EDITORIAL
Mardi 28 novembre
Hier lundi, M6 diffusait une émission évoquant 100 ans d'agriculture en France, autour de témoignages de familles d'agriculteurs aux profils variés. J'ai regardé et je me suis un peu retrouvé dans cette histoire qui m'a rappelé l'évolution de ma propre famille, issue de petits paysans dont l'héritage n'a pas eu la suite logique d'une relève pour assurer la continuité d'un métier fondamental pour l'humanité.
Mes aïeux ont travaillé la terre d'ici, dur labeur qui cependant suffisait à nourrir trois générations présentes dans la même maison il y a un siècle. Depuis 1992, l'exploitation familiale n'est plus : l'espoir de reprise qui reposait sur ma tête est resté vain pour ceux qui, au nom de la tradition, auraient aimé me voir à la tête d'une ferme. Mais jamais je n'y ai réellement songé, de mon plus jeune temps. Je n'ai pas été attiré par l'élevage, je ne suis pas sûr que mes parents aient choisi de le faire mais qu'ils ont fait ce qui devait être fait à l'époque. Ils ont vécu le modernisme qui a conduit aux dérives dont les conséquences apparaissent depuis quelques temps : les problèmes de santé, la pression des normes et la rentabilité inatteignable entre des coûts de production toujours plus élevés face à des prix de vente qui n'augmentent pas suffisamment, quand ils ne baissent pas. La mondialisation a favorisé le consommateur pour qui la part du budget de l'alimentation dans les dépenses des ménages a fondu au cours des cinquante dernières années, laissant croire que cette part essentielle devait être logiquement faible face aux dépenses de communications et de loisir, la part du logement restant la plus forte. La société a réussi a faire croire que l'alimentation se produisait à bas coût, grâce à un système de commercialisation et de distribution qui gagne à tous les coups.
Les images des maisons cossues, des intérieurs spacieux des logements des participants à cette émission auront pu faire penser aux citadins logés dans des petits appartements des métropoles que les paysans n'étaient peut-être pas aussi malheureux que ça. Il faut rappeler qu'avec le prix de leur appartement, ou du prix du loyer, dans certaines villes, les urbains pourraient s'offrir d'aussi belles maisons en milieu rural. Il faut aussi remarquer que les conjoints, quand il y en avait, travaillaient parfois en extérieur, permettant à l'agriculteur de travailler beaucoup pour un revenu de misère, les investissements nécessaires aux exploitations sont gigantesques : l'éleveur de la Nièvre en montrait l'exemple lié au problème du nombre de suicides dans la profession.
Agriculteur un jour, agriculteur toujours n'est plus une vérité. Pourtant l'agriculture est un secteur d'avenir qui va devoir faire une nouvelle révolution pour sauver son outil de production, la terre, des risques climatiques, environnementaux pour nourrir des populations qui doivent prendre conscience que l'alimentation a un coût à prendre en compte pour se recentrer sur l'essentiel plutôt que privilégier l'inutile devenu indispensable par soumission aux dérives consuméristes des grandes sociétés jamais assez rassasiées de profits pour leurs plus gros actionnaires qui se gavent comme jamais.
Alors que la COP 28 s'ouvre à Dubaï en même temps que la planète subit les assauts des dérèglements engendrés par l'activité humaine du siècle passé, dont les agriculteurs ont payé et paient le prix fort, notamment par la disparition d'un grand nombre de fermes, qu'en est-il du soutien de ceux qui ont le pouvoir pour enrayer la chute ? leur manque de courage entraîne une fuite en avant mortelle et crée des brèches où s'engouffrent les extrémistes de tout poil, plus assoiffés de domination que de partage.
Au pays de Giat, il reste encore des éleveurs qui font bien leur travail, ils veulent de la reconnaissance et moins de tracas administratifs, parce qu'ils sont des paysans d'abord, ils ne veulent plus être une variable d'ajustement dans la marge bénéficiaire de ceux qui profitent réellement du commerce alimentaire, ils ne veulent plus être les seuls à faire les efforts au point d'en mourir misérablement parfois, ils comptent sur les consommateurs pour les aider car d'un côté de la chaîne comme de l'autre, on a l'impression qu'il y a des pigeons qui se laissent trop facilement plumés, ou des moutons dociles pour se faire tondre.
J'écoute souvent dire que "les paysans ne sont pas si malheureux que ça", je répondrai qu'il ne faut pas généraliser car s'ils étaient si bien dans leur métier, comment expliquer qu'il y en ait de moins en moins, comment croire qu'il y en ait qui arrêtent le métier. Souvent, ils souffrent en silence, faute de vie sociale forte, de manque d'écoute, de repli sur soi. Bien sûr, il y a des paysans heureux, qui s'en sortent, et heureusement, mais ils exercent un métier plein de fragilités, et ils ont bien du courage pour le faire.
Samedi 18 novembre
Enfin ! je peux prendre le temps d'un nouvel édito. Un mois a passé depuis le précédent sans mettre en ligne mes réflexions, mes attendus sur ce monde qui avance d'une drôle de manière. Comment décliner tout cela depuis la plus grande échelle universelle jusqu'au détail de notre vie quotidienne au pays de Giat ? Ce n'est pas une mince affaire.
Si une mallette à outils s'est perdue dans l'espace, échappée des mains d'un astronaute de la station spatiale, n'aura aucun effet sur l'évolution de la terre, les recherches sur la procréation en apesanteur progressent "pour être prêt à aller habiter sur Mars" disent les spécialistes. Pendant ce temps, l'humanité, au travers de ses élites, continue d'abîmer la planète, par goût du profit et du pouvoir, exclusivement. La France est plutôt bon élève dans sa volonté de bien faire pour protéger l'environnement, même si c'est loin de ce qu'il faudrait faire, mais faut-il encore s'en donner les moyens. Mais l'action dans ce pays ne pèse pas lourd dans la solution mondiale du problème, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas le faire : on est bien chez nous et ce n'est pas en nous abaissant aux modèles étrangers polluants, dangereux, totalitaires qu'on améliorerait une situation pas si mauvaise que ça. Arrêtons de nous plaindre sans cesse de nos problèmes de pays riche et regardons ce qui va bien. C'est à dire ne pas rester coller aux réseaux sociaux ou aux chaînes d'info en continu.
Les évènements climatiques de ces dernières semaines n'ont pas été traumatiques dans notre campagne, il n'y a pas eu de tensions liées au conflit israélo-palestinien, les cérémonies du 11 novembre, plutôt bien suivies, ont rappelé le nécessaire devoir de mémoire pour vivre en paix.... Cette paix est si fragile, ce dont beaucoup trop de monde ne se rend pas compte, préférant s'agacer sur des détails, sur des petits problèmes de voisinage, sur des choses qui ne les concernent pas. Mettre de l'huile sur le feu semble être à la mode, valoriser le dialogue, les rencontres n'est pas tendance. Comment faire avancer la société dans le bon sens sans des leaders qui n'en ont pas la volonté, qui n'ont pas le sens du sacrifice pour l'intérêt général, pour le bien de tous, préférant cliver les uns contre les autres pour satisfaire des égos surdimensionnés qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs ambitions personnelles.
La saison des banquets débute ces jours-ci. Entre les repas des anciens, les sainte-barbe des pompiers, des soirées gourmandes associatives, et même le bal des Catherinettes, beaucoup de moments agréables seront partagés : voilà des actions qui rassemblent, des endroits où on se parle, où on fait des connaissances. Il faut parler de ce qui fait du bien, il faut participer à ces réunions, sortir de son confort isolant et s'immerger dans le monde des bons vivants.
Ces derniers jours, j'ai rencontré des étudiants toulousains assistant à une cérémonie du 11 novembre, ne tarissant pas d'éloges sur la sociabilité locale, là où l'individu n'est pas noyé dans la masse de la métropole, là où chacun à une personnalité. J'ai rencontré un commerçant briviste à la foire du 15 novembre qui s'extasiait d'une fréquentation extraordinaire à ses yeux, même quand je lui disais qu'elle n'était pas exceptionnelle cette année. J'ai rencontré un couple de creusois qui viennent de fêter leurs noces de platine : 70 ans de vie commune sans accrocs, une ode à la tolérance, une définition de la vie à deux respectueuse. J'ai fait connaissance de nouveaux habitants venus d'assez loin, enchantés de leur nouvelle vie dans un territoire préservé, calme et respirable. Ils ont envie de s'intégrer sans s'imposer, cela leur donne une chance d'avoir de bons rapports avec des voisins certes accueillants mais pas toujours prêts aux concessions.
On ne peut pas se plaindre de la désertification et ne pas accepter les nouveaux venus qui amènent de la diversité, des idées , de la richesse parfois, qui ouvrent des maisons restées trop longtemps fermées...
Tout n'est pas fini, et c'est tous ensemble qu'on écrira les prochains chapitres de la vie locale, car en restant chacun dans son coin, ce ne seront que des pages éparpillées qui ne feront pas le livre qu'on aimerait lire.
Mercredi 18 octobre
Le monde s'enfonce chaque jour un peu plus dans les ténèbres, et malgré tout l'optimisme qu'on voudrait dégager, on subit la violence de l'actualité qui nous percute jusque dans nos campagnes pourtant encore bien éloignées des lieux frappés. On se met à rêver d'un monde, comme jadis, quand l'information ne se vivait pas en direct, quand les histoires d'ailleurs n'arrivaient pas jusqu'à nous, quand l'Histoire ne s'apprenait que bien plus tard dans les écoles où les professeurs, autant hussards de la République fussent-ils, n'étaient pas en danger pour apporter un savoir qui libérait les jeunes consciences des obscurantismes, sources de soumissions, de privations de libertés, d'accomplissements personnels. "Le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas" aurait dit Malraux : les attaques, les guerres, les tensions de ces derniers jours semblent lui donner raison. Bien que les Dieux invoqués n'y soient pour quelque chose, bien indifférents à ce qui se passe en ce bas monde, laissant les humains s'étripaient en leur nom, pour des intérêts pourtant bien éloignés des préceptes originaux vantés dans les livres sacrés. Les religions monothéistes qui se font face en ce moment, contre leur gré, sont toutes issues de la même histoire, aux fondations situées sur ces terres en guerre aujourd'hui dont chacune revendique l'appropriation. On tue, on torture, on soumet au nom de Dieu, comme pour justifier de terribles choses sans avoir besoin d'argumenter avec de solides raisons. Grâce aux réseaux sociaux et aux opérateurs avides de gains qu'ils procurent et qu'ils laissent débridés, tout et son contraire sont dits, conditionnant des esprits peu formés, fragiles ou encore paresseux pour ne plus avoir de libre arbitre à vouloir comprendre les choses. Qu'a-t-on à gagner à suivre tel un ou tel autre, à s'imprégner d'idéologies qu'on ne comprend pas mais qui attirent par leur simplicité, leurs fausses promesses ? Le pire certainement, mais il est souvent trop tard quand on s'en aperçoit.
De grâce, soyons prudents dans nos paroles, tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir. Les bons ne sont pas tous ici, les mauvais ne sont pas tous là-bas. Les morts sont souvent innocents, les combattants défendent parfois de mauvaises causes cachées derrière de réels évènements, obéissant à des chefs qui n'ont d'autres visions que celle de leurs intérêts, de leurs égos démesurés. Seuls les gens de paix se battent pour les peuples, les gens de guerre ne s'intéressent pas aux humains, se battant pour la grandeur d'on ne sait quoi, pour des idéologies qui ne servent qu'à celle-ci, qui n'asservissent que pour celle-ci.
La liberté est une valeur fragile, qui demande des efforts pour l'obtenir, pour la conserver. Elle s'apprend, elle se renforce chaque jour par des actes, des réflexions, de la tolérance doublée de fermeté. La liberté d'expression n'est certainement pas un blanc seing à tout dire, à tout montrer. Elle a des limites à ne pas dépasser, cela s'appelle le respect, la bienveillance, bien éloignés de la propagande, du matraquage qui marque les esprits plus accrocs aux images fortes des écrans qu'aux lignes des textes qui les expliquent objectivement.
Forger l'esprit, apprendre et comprendre, élaborer une conscience ne s'improvisent pas : le rôle des enseignants est primordial, l'exemplarité des parents est essentielle, les comportements dans la société sont marquants. L'enfant devient adulte de la façon dont vit son entourage et il peut s'améliorer par les connaissances à découvrir dans les livres, les arts, la culture, les échanges avec d'autres personnes. Les rencontres peuvent changer la vie, en bien souvent, en mal parfois, cela dépend de ce qui a été écrit au-dessus pour affirmer son libre arbitre, sans influence. Vaste programme, mais un homme libre travaille à sa liberté chaque instant, chaque jour et ce n'est pas de tout repos.
Ayons une pensée pour ces professeurs sacrifiés, pour ces innocents de toutes confessions, de toutes origines, victimes de la folie de leurs dirigeants, de leurs croyances, de l'obscurantisme. Ayons conscience que nous vivons dans un pays riche de sa liberté, de sa laïcité qui sont combattus par des forces du mal aux pensées venues d'ailleurs ou des profondeurs des pages sombres de l'histoire. Soyons vigilants, ne fermons pas les yeux, osons affirmer nos modes de vie, notre liberté, refusons de ne pas voir les petites choses qui se passent à côté de chez nous sans rien dire : le silence est la première phase de la soumission.
Les tensions sont fortes, mais nous ne les vaincrons ensemble, au grand jour. Si on reste chacun chez soi en attendant que ça passe, ça ne passera pas, et on en souffrira encore plus.
En attendant, allons nous promener dans la campagne, loin de tout ça : il faut se garder des temps de pauses, pour se vider l'esprit, pour réfléchir aussi en pensant que le monde est beau quand on ne l'abîme pas.
Mercredi 11 octobre
L'été indien tire ses dernières cartouches, jamais il n'a fait aussi chaud au début octobre et nous profitons allègrement de ces belles journées ensoleillées et chaudes au point de ne pas avoir encore allumé le chauffage. Des économies appréciées en espérant qu'il n'y ait pas un contrecoup plus tard. Il pourrait bien arriver avec des problèmes d'eau, la sécheresse sévit même si ça ne se vois pas trop en surface, mais les nappes phréatiques baissent dangereusement un peu partout. On aura aimé le beau temps, il faudrait supporter une saison des pluies pour ramener de l'équilibre. Outre ces constats climatiques, on ne se plaindra pas plus que ça et on aurait bien tort malgré de relatives difficultés pécuniaires qui peuvent toucher les gens ici et là.
Parce que chez nous, et j'y pensais avant de m'endormir, on écoute pas le bruit des bombes, des tirs, des cris de terreurs que vivent tant de civils dans le monde. L'attaque surprise du Hamas en Israël en fin de semaine dernière n'en est que le dernier exemple, la folie des hommes ne s'arrêtera pas au nom de Dieux, de convictions pseudo-historiques, de certitudes irréelles, d'intérêts puissants bien éloignés des réalités quotidiennes de ceux qui sont en première ligne. Déjà, on aurait tendance à oublier l'Ukraine, l'Arménie, les Ouïgours, les kurdes, et pas mal d'africains : tout ça nous semble si loin, et pourtant la planète est de plus en plus petite : les conséquences nous atteignent indirectement comme des répliques de séismes. Comme les virus, la contagion n'est pas impossible et nous n'y sommes pas préparés.
L'actualité horrible de ces derniers jours a chassé les punaises de lit qui ont occupé la une des médias pendant quelques jours, signe d'un temps qui montre la fragilité des sociétés modernes sûres de leurs progrès, confiantes dans leurs technologies mais qui sont impuissantes face à des petites bêtes. C'est toute la relativité de notre époque qui exaspère les grands de ce monde qui aimeraient tant maîtriser la nature et l'univers, pour satisfaire leurs égos surdimensionnés qui les rejoindront pourtant dans leurs tombes, là où cessera enfin leur pouvoir de nuisance.
Hier soir, j'ai regarde un excellent documentaire "nous les ouvriers" retraçant la condition ouvrière depuis la fin du 19ème siècle à nos jours, de l'exploitation de l'énergie humaine aux combats pour la dignité des travailleurs, du peu de considération permanente pour ces employés de la première ligne sans qui le monde ne tournerait pas au profit de quelques-uns seulement. L'utopie de l'union des travailleurs pour un monde meilleur y était bien montrée, parce que là, comme ailleurs, l'homme reste d'abord proche de lui-même, incapable de former une force collective qui pourrait changer l'humanité : l'intelligence est rarement partagé, rassemblée. Toujours, les espoirs communs s'effacent devant le pouvoir d'un individu, charismatique certainement, égoïste sûrement, pour le bien comme pour le mal, aimantant les foules pour le suivre parfois jusqu'en enfer. L'asservissement commence subtilement et il est souvent trop tard pour s'en rendre compte, ou pour l'ignorer afin de rester en vie. Les bonnes causes ne produisent pas toujours les bons effets : les révolutions accouchent plus du pire que du meilleur, le pouvoir est une drogue dangereuse pour ceux qui le subissent. Il faut être vigilant, ne pas succomber aux sirènes des solutions faciles, aux charmes de l'autorité flatteuse, portés massivement sur les écrans par des belles images, des slogans avantageux, des propagandes assommantes. Être libre est un travail de chaque instant, qui demande de l'attention, de la réflexion, et une forme de courage aussi.
L'histoire est un éternel recommencement dont on ne retient pas les leçons, et cela durera tant qu'il y aura des hommes. Une balade sous le soleil, en attendant une poussée de champignons qui tarde, sera un bon moment à passer, se vider la tête des pressions du monde, ressentir son corps dans la nature en ayant les pieds sur terre, lui dire merci pour le bien qu'elle nous fait, lui présenter des excuses pour ceux qui l'abîment. Il en faut peu pour être heureux : une bonne santé, un toit, un repas chaud, un bon livre...Le reste n'est que du superflu...ou presque !
Jeudi 21 septembre
A la veille de l'automne, il est temps de se remettre à niveau des réflexions après plus d'un mois écoulé depuis l'écriture du précédent éditorial. Certains lecteurs s'impatientent de me lire et me flattent pour que je me remette à l'écriture. L'époque a été un peu dense et la motivation n'était pas au plus haut tant rien ne change en ce bas monde qui n'est pas au mieux de sa forme .
Dans notre petit coin entre Auvergne et Limousin, l'été a été beau. Nous avons échappé aux catastrophes météorologiques, la campagne est encore verte en cette fin septembre. Alors qu'à d'autres endroits du pays et de la planète, incendies de forêts, inondations, tornades, tempêtes , tremblements de terre causent des dégâts incommensurables, souvent dans des pays moins riches, parfois très pauvres. Les derniers évènements au Maroc ou en Lybie s'ajoutent aux malheurs de l'Afrique, sans que nos sociétés occidentales soient plus émues que ça, offrant une aide d'urgence, un soutien temporaire pour passer le cap. Mais avant ou après, la prédation des ressources de ces pays va continuer pour que nous puissions garder notre niveau de vie, fruit d'un progrès réalisé sur le dos des pays colonisés, pillés depuis le 15ème siècle au profit des puissants européens et américains, avec la complicité de parvenus qui ont préféré leur soif d'or au bien être de leurs compatriotes miséreux.
L'arrivée de milliers de réfugiés à Lampedusa au sud de l'Italie est la parfaite illustration des conséquences d'une histoire de soumission confrontée au dérèglement climatique. La tempête Daniel qui a sévit plusieurs jours en Méditerranée a empêché la traversée des boat-people depuis la Tunisie et la Lybie, mais les passeurs affairistes ne pouvaient pas perdre de temps. Une fois le calme revenu sur la mer, ils ont lancés tous les bateaux restés à quai plusieurs jours : c'est la raison principale de l'arrivée massive des réfugiés qui se serait étalée sur une plus longue période sans la tempête, et personne n'en aurait parlé. Alors, sur fond de conquête de pouvoirs dans nos démocraties, les responsables politiques, notamment d'extrême droite, ont fait feu de toute la démagogie possible pour crier à l'invasion, au grand remplacement, au pillage de nos campagnes (comme leurs ancêtres ont pillé les pays d'origine des réfugiés). L'Italie est en première ligne face au problème humanitaire causé par ces arrivées régulières depuis plus de 10 ans, qui ont connu une baisse sensible ces dernières années avant de remonter cette année. L'arrivée au pouvoir des partis anti-migration n'a pas changé la donne, et ils appellent cette Europe dont ils ne veulent pas qu'elle s'immisce dans les affaires nationales à les aider à se sortir du problème dont leurs amis français ou des pays de l'Est tiennent à ce qu'il reste à l'intérieur des frontières de chaque état. Le chacun pour soi qui en dit long pour les méthodes de gouvernement qu'ils préconisent. On peut penser qu'une fois en place, seuls leurs amis seront concernés par leur politique : il n'y a qu'à regarder en Russie, en Chine, en Turquie comme cela se passe. Il vaut mieux être d'accord avec le chef, et tant pis pour la liberté. La visite du pape François à Marseille rappellera aux bons chrétiens qu'il n'y a pas de sélection dans le niveau des valeurs et que l'humanité aura plus à gagner en étant solidaire plutôt qu'à choisir ceux qui doivent être sauvés.
Le faste de la visite royale de Charles III d'Angleterre en France, dont le dîner à Versailles, met en parallèle les inquiétudes de la plupart des citoyens face à l'inflation qui frappe le monde depuis près de deux ans. Le gouvernement palabre beaucoup pour limiter l'augmentation des prix en tentant de faire pression sur les producteurs et les distributeurs. L'effet est maigre, et la drôle d'idée de proposer de vendre à perte les carburants montre une certaine tension dans les ministères, autant qu'une réelle impuissance pour inverser la tendance. Après avoir annoncé la suppression du remboursement de certaines taxes sur le gasoil non routier (GNR) pour les professionnels en dehors du transport, comment peut-on demander à des commerçants de perdre de l'argent sur la vente du carburant ? et mettre en péril les pompistes indépendants ?
Un des problèmes de ce pays, et des autres aussi certainement, c'est que les décideurs sont restés dans un monde idyllique et virtuel qui ressemble à celui du milieu du siècle dernier quand tout était possible. Pourtant, ce sont ces mêmes personnes qui créent les réglementations, les normes pour corriger les erreurs de ces époques et qui pénalisent l'investissement, soit par l'augmentation des coûts, soit par la durée des études obligatoires et des temps d'instruction des dossiers, et autres, qui démobilisent les plus motivés. Il serait temps de comprendre qu'en 2023, on ne raisonne plus comme en 1963, ou 1983. Les temps changent, vite, très vite. Il faut aller de l'avant sans trop regarder dans le rétroviseur car ce ne sera plus comme avant, quoi qu'on fasse, quoi qu'on pense, quoi qu'on dise.
Cet été, les manifestations festives ont été particulièrement bien fréquentées et on ressentait du plaisir chez les participants comme on ne l'avait pas vu depuis 2020. Le moral a remonté, parce qu'on ne peut rester déprimé sur la longueur. L'appréciation des petits plaisirs et d'être avec du monde reste une base du bonheur. J'ai rencontré et passé un peu de temps avec la jeunesse d'aujourd'hui, celle qui sort de la période de confinement et de crise, celle qui travaille au pays : sa mentalité est belle à voir. Les jeunes ont soif de vie, plus que de matérialité contrairement à la génération de leurs parents. Ils savent, ils ont compris les défis à relever. Je crois qu'ils sont prêts malgré les difficultés, et ils ont bien compris que rien ne pouvait se faire seul. Certains d'entre eux se sont investis dans les associations pour animer le pays, et ils ont réussi à faire de belles choses pour toutes les générations. On peut avoir confiance en eux pour l'avenir, plus qu'en nos gouvernants hors sol pris en otage par les puissants de l'industrie, la finance, la technologie.
Je vous laisse méditer, car il me faut penser à l'hiver et scier un peu de bois pour réchauffer la maison quand la mauvaise saison sera là. Et j'ai d'autres écritures à faire aussi. Pas le temps de s'ennuyer !
jeudi 17 août
La dernière partie de la période des vacances estivales est arrivée, la durée du jour raccourcit, l'annonce de la fête de Giat sont des signes qui ne trompent pas. C'est un temps où les touristes sont les plus nombreux dans le pays, pour autant, on n'a pas l'impression qu'il y a beaucoup de vacanciers. Il y en a cependant : les diverses manifestations de ces dernières semaines ont une affluence remarquée et il y a des têtes nouvelles. J'ai ainsi fait quelques rencontres intéressantes, dont de nouveaux habitants en Creuse qui ont l'air de bonne compagnie. Foire, fête, concerts, randonnées , et moments gourmands, sont au programme encore quelques temps avant de reprendre un autre rythme, plus sage.
L'été n'est pas de tout repos dans l'actualité même si les médias sont en mode allégé. Le quotidien régional délaisse les pages locales au point de passer les annonces après la date programmée, de retarder des publications de plusieurs semaines, peut-être de ne pas les éditer : tout fout le camp, ma pov'dame. On ne pense qu'à soi même si ça contrarie les autres qui veulent bien être gentils, quitte à abuser en squattant de la place pour ne pas être déranger chez soi. Après on se plaindra des querelles de voisinage, pare que les contrariétés, ce n'est pas bon pour le moral et pour le sommeil. J'écris ça avant de partir faire une fête des voisins dans un beau village où la convibialité est exemplaire.
Si cela semble être calme au pays de Giat, le monde est de plus en plus cahotique. Les catastrophes dites naturelles sont en forte expansion, conséquences d'un dérèglement climatique annoncé que les puissants ont voulu ignorer, faute de courage pour prendre les bonnes décisions, à cause des (gros) intérêts à court terme, laissant la responsabilité de gérer le désastre débutant aux générations suivantes. Souvent, je dis qu'on est bien chez nous, parce que regarder les incendies de forêt au Canada, en Grèce qui sont inimaginables, les inondations, les coulées de boues, les tornades, la grosse grêle, qui sont incroyables, il faut être heureux de vivre là où on ne subit pas ces traumatismes insurmontables. A cela, peut s'ajouter les guerres, les conflits, dans lesquels des hommes avides de pouvoir n'hésitent pas à sacrifier leurs peuples, à trucider les autres. Enfin, il reste encore une belle et méga éruption volcanique pour compléter le décor de fin du monde dont le peintre de l'univers commence le chef-d'œuvre.
On va me dire que je suis pessimiste, que je ne suis pas gai en ce moment. Je passe du bon temps, j'en profite sans penser au lendemain, comme s'il fallait vivre pleinement le temps qui passe car il n'y a plus de certitudes. Il y a bien longtemps que j'ai fait mienne la devise "carpe diem", chaque jour suffisant à sa peine. Il va faire très chaud, je resterai à l'ombre et au plus frais possible, parce que ce qui ne sera pas fait aujourd'hui attendra demain : " aujourd'hui peut-être, ou alors demain.
Ce sacré soleil me donne la flemme, j'écrierai ... té : après-demain...".
Jeudi 27 juillet
Ces dernières semaines ont été plus intenses que les précédentes et mon emploi du temps un peu plus chargé à cause d’un regain de manifestations dont découlent une série de reportages pour rendre compte aux lecteurs intéressés par la vie du pays de Giat. Cette relative augmentation des activités n’est pas exceptionnelle, c’est juste un retour à la vie d’avant la crise sanitaire de 2020. Mais il faut se remettre dans le bain avec trois ans de plus au compteur : la réadaptation au rythme estival est plus lente que par le passé. Il y a dix ans, j’aurais pu prétendre à la retraite, mais en 2023, je dois cotiser encore plus de trente mois : les acquis sociaux du siècle dernier se réduisent un peu plus chaque année. Et il me faut rassurer les visiteurs sur ma capacité d'observation du monde, de ma compréhension des choses, de mon interprétation qui ne vaut que ce qu'on veut bien l'estimer.
Ce qui nous ramène à l’actualité nationale : la réforme des retraites est donc passée, actée et le gouvernement s’est sorti de cette mauvaise passe non sans mal grâce aux artifices constitutionnels. Dans les cent jours décrétés par le président pour définir une pause politique et atténuer les tensions avant de prendre la parole pour s'adresser aux français, il n'y aura pas eu de miracle. Certes, les actions de lutte ont cessé, et du côté du front social, la trêve est une réalité, renforcée par le temps des vacances. Mais ce n'est toujours pas une joie délirante qui parcours les territoires : les émeutes qui ont suivies les incidents de banlieue ont été virulentes, et le déploiement important des forces de l'ordre ont permis le retour à la paix dans les grandes villes, et garanti la célébration de la fête nationale sans incidents. Une réorganisation du gouvernement, avec des postes affectés à des technocrates en place de personnalités de la société civile, sans changement de première ministre, doit rendre la gestion du pays plus efficace selon le président qui veut de l'ordre et de l'autorité renforcer les missions de l’Éducation nationale, poursuivre plus fort et plus vite la transition énergétique, développer la relocalisation des industries. La parole présidentielle n'est plus écoutée si on en croit les retours, la parole politique de l'opposition non plus tant qu'il n'y aura pas de proposition et que de la contestation, le citoyen ne se reconnaîtra pas dans ceux sensés le représenter.
Alors, chacun a ses propres préoccupations, et les médias font la une avec les malheurs du monde ; la guerre en Ukraine n'a plus l'attention qu'il faudrait car elle est encore un facteur majeur de la géopolitioque mondiale qui nous concerne ; les effets de la sécheresse et de la canicule autour de la Méditerranée occupent les rédactions par l'intensité des incendies de forêts qui se propagent un peu partout, semant la destruction et la mort parfois; l'économie tangue sous l'effet d'une inflation pernicieuse qui réduit les pouvoirs d'achat des consommateurs sans pour autant diminuer les revenus des actionnaires du monde libéral. Cependant, le monde continue de tourner comme si de rien n'était, les dirigeants de la planète restant sourds et aveugles aux changements qui s'opèrent, bien assis sur leurs certitudes d'un autre temps.
Et bien, nous aussi, pour le moment, nous gardons nos habitudes parce qu'après tout, chez nous, on est bien et ça ne va pas si mal que ça.
Jeudi 29 juin
L'été débute sur les chapeaux de roue et les manifestations ont repris comme au bon vieux temps d'avant la crise sanitaire : cette fois, celle-ci est bien derrière nous et les temps de loisirs redeviennent des moments collectifs actifs où la convivialité, la bonne humeur, la gourmandise sont remis au premier plan. De plus, la météo n'est pas trop méchante : tout est bien en ce domaine au pays de Giat.
Même si, au regret de représentants d'associations, je ne met pas assez en valeur leur implication dans la vie locale dont ils attendent visiblement une meilleure reconnaissance, parce que "la promotion de nos villages semble indispensable si nous ne voulons pas mourir à petit feu et accueillir de nouveaux habitants et professionnels" comme on me l'a écrit. J'avoue être contrarié de ces ressentis, que je veux bien comprendre et c'est très bien qu'ils me soient rapportés, c'est un peu la manière de le dire qui me chiffonne. Cela me donne l'impression d'engagements, d'investissements dans les associations qui ne sont pas totalement désintéressés. Parce que je rend compte de l'actualité locale, je devrais peut-être mettre en avant plus certains que d'autres, être plus précis dans mes articles pour ne pas en oublier. Ce n'est pas volontaire s'il m'arrive de ne pas noter certaines actions dans une manifestation où il se passe pas mal de chose, où je n'ai pas tout suivi, où je ne me suis pas renseigné aux "bonnes personnes", préférant demander l'avis du public. J'écris pour parler du pays de Giat, de ce qui s'y passe, en étant le plus objectif possible. Je ne prend par parti des uns ou des autres, même quand je suis impliqué dans l'organisation. Ma neutralité est le gage de la confiance avec les lecteurs, ce qui satisfait visiblement le plus grand nombre et je les remercie. Mais on ne peut pas plaire à tout le monde, et c'est bien ainsi. Sans me mettre en avant pour le travail que je fourni bénévolement, je voulais le rappeler.
Cette petite saute d'humeur passée, revenons au style plus normal de l'édito, car certains fidèles visiteurs trouvent que je me laisse aller et que je ne produis pas assez ! Ils me taquinent car ils savent que je passe du temps sur le terrain et qu'il n'y en a pas assez pour tout faire parfois, et qu'il me faut bien du temps pour moi aussi.
Cette fin juin, la une de l'actualité est dédiée aux violences urbaines conséquentes à la réaction radicale d'un policier qui a tué un jeune refusant d'obtempérer à Nanterre. Dans notre société de droit, il s'avère que le gardien de la paix n'ait pas agi selon les règles : les banlieues se sont enflammées. Des groupes de jeunes, très jeunes parfois, ont déclenché des mouvements de guérilla, détruisant et incendiant les lieux de représentation de la République comme les services municipaux, mais aussi des supermarchés, des véhicules. Celui qui est mort n'avait que 17 ans, conduisait sans permis, était déjà connu des services de police et il est peut-être regrettable que M'Bappé évoque le départ d'un ange pour parler de la disparition d'un voyou qui serait resté en vie s'il avait respecté la loi et l'uniforme. Notre société soi disant avancée a bien reculé depuis quelques décennies, les gouvernants passent et la situation s'aggrave. A force de gérer les finances et uniquement penser que tout est affaire de budget, les pouvoirs publics ont oublié, et ça les arrange certainement, que tout est une affaire de personnes avant tout, d'autorité sur le terrain et non derrière des écrans, de personnels en action plutôt qu'en rédaction de rapports, de synthèses, d'analyses, de diagnostics qui finissent dans des tiroirs, de commissions ou de conventions Théodule dont les conclusions, solutions ne sont même pas lues. Il faudra bien remettre le citoyen au centre du jeu si ont veut garder la démocratie et ne pas laisser la bureaucratie et la technocratie prendre le dessus des choses comme c'est en train d'arriver. Les pseudo émeutes de ces nuits dernières révèlent un mal être d'une jeunesse abandonnée, laissée à la dérive, récupérée par des groupuscules servant les intérêts de quelques-uns qui rêvent de pouvoir fort, de soumission des peuples, de se gaver sur le dos du pays...Il n'y a pas de hasard dans ce qui se passe, cela revient sans cesse à chaque fois qu'il y a une bavure policière dans ces zones. Les responsabilités de ce genre de crise ne sont pas aussi visibles qu'on voudrait nous le montrer. Ce n'est pas uniquement la faute de la justice qui ne ferait pas assez bien son travail, de la police qui est limitée dans ses actions, des élus de terrains qui se démènent sans compter pour éviter que ça dégénère encore plus, des personnels enseignants peu expérimentés nommés dans les quartiers difficiles, des parents isolés et appauvris par une situation économique qui les enfonce chaque jour un peu plus. La faute est collective, sociétale en réponse à l'individualisation des comportements, de l'absence de solidarité, du manque de dialogue, de l'influence expansive des réseaux sociaux où règne la manipulation. La réponse au problème ne sera pas une énième loi sécuritaire, réduisant encore quelques libertés, mais bien une prise de conscience dans le pays qu'il faut vivre ensemble, éduquer les enfants et les jeunes sans en laisser au bord de la route, mobiliser les forces vives pour agir concrètement pour la collectivité, arrêter de diviser, de polémiquer , de mettre de l'huile sur le feu pour des questions électorales, de pouvoir.
C'est facile de dire y'a qu'à faut qu'on, c'est moins évident de se lever du fauteuil pour agir pour les autres, pour faire vivre le pays, pour ne pas mourir à petit (ou grand) feu...sans arrière-pensée pour soigner son ego.
Mercredi 14 juin
Il me faut prendre un peu de temps pour écrire une nouvelle chronique, je sens des attentes parmi mes lecteurs car il y a un petit moment que je délaisse cet exercice, trop occupé par ailleurs à être présent sur le terrain de l'actualité locale. Il est vrai aussi qu'on sent une certaine lassitude de la société face aux réalités quotidiennes qui n'en finissent pas d'être compliquées.
La réforme des retraites ne mobilise plus, la résignation est actée, il faudra travailler plus pour permettre aux retraités de ne pas gagner moins, la durée de vie, dont celle en bonne santé, risque d'en pâtir. Il ne serait pas surprenant que dans 20 ans la moyenne d'âge baisse, elle avait augmentée après les années 82, année du passage de l'âge de la retraite à 60 ans. Il y a bien une génération qui aura bénéficié à plein d'un progrès qui se retourne contre sa descendance qui doit et devra s'adapter aux conséquences de l'évolution des techniques de production polluantes durablement au point d'avoir casser le thermostat de la planète où les records de catastrophes naturelles sont battus jour après jour. Il est certain qu'on n'a pas toujours su, mais les alarmes sonnent depuis des décennies sans réaction tant que l'argent coule à flot. Le Titanic coule, l'orchestre joue.
La guerre en Ukraine ne fait plus beaucoup la une des médias malgré la contre-offensive lancée par les armées ukrainiennes contre celles de la Russie. La destruction volontaire d'un barrage a laissé échapper des millions de mètres cubes dans le lit de la rivière, inondant des villes entières, causant des dégâts immenses, avec un risque pour une centrale nucléaire de ne pouvoir refroidir les réacteurs à terme. Rien n'arrête la folie des hommes pour faire le mal.
Mais dans notre beau pays, les forces politiques sont à la manœuvre pour batailler sur le sujet de l'immigration, source de tous les maux selon les plus radicaux de droite, confortés par les agressions morbides causées par des individus étrangers rejetés. L'histoire nous rappelle pourtant les horreurs commises au nom de la pureté de la race, de la supériorité des sociétés occidentales, des religions : il y a toujours une prétendue bonne raison pour que des hommes éliminent d'autres hommes. Il ne faut pas oublier que l'homme est avant tout un émigré depuis la nuit des temps. Nous descendons tous de personnes étrangères, tant d'invasions de l'hexagone ont modelé notre population. Je rappellerais que les frontières étaient perméables complètement jusqu'au 19ème siècle, le passeport est une invention d'à peine 200 ans et qu'il était obligatoire même pour circuler dans le pays d'une région à l'autre vers 1850, pour limiter déjà l'immigration des provinciaux vers Paris notamment.
Mais il est plus facile de désigner des boucs émissaires que de résoudre les problèmes avec des mesures efficaces qui demandent des moyens qu'on ne veut pas se donner la force d'avoir. Bien sûr qu'il faut contrôler, réguler l'immigration : une vingtaine de lois ont été votées en 40 ans pour cela, sans effets apparemment sur l'invasion qu'on subirait. Les statistiques démontrent que la part des étrangers dans la population est relativement stable depuis plus d'un siècle, avec des variations selon les époques. En 1940, il y avait eu un bond extraordinaire de cette proportion, mais l'origine des étrangers qui occupaient le pays donne de la nostalgie à certains vociférateurs d'aujourd'hui, pourtant le massacre d'Oradour-sur-Glane n'a pas été perpétré par des musulmans.
Il faut réfléchir sur le long terme, comprendre les raisons des phénomènes, connaître le monde qui nous entoure. Cela demande des efforts un peu plus fournis que de regarder les réseaux sociaux où pullulent les fausses informations qui peuvent aller dans le "bon sens de la pensée" de certains, mais cela n'en fait pas la vérité, ou de se limiter à une seule source d'information orientée. La liberté d'expression tant soutenue par ceux qui voudront la limiter quand ils seront au pouvoir n'est pas qu'une affaire de petites phrases, il y a de longs textes à lire très intéressants.
Nous sommes dans une époque tendue, parce qu'on le veut bien aussi : il n'est pas interdit de parler avec ses voisins, et avec tous ceux qu'on rencontre. Si on arrive à vivre ensemble sans vouloir se taper dessus, c'est un bon début pour qu'on avance vers un monde meilleur. Mais rester chez soi à l'abri est une fausse bonne idée, le mauvais temps finit toujours par arriver et il est plus facile de faire face à plusieurs que tout seul.
Il en faut peu pour être heureux, pas la peine d'en faire beaucoup pour faire du mal et se faire du mal. Alors, sourions, la vie est belle, il faut la regarder par le bon côté, et tant pis si on n'atteint pas les sommets, tant qu'on reste en bonne santé, bien nourris et avec un toit sur la tête, le reste est secondaire. Aimons nous les uns les autres selon un précepte chrétien que trop ont oublié.
Samedi 27 mai
Coincé du dos et bien occupé par ailleurs, j'ai laissé le temps filer et mes pensées s'envoler sans les partager avec les fidèles lecteurs de mes éditos dont certains en disent le plus grand bien, ce qui est plaisant à entendre et motivant pour en écrire la suite. Je sais bien qu'il y en a d'autres qui apprécient moins, et c'est normal : je ne revendique rien, et surtout pas le monopole de la vérité, sauf le droit d'expression et l'envie de faire réfléchir.
Pour ce week-end de Pentecôte, il semble que le beau temps s'invite à la fête, et ça ravigote après plusieurs semaines de fraîcheur et d'humidité relative : la campagne est verdoyante, l'herbe qu'a commencée de couper le paysan pressé est plutôt drue, mais plus en-dessous les nappes phréatiques peinent à remonter et leur niveau reste préoccupant tellement il est bas. Là se situe bien l'inquiétude de notre avenir, bien plus que les réductions des déficits publics, que la grandeur de la France, et tutti quanti. Le dérèglement climatique est bien là, il y en a qui réfute encore ce qu'ils croient être une hypothèse à long terme. Les dirigeants du monde sont d'accord pour le diagnostic, mais chacun défendant ses petits intérêts nationaux, voir personnels, ils ne font pas d'effort pour mettre en place les mesures nécessaires, qui doivent déjà être radicales, pour seulement ralentir un phénomène qui s'accélère nettement. Bientôt, comme je l'ai déjà écrit plusieurs fois, nous serons au pied du mur et les solutions risquent d'être violentes. Mais on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas.
Des résolutions à l'échéance 2030, 2050 voir 2100, sont annoncées avec force communication, et ça s'arrête là : les obligations ne concernent souvent que les petits citoyens, tandis que les responsables réels continuent en toute impunité de vivre leur vie comme si de rien n'était. Au nom du sacro-saint dogme économique libéral, et du taux de croissance, qu'on a érigé en loi universelle immuable, les décideurs politiques se sont liés les mains pour ne pas faire évoluer le système alors que son changement serait la Solution pour garantir le bien être de l'humanité. Je le dis et je le répète, la civilisation actuelle doit son hégémonie à la captation des ressources naturelles et leur marchandisation : l'eau et l'énergie sont majoritairement aux mains de sociétés privées ou de pouvoirs autoritaires ; l'arrivée, le développement et la diffusion de l'intelligence artificielle offrent de belles opportunités de manipulations, de conditionnement des citoyens et des peuples , la liberté individuelle que revendique tant de crétins biberonnés aux réseaux sociaux est remise en cause, aussi parce que la liberté collective, qui garantit celle de chacun, est plus que menacée, soumise aux diktats des algorithmes des logiciels qui sont créés désormais artificiellement. Mais peut-être que le monde digital sauvera l'humanité.
Plus concrètement, l'homme a besoin de respirer, boire et manger : c'est dire qu'il faut prendre soin de la nature, cependant bien abîmée par les pollutions du soi-disant progrès qui devient une machine infernale à détruire la vie. Les générations futures vont devoir s'adapter, elles y arriveront, mais jamais elles ne retrouveront un monde comme il a pu l'être. Espérons seulement que les conséquences des catastrophes naturelles qui se multiplient ne soient pas exacerbées par les guerres, les évènements tectoniques ou spatiaux, qu'a déjà connu la Terre, qui va continuer de tourner encore quelques milliards d'années, l'humanité n'étant qu'une très courte parenthèse à l'échelle de l'univers.
A l'échelle humaine, nous allons profiter de ces belles journées annoncées, de notre belle campagne et de ses braves gens qui l'habitent, qui veulent bien faire des efforts mais ne pas être les seuls à devoir faire des sacrifices pour le confort de ces urbains aux complexes de supériorité affichés nés dans un monde virtuel hors sol.
Mardi 9 mai
Le joli mois de mai est bien entamé et déjà deux jours fériés sont passés : les arbres ont feuillé, la campagne verdit avec fulgurance, le coucou chante, les troupeaux de bovins ont pris leurs quartiers d'été dans les pâtures, les randonnées se multiplient. On est bien au printemps dans notre campagne éloignée des turbulences urbaines, sociales, vociférantes.
La loi portant sur la réforme des retraites votée aux forceps n'en finit pas de polluer le débat politique en France, les oppositions radicales de gauche criant au scandale d'abus de textes constitutionnels qu'elles n'hésiteront pas à utiliser si elles ont le pouvoir un jour, même à les renforcer. La critique est aisée pour laisser croire qu'on agirait mieux avec moins. Quant à l'opposition radicale de droite, elle demeure silencieuse puisque le temps travaille pour elle à mesure que le pouvoir est contesté. Il est vrai que le gouvernement a présenté une loi mal ficelée, tellement complexe que les ministres eux-mêmes n'arrivent pas à l'expliquer, se contredisant les uns et les autres. Tellement complexe que les organismes de tutelle n'arrivent pas à mettre en place les dispositions prévues et que les candidats à faire valoir leurs droits ne savent toujours pas ce qu'il va advenir de la date de départ et du montant de la pension. Pire, certains ayant déjà quitté leur emploi doivent revenir au boulot sans pour autant avoir de certitudes sur les raisons de le faire. Je l'ai souvent écrit ici : une bonne loi est composée d'articles simples et courts, compréhensibles et applicables sans recours. Quand les articles s'alignent à longueur de dérogations, d'exceptions, de contraintes, de controverses, même les juristes rendent leur tablier ! Et il semblerait que cette loi entre dans la catégorie de celles qui emmerdent sans solutionner le problème.
Toujours plus de bureaucratie est une des raisons du déficit des comptes publics, mais l'administration a le pouvoir dans ce pays, les gouvernants étant souvent issus des mêmes cercles de pensée que les hauts fonctionnaires. Alors on fait porter la réduction des dépenses avec des réductions d'effectifs au contact des citoyens pour un remplacement numérique sensé gagner du temps et donc de l'argent. Sauf que la complexité administrative n'est pas souvent compatible avec les algorithmes des logiciels ô combien binaires et logiques. D'usines à gaz à serpents de mer, les annonces et les décisions gouvernementales, les lois et décrets mal rédigés, les commissions, comités et conventions aux rapports et conclusions dont on ne tient pas compte, enfoncent le pays plus sûrement que la crise économique, creusant des inégalités entre les générations, les citoyens, les catégories professionnelles, causant la résignation et le rejet de l'engagement au service de l'intérêt général, sources intarissables pour alimenter la haine, la violence, l'insécurité aboutissant in fine à l'installation de pouvoirs autoritaires, piédestaux des dictatures.
Les nostalgiques des années glorieuses du siècle passé se demandent à partir de quand le pays est partie en vrille : tout marchait bien, les trains circulaient et arrivaient à l'heure, tous payaient l'électricité au même tarif, les écoliers étaient en sécurité pour aller à l'école, le car passait même quand il y avait 40 cm de neige, les routes étaient toutes dégagées en hiver sans pour autant être au noir mais les conducteurs avaient des pneus d'hiver sur les roues sans que ce soit obligatoire. L'évolution de la société, que certains appellent progrès ou modernisme, a été très rapide, laissant sur le côté pas mal de personnes ne pouvant pas suivre. Pour les autres, elles ont le fil à la patte avec les moyens de communication connectés partout qui les rend esclaves de besoins qui n'existaient pas avant, qui les rend dépendants de trop de choses inutiles, qui les rend accrocs à trop de services payants dont elles peuvent se passer, qui les influence malgré elles en les abrutissant pour mieux les maîtriser. Être libre, c'est être conscient qu'on ne l'est pas tout à fait et qu'il faut être attentif à ne pas se faire embrigader par de beaux discours, de belles images produits par des manipulateurs sans scrupules, en attendant que l'intelligence artificielle ne prenne le pouvoir (mais il y a toujours des humains derrière). Rester libre est un travail à temps plein.
Vouloir une société meilleure à tout point de vue est un rêve, s'en rapprocher est une promesse d'ambitieux personnages qui rêvent de pouvoir absolu. Améliorer les choses est l'affaire de tous, un engagement collectif, un investissement commun : c'est la seule solution pour remettre de l'ordre. Question de volontés qui ne sont pas à l'ordre du jour ni à la mode de l'époque. Il arrivera bien un temps pour le faire, question de patience, les mouvements de l'univers dictent leurs lois à notre insu et il faudra bien qu'on s'adapte ou qu'on disparaisse.
Après le couronnement du roi Charles III à Londres, il faut bien le rappeler, le joli moi de mai s'annonce humide : la nature aime l'équilibre et s'adapte mais elle a le temps. Il faut vivre avec, apprécier ses humeurs et prendre le bon chemin pour être heureux. Les chemins du pays de Giat peuvent indiquer la bonne direction quand on marche dessus et qu'on regarde à l'intérieur de nous mêmes.
Jeudi 27 avril
Je ne sais pas si je devrais dire que tout est calme ou qu'il y a trop de choses qui se passent dans le monde pour traduire mon impression du moment tellement il y a un contraste entre la vie d'ici et l'évolution du monde.
Au pays de Giat, loin des tumultes sociaux du pays et encore plus éloignées des soubresauts géopolitiques qui ébranlent la stabilité de l'humanité, les populations mènent tant bien que mal leur petite vie sans histoires, bienheureuses et satisfaites d'être en forme autant que possible, sans stress ni excitations, à l'abri et bien nourries, libres dans un espace dégagé et pur. Certes, il y a des exceptions, des évènements pas toujours heureux, et parfois joyeux pour certains d'entre nous qui font varier le quotidien, mais dans l'ensemble, tout ne va pas si mal. A condition de ne pas s'attarder devant les écrans des chaînes d'information en continu, véritable assommoir pour s'abrutir et devenir con, je me permets de le dire. Il y a tant à faire pour s'ouvrir l'esprit et prendre du bon temps, cela demande quelques efforts, pas insurmontables, mais qu'est-ce-que ça fait du bien au corps et à l'esprit ! De grâce, bougez, sortez, lisez en variant les plaisirs, c'est un signe de bonne santé et de bien vieillir aussi pour les moins jeunes comme moi.
Le discours est bien joli, mais il ne faut pas non plus se voiler la face, le monde va mal et ça n'a pas l'air de s'arranger. Les jeux des dirigeants des grandes puissances sont très dangereux, les dictateurs et autocrates de grands pays n'ont plus de limites pour satisfaire leur orgueil hégémonique, entourés d'obligés fanatiques encore plus fous pour satisfaire la gloire de leurs maîtres, sans pitié pour les peuples de leurs propres pays soumis aux lois restrictives et violentes qui les musèlent et les emprisonnent mentalement à minima. Les démocraties ne représentent plus guère qu'un quart des pays et doivent faire face à la montée des populismes et des nationalismes à l'origine des dictatures. La France n'est pas exempte de cela et le pouvoir fragilisé d'Emmanuel Macron, dont on célèbre le premier anniversaire de sa réélection (qu'on avait oubliée), n'est plus une garantie de sauvegarde. Voir le contraire au regard de la façon dont est gérée l'après réforme des retraites passée aux forceps. Entêté et sûr de son affaire, le président ne veut pas se remettre en question, n'écoutant pas plus ses conseillers qui l'avertissent de la situation tendue dans le pays que les représentants élus comme lui qui rapportent leurs impressions de gens de terrain. Fier et prétentieux, retranché derrière les mêmes promesses d'écoute, de concertation, de partage dont il n'a que faire puisqu'il n'en tient pas compte, il poursuit un discours d'un autre temps, prônant des actions déjà vues et ratées par le passé. A l'heure où il faut changer, innover, trouver d'autres méthodes, d'autres pistes pour bâtir une civilisation en phase avec la sauvegarde de l'humanité, parce qu'on en est là quoiqu'on en dise, on reste basée sur des principes économiques de production et de consommation, aux objectifs limités aux fortunes des possédants. L'exploitation et le pillage continus des ressources énergétiques et des minerais depuis plus de deux siècles au profit des sociétés occidentales qui ont gangrené le reste de la planète ensuite, et même un peu l'espace, ont peut-être apporté un progrès aux populations mais sont-elles plus heureuses dans le confort matériel. Avoir une vie plus longue en bonne santé a été une réelle bonification dans les pays riches, grâce à la mondialisation qui a exporté dans les pays pauvres ses pollutions et ses technologies pour produire à moindre coût et satisfaire nos besoins surdimensionnés dictés par la publicité, le consumérisme, etc... Notre soi-disant liberté est bien influencée pour qu'on suive des règles invisibles adoptées dans les sphères du libéralisme.
Pour l'instant, les changements sont insignifiants, ou sont exagérés par des campagnes de communication bien ajustées pour culpabiliser le plus grand nombre des conséquences d'un petit carré de puissants personnages. On le voit dans les discours actuels des membres du gouvernement : les problèmes sont dus à la fraude sociale, à l'immigration, aux travailleurs qui ne veulent pas en faire plus mais qui veulent être payés plus...Pas question de réduire les inégalités, d'évoquer la fraude fiscale exponentielle, de trouver anormal les revenus exorbitants des dirigeants des sociétés du CAC40.
Hier, Total Énergie annonçait des remises sur factures à ses clients qui ont réduit leur consommation ces derniers mois. Tant mieux pour eux mais c'est un beau coup de communication après avoir engrangé des bénéfices records suite à l'augmentation des tarifs sans faire de sentiments pour augmenter au passage les marges. Je ne vois pas de geste remarquable de l'entreprise envers ses clients, juste un mode de gestion hypocrite normal dans le monde des affaires. Il ne faudrait pas croire tout ce qu'on nous dit et on ne nous dit pas tout...
Allez, je ne vous aurais pas encore remonter le moral aujourd'hui avec mes analyses à deux balles mais il n'est pas inutile de réfléchir au monde dans lequel nous vivons. Si le Président a des certitudes, il y a bien longtemps que j'estime que ce n'est ni noir, ni blanc : la graduation des couleurs est infinie et personne n'a tort, personne n'a raison, chacun a sa vérité qu'il faut affronter à un monde réel aussi changeant que la surface des mers. Tout est question d'influence à un moment donné.
Le premier mai risque d'être orageux après une courte vague de chaleur pour clore un grand week-end. Le muguet n'aura pas fleuri chez nous mais on ira dans les bois prendre l'air tandis que d'autres battront le pavé des villes pour protester contre le gouvernement qui reste sourd à la colère du pays.
Mais ça va s'arranger, tout finit par s'arranger. Ainsi va la vie.
Vendredi 14 avril
D'une foire à l'autre pourrais-je dire en écrivant ces lignes à la veille de la foire du 15 avril après avoir rédigé le précédent éditorial le jour de la foire du 30 mars. Ce qui revient à dire qu'il y a plus de deux semaines entre ces deux billets d'humeur. La Révolution n'a pas eu lieu, aussi ne me suis-je pas attardé à prendre du temps pour donner mes impressions d'un moment assez tranquille en ce bas monde.
Mis à part la soixantaine atteinte, ma vie n'a pas changé, elle reste un peu trépidante parce qu'il faut assumer la mission de remplacement à Verneugheol tout en continuant les activités habituelles liées à une actualité locale en réveil avec l'arrivée du printemps : les associations ont repris de la vigueur et les animations reviennent au niveau d'avant la pandémie. C'est bon signe.
Et la retraite n'a pas encore sonné. Quand j'ai quitté mon emploi de salarié à la fin 2005, je m'étais dis que je pourrais tenir sans trop m'écarter jusqu'à la retraite prévue à 60 ans à l'époque. Et patatras, réformette après réformette, il va me falloir patienter un peu plus de trois ans de plus. Peut-être moins, je ne m'en suis pas inquiété encore. Quand on a pris le rythme pour ne pas être bousculé, on s'adapte plus facilement aux vicissitudes de la vie.
Travailler ne doit pas être une fatalité, ce qu'il faut c'est avoir des revenus, pas du travail. Parce qu'il faut un peu d'argent pour subvenir au minimum des besoins de logement, de nourriture, de confort, de déplacement, de communication, de loisir. Après, c'est une question de niveau et je crois qu'on peut-être heureux sans nécessairement souscrire aux lois de la société de consommation, et donc limité les frais. Après, avoir un travail qui plaît et qui rapporte n'est pas un défaut. Mais s'échiner dans le but de consommer n'est pas une vertu. Etre soumis au travail pour devoir survivre n'est pas normal ni juste : tout travail mérite salaire décent, mais qu'est-ce-qui justifie les écarts incommensurables des paies entre une personne qui trime au bas de l'échelle et un dirigeant haut placé dont les responsabilités pourraient être exercées pareillement avec quelques sous en moins ? Tout cela n'est que du virtuel, une conception de l'économie qui sacrifie la première ligne pour l'orgueil des parvenus.
Ces derniers ont réussi dans les 40 années passées à faire croire que les lois de leur économie étaient intangibles, comme les lois mathématiques ou physiques régissent l'univers, alors qu'elles ne sont que des mises en forme issues de la pensée humaine, donc transformables. On n'y est pas encore, mais ça vient, parce que ces règles de gestion s'auto-détruisent petit à petit. Elles ne peuvent évoluer sans disparaître parce qu'elles sont néfastes à terme, mettant en péril l'humanité. Nous sommes arrivés à ce temps de transition.
La réforme des retraites votée le mois dernier va finir par s'imposer après l'avis du Conseil constitutionnel qui en aura validé la majorité des articles. Ça ne calmera pas la grogne sociale alimentée par le manque d'écoute d'un pouvoir biberonné à ces fameuses tendances économiques évoquées plus haut, incapable de croire qu'un changement réussi doit être la conclusion d'une réflexion collective, d'un débat sincère pour améliorer la vie de tous, garantir la paix, promouvoir l'éducation, nourrir sainement la population, la soigner dignement. La consommation, fruit de la production, comme seule perspective et unique mode de développement de l'humanité n'est certainement pas son avenir.
La foire du 15 avril montrera qu'on est encore dans la société des affaires, où les exposants vanteront les bienfaits des achats à des badauds auxquels ils auront pu apporter un peu de bonheur payant, et après tout, si tout le monde est content, moi aussi. J'aurais été heureux de revoir, de voir plein de gens, de discuter, prendre des nouvelles, d'apprendre, de faire connaissance : la foire c'est aussi ça. Du lien, de la communauté et le reste n'est que de l'emballage.
On est bien chez nous, on va y rester.
Jeudi 30 mars
Après une matinée de labeur communal à Verneugheol, le passage à la foire à Giat a permis de confirmer l'évolution de l'inflation sur le prix des fruits et légumes avant une pause conviviