pas de montrer nos faiblesses qui confirment que la France n'est plus une grande puissance, il faut se dire qu'on est bien chez nous, l'avenir y est peut-être plus serein qu'en beaucoup d'autres endroits du monde. 

 

Lundi 27 février 


Alors que le Général Hiver refait une offensive glaciale en cette fin de mois, quelques dizaines de personnes étaient mobilisées à l'école maternelle de Crocq pour défendre le maintien des deux postes d'enseignants dont le directeur académique voudrait n'en garder qu'un à la rentrée prochaine.  Les élus et les parents d'élèves ont des arguments à faire valoir, de très bons arguments même, qui prennent en considération la qualité de l'enseignement, la prise en compte de l'enfant, la proximité du service, la volonté de garder les services publics sur un territoire en voie d'abandon par l’État. Car c'est bien là que se situe le problème : l'administration gère ses services en fonction du rendement, de la réduction des coûts en premier lieu, au nom de la réduction des déficits puisqu'il ne faut pas augmenter les prélèvements directs, ne pas pénaliser l'activité économique en laissant les mains libres aux investisseurs plus avides de profits que d'intérêts généraux.  Les gouvernants de la troisième république avaient lancé des régiments de hussards de l’Éducation nationale pour qu'il n'y ait pas  de coin reculé du pays sans instituteur, pour que la parole de la République soit portée plus forte que celle de l’Église, pour que les petits français soient des citoyens patriotes au profit de la Nation. C'est avec cet effort sans précédent que l'unité du pays s'est faite, cette unité revendiquée aujourd'hui par des nationalistes qui posent des limites à l'intégration républicaine, selon ses origines, sa religion, sa fortune, loin de l'idéal républicain d'il y a plus de cent ans. L'administration de l'époque était au service des citoyens, les fonctionnaires étaient des personnes engagées pour servir l’État, qui travaillaient en faisant honneur pour que le pays fonctionne efficacement.

 

De nos jours, après 40 ans d'influence libérale, le mode de gouvernance est celui induit par les entreprises financières, celles qui prêtent aux États sans prendre de risque puisque les pertes sont garanties par les contribuables unis contre leur gré pour être soumis aux règles élémentaires du libéralisme décomplexé. Et ces dernières sont tellement bien organisées qu'il est presqu'impossible de s'en défaire. Derrière le presque se cache la nécessaire union citoyenne qui ne peut arriver qu'avec une misère profonde et la famine, l'homme moderne étant individualiste par éducation et influence bien orchestrées. 


Ceci peut expliquer que la mobilisation crocquante du jour n'est pas à la hauteur des enjeux : tout un bassin de vie aurait dû être présent à Crocq ce matin, et pas seulement quelques parents et quelques élus. Comment peut-on faire fléchir la puissance étatique en étant si peu ?  Cette façon de manifester le mécontentement local est tellement classique que son influence est limitée, elle est actée dans les décisions déjà prises, et les marges de manœuvre du directeur académique sont incluses pour modifier le plan de manière à faire le moins de vagues possible. On a vu et revu ces manifestations : l'année dernière à Condat par exemple, il y a quelques années pour défendre le collège public de Giat. Dernières salves d'honneur d'un combat perdu d'avance. 


Parce qu'il y a bien longtemps que les habitants du monde rural sont résignés à leur disparition, avec des élus locaux qui font ce qu'ils peuvent, c'est-à-dire pas grand chose, par manque de soutien des populations souvent, par volonté de ne pas fâcher les représentants de l’État, par souci de capter des subventions nécessaires à des investissements locaux compris dans des programmes nationaux, une forme d'instrumentalisation de l'aménagement du territoire conforme au développement économique lié au libéralisme. C'est-à-dire de grosses entreprises dans des grandes villes, parce que plus c'est gigantesque, plus ça rapporte. Sauf que le colosse est aux pieds d'argile, et le jour où ça va s'effondrer, ça ressemblera plus à la région turco-syrienne détruite par les tremblements de terre il y a quelques jours qu'à une simple remise à niveau. 


Depuis plus de cent ans, les gouvernements successifs se sont penchés sur l'avenir du monde rural, de la désertification des campagnes, un terme apparu dans les années 1920. Je ne voudrais pas paraître ronchon, mais au regard des résultats, pires année après année, il est difficile de faire confiance à ceux qui sont sensés nous représenter et qui avalent couleuvre après couleuvre pour se satisfaire de leur place sans que les choses ne s'améliorent, avec l'accord d'une majorité de citoyens qu'il ne faut pas bousculer dans leurs mentalités, trop timorés pour envisager un avenir dérangeant. 


Parce que la vie est bien tranquille ici. On est bien chez nous, mais le désert avance.

 

Mercredi 22 février


Il y a un an exactement, le monde croyait encore que l'impensable ne se produirait pas : les manœuvres de l'armée russe devait en rester là car il ne pouvait pas en être autrement. L'attaque de l'Ukraine ne pouvait s'envisager au regard de nos certitudes européennes de paix durable sur le vieux continent. Pourtant, tout était annoncé depuis plus de 10 ans : Vladimir Poutine fait ce qu'il dit, nous ne voulions pas le croire, il l'a fait. Déjà, en 2014, l'invasion et l'annexion  de la Crimée auraient du faire prendre conscience de la suite des choses. Mais les dirigeants européens et américains du moment ont laissé faire. L'Ukraine n'était pas une priorité, il fallait préserver l'approvisionnement en gaz et pétrole russe si nécessaire à l'économie libérale mondialisée au plus haut de son développement.  En fermant les yeux sur les exactions russes en Tchétchénie, en Syrie, en Géorgie précédemment, l'occident a donné carte blanche à Poutine pour assumer son rêve de recréer l'URSS, ou l'empire tsariste, il verrait  bien la synthèse des deux pour légitimer son pouvoir dictatorial. 


Les faits sont ainsi. L'agression russe en Ukraine n'a pas été la promenade de santé espéré par le maître du Kremlin. La résistance ukrainienne, emmenée par un président devenu le chef de guerre de son pays là où personne ne l'aurait imaginé quand il était acteur , est impressionnante. Elle nous fait réfléchir à nos attitudes arrogantes de personnes loin des risques qui n'arriveraient pas au dixième de ce que les habitants de ce pays font pour ne pas sombrer,  pour garder l'espoir, se battre, combattre, survivre. Pendant que nos sociétés continuent de rêvasser à vouloir garder un niveau de vie au-dessus de leurs moyens, les ukrainiens sont en première ligne pour qu'on ne croule pas, qu'on ne s'écroule pas, devant la menace du totalitarisme et nous sauver notre liberté. 
Il  y a dans nos populations des grands penseurs qui sont prêts à signer la paix à n'importe quel prix tant qu'ils croient que ça ne les concernent pas.  La capitulation ukrainienne ne sera pas le prix d'une paix durable et morale, la volonté de Vladimir Poutine n'a que faire de celle des autres pays d'Europe, il veut dicter sa loi du plus fort. Point barre. Pour l'avenir, pour garder  nos petites libertés, il faut des efforts, peut-être des sacrifices mais ce sera toujours peu à côté de ceux qui sont agressés, qui paient de leur vie leur désir d'avoir le choix de leur futur. 


Notre avenir se joue loin d'ici. La mondialisation libérale, dont ont été biberonnés nos dirigeants, montre ses limites au travers des échecs sociaux et environnementaux qui font échos aux fortunes immenses encaissées par quelques-uns seulement. Les mentalités évoluent doucement dans les hautes sphères alors que les crises se suivent et augmentent les tensions populaires. Regardons la pseudo réforme des retraites voulue par le Président de la République avec l'annonce affichée de sauver le régime par répartition dans un esprit d'équité et de justice : il n'y a derrière cela qu'une lecture comptable du dossier et ceux qui ont rédigé le texte de loi n'ont foi que dans le logiciel de leur formation libérale et financière. Le texte est tellement complexe que les ministres eux-mêmes ne l'avaient visiblement pas lu, se référant aux fiches de résumé fournies par les rédacteurs  pour l'expliquer. Il aura fallu que des experts en économie décryptent les articles ligne par ligne pour trouver de grossiers travers comme des durées de travail encore plus longues pour ceux qui  ont commencer de travailler tôt et péniblement, des injustices sur les carrières des femmes, et d'autres encore. On dit que lorsque c'est flou, il y a un loup : nous sommes en présence d'une meute avec ce texte qui ne résoudra rien puisque le système économique n'est plus compatible avec une institution d'un autre âge. Et qu'il a plus besoin de réformer que les retraites, au plus profond. 


La troisième guerre mondiale n'a jamais été aussi proche depuis soixante ans, elle serait peut-être la solution pour remettre à plat la marche du monde pour assurer la survie de l'humanité. Je me rappelle des anciens qui disaient  "une bonne guerre et ça ira mieux après". Le problème c'est pendant, il faut franchir le cap avec pertes et fracas, et ce seront toujours les mêmes qui s'en sortiront le mieux. 


Dans mes balades, je me dis qu'il faut apprécier ce temps de liberté dans notre pays de Giat où la vie s'écoule paisiblement : profitons du jour qui passe. On est bien chez nous. 

 

Jeudi 9 février 


Trois semaines après le précédent éditorial, un temps long pour certains visiteurs assidus qui s'inquiètent des performances de l'auteur, voici revenu le temps d'écrire une nouvelle page. De prendre le temps d'écrire une nouvelle page, car c'est bien là le souci : un peu plus d'activités de presse, un peu de fatigue suite aux soucis de santé précédents et récents, un peu moins d'intérêt à suivre l'actualité. Le laisser-aller en deux mots, une baisse de pression, et tout ce que vous voudrez. Mais tout vient à qui sait attendre. 


De toute façon, il y
a eu une période hivernale qui freinait pas mal  la vie quotidienne. On restait au chaud, à la maison. Pour autant, je ne m'affalais pas sur le canapé devant la télévision où les choses intéressantes, enrichissantes intellectuellement, divertissantes ou informatives de niveau, ne sont pas généralisées sur l'ensemble des chaînes disponibles. La médiocrité, l'abrutissement, l'abêtissement des foules, avec des émissions absurdes, aussi ridicules que leurs animateurs, invités ou spectateurs, le matraquage des informations négatives, morbides, les clashs, la violence, sont mis en avant alors qu'il serait bien de baisser les tensions pour donner de l'air. Mais on le voit bien, la contagion s'étend jusqu'aux bancs de l'assemblée nationale où le débat sur la réforme des retraites se gère comme une cour de récréation peuplée de garnements prêts à tout pour casser, pour se faire remarquer. Des comportements inacceptables par ceux qui doivent donner l'exemple. Le niveau de la classe dirigeante du pays est au ras des pâquerettes, on le veut bien car nous avons le bulletin de vote à notre disposition pour changer les représentants qui ne sont que le reflet de la société. Avant de critiquer, il est bien de regarder autour de soi, et se regarder bien sûr, pour comprendre. 


Tant que certains de nos parlementaires et nos gouvernants cherchent à faire des économies sur le dos des pauvres, les plus riches se gavent encore un peu plus : les bénéfices de Total annoncés hier sont exorbitants, la crise n'est pas pour tout le monde. Le ruissellement tant vanté par notre président n'atteint toujours pas  la base et reste capté dans les hautes sphères. Bien sûr, si on se réfère aux arguments populistes, les assistés sociaux et les migrants sont la raison des problèmes , et c'est bien repris par ceux qui se sentent déclassés mais qui travaillent dur. C'est tellement plus simple. Par contre on oublie de dire que l’État soutient les entreprises à hauteur de plus de 250 milliards d'euros, soit à quelque chose près, le montant des dividendes versés aux actionnaires en France.  On entend de plus en plus cette petite phrase qu'il faut repenser le partage des richesses, des valeurs. Mais on ne change rien pour le moment, tant que ça ne casse pas, pourquoi se priver. Au risque de me répéter, on arrive dans le mur, qui n'a jamais été aussi près, ça va faire mal, mais on va se fracasser. Le plus tôt sera le mieux, puisque les puissants ne sont pas capables de prendre les bonnes décisions. Ils tomberont aussi. L'humanité se reconstruira avec ce qui restera, et soyons certains, les leçons ne seront pas tirées, les défauts réapparaîtront plus tard. 


C'est la vie, ma pov' Lucette ! comme dit un certain slogan. Qui vivra verra. Pour le moment, on est toujours bien chez nous. En plus, il fait beau. Les tremblements de terre en Turquie et Syrie, la poursuite de la guerre en Ukraine, les massacres ici et là en Afrique, le froid extrême en Amérique du Nord, les incendies au Chili sont loin de nous mais on ne peut les ignorer, car cela a des conséquences  sur la planète entière. Au pays de Giat, il y a comme un air de paradis, alors pourquoi toujours râler pour dire que rien ne va, parce que ça ne va pas si mal si on regarde ailleurs. 

 

Mercredi 18 janvier


Je n'ai pas passé au travers de la maille des filets : un méchant virus a réussi l'attaque de mon corps et depuis quelques jours je lutte contre l'intrus qui s'accroche et qui m'épuise. Néanmoins, l'esprit reste vif entre deux poses contraintes par la fièvre.  De plus, la fin de semaine a été riche d'actualités à couvrir, je rends compte bien que je n'ai pu aller à tous ces rendez-vous importants de début d'année, faisant confiance aux responsables pour qu'ils me communiquent leur rapport.

 

Il a neigé depuis lundi, la campagne est blanche, c'est l'hiver. C'est la une des médias pour un non évènement qui est normal pour la saison, bien que devenu moins évident en ces temps de dérèglement climatique. Et comme je n'ai pas le choix, je reste au chaud. Je pense à ces pauvres ukrainiens privés de toit, de chaleur, d'eau et d'électricité, risquant leur vie sous les missiles russes qui pilonnent les villes sans autre but que de terroriser, détruire, tuer pour une victoire à tout prix. En parallèle, je pense aussi à tout ces gens fortunés bien planqués dans leurs vastes demeures dont le sommeil n'est pas troublé des malheurs dont leur fortune est la cause. 


Au forum de Davos, ils osent demander à être plus taxer  pour se racheter une conscience, ceux-là même qui manipulent les gouvernants pour avoir toujours plus de droits à produire, à vendre, à spéculer pour dégager le maximum de bénéfices, de rentabilité. Ils ont la possibilité d'augmenter les salaires, de baisser leurs marges s'ils ne veulent pas être aussi riche : qu'ils commencent par là ! qu'ils relocalisent leurs industries plutôt que d'aller chercher les mains d'œuvre les moins chères, qu'ils aient le patriotisme fiscal plutôt que l'optimisation, qu'ils deviennent humanistes avant d'être des maîtres de guerre par dictateurs interposés. Ils ont le droit d'être riche, ils ont le devoir de ne pas aggraver la misère. Ils ont les moyens, qu'ils les utilisent à bon escient. 


Ce 19 janvier, mouvement social de masse en France contre la nouvelle réforme des retraites. Voulue par le Président par pur dogmatisme libéral car une majorité de spécialistes et d'économistes reconnus reconnaissent qu'elle n'est pas la bonne au mauvais moment. Les trois quarts des français sont contre. Mais rien n'y fera : par calcul politique risqué, une majorité de députés votera cette réforme qui ne changera rien aux déficits des comptes, qui réduira le nombre de retraités avant l'heure, qui ramènera la durée de vie maximale que le monde nous envie à celui du siècle dernier. Mais ça fera plaisir à ces millionnaires qui veulent être taxés.  Cette réforme "de justice" cache si mal son objectif de politique libérale que même les membres du gouvernement ne trouvent pas les bons arguments contre les démonstrations explicites des chausse-trappes inclues dans la réforme.


De toute façon, la réforme passera parce que c'est dans l'air du temps mais  son application sera une autre affaire tant l'évolution du système économique est incertaine. Nos gouvernants d'ici et d'ailleurs manquent cruellement d'imagination pour essayer de trouver un autre système économique avant que celui en vigueur ne se casse la figure. Tant qu'il y a un os à ronger, les profiteurs ne sont pas prêts à le souhaiter.  Mais après, que se passera-t-il ? Les nouvelles générations laisseront-elles faire comme maintenant, conscientes qu'on est au bout du bout, et qu'il en va de leur survie ? 


Je vous laisse méditer  parce qu'il me faut faire une pause. 

 

Lundi 2 janvier


Alors que je viens de remonter la vieille horloge de la maison,  quasiment plus âgée d'un siècle que l'auteur de ces lignes, je prends conscience du temps qui passe et la douceur de la météo me renvoie au temps de mon enfance, quand on sortait bien emmitouflé, bonnet et écharpe de rigueur, pour affronter un froid habituel à cette saison. Le monde change, il a toujours changé, mais les changements naturels sont rapides, conséquents de l'action de l'homme qui s'est considéré maître des choses, croyant fermement en sa supériorité qui n'est au final qu'un orgueil démesuré mettant en péril son avenir, et même sa survie. 


Dans les vœux reçus en ce début d'année, il m'est souhaité des billets d'humeur optimistes. Je ne demande que ça et je veux bien écrire que les choses vont bien ou que ça va s'arranger. Je le dis bien régulièrement, et ça s'arrangera, c'est sûr. Et puis tout ne va pas si mal, c'est une question de point de vue. On est bien chez nous, il faut le croire et le faire savoir. Bien sûr, mieux que bien, ça n'existe pas et il faut se contenter de ce que l'on a, de ce qu'on peut essayer d'avoir, mais on ne décroche pas la lune aussi facilement que ça. Il est vrai que l'époque n'est pas à l'euphorie, parce qu'on le veut bien aussi. Je ne le répèterai jamais assez, nous avons le pouvoir pour améliorer ce qui peut l'être, collectivement. Tout seul, on est rien et les gens de pouvoir le savent bien, manipulant et orientant les esprits pour qu'ils n'arrivent pas à se conglomérer contre eux. Nous sommes influençables et trop d'entre nous sont trop perméables aux idées simples et néfastes, qui ne sont que la surface visible d'un iceberg de soumission, d'oppression, d'embrigadement aux sources des dictatures. Nous sommes pourtant équipés d'un cerveau aux capacités de réflexion incroyables, peut-être qu'il faudrait s'en servir plus plutôt que de le laisser, telle une éponge, absorber les eaux sales d'un monde pourri. 


La modernité a de bons côtés, elle facilite la vie quotidienne, augmente l'espérance de vie, relie instantanément les gens de tous les coins de la planète. Mais elle a son côté obscur, la fragilité des systèmes dont on ne se rend pas compte et qui offrent en pâture nos données, nos vies dans ce qu'elles ont de plus personnelles, de plus intimes. Et trop d'entre nous sont complices de ces pillages, laissant les portes ouvertes aux voleurs d'âme. 


Je vais être optimiste aujourd'hui, il y a de belles rencontres à faire, de beaux endroits à découvrir, sans aller aux antipodes. Soyons fiers de notre pays de Giat, soyons bien dans notre campagne, bousculons-nous un peu pour sortir de nos individualités pour avancer ensemble. Allons au-devant des nouveaux habitants pour les intégrer et leur donner les clés du bien vivre ici, plutôt que d'attendre leurs critiques, leurs rejets de ce qu'ils croient ne pas être bien sans connaître le fond des choses, l'histoire du territoire et des hommes qui l'habitent. Arrêtons de faire vivre la mondialisation commerciale pour que le tissu économique résiste aux fermetures faute de repreneurs, participons aux évènements et animations du territoire pour que la vie se voit, pour qu'on ne dise plus qu'il ne se passe rien  parce que si on veut, on ne s'ennuie pas au pays de Giat, mais il faut détourner un peu le regard des sirènes et des paillettes urbaines qui marchandent votre plaisir. 


Alors, l'année sera belle, même si elle sera difficile car on ne maîtrise pas tout, mais de rien on peut faire beaucoup, et les petits plaisirs additionnés donnent le sentiment du vrai bonheur partagé avec les autres. Profitons de ce qui est bien, le reste peut s'oublier

 

 

 

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Haut du formulaire

Bas du formulaire

Haut du formulaire

Bas du formulaire

 Édition du 18 mars 

Transports régionaux

Ligne 259

Felletin - Clermont-Fd

TER17

 

Ligne R12

Ussel - Montluçon

TER12

 

Ligne 53

Giat-Clermont-Fd

Transdôme53

 

Ligne 46

Ussel - Clermont-Fd

AURAbus 46

07/03/2024    

La chaîne du Sancy vue depuis Herment 

Stat

la fréquentation moyenne actuelle s'établit à  

325 visites

par jour

 

Depuis la création du site,

 le 6 novembre 2009,

 

au 17 mars 2024

on comptabilise 

 

1215441 visites 

Merci de votre confiance.

 

 

La 1.000.000ème visite du site a eu lieu le

lundi 11 juillet 2022

vers 16 heures 

Record journalier des visites : 853

03/08/2020

-->la deux millionième le 28 avril 2030

(recherche successeur)

 

 

 

Plus d'infos, plus de précisions dans le quotidien régional La Montagne. Chez les dépositaires ou sur http://www.lamontagne.fr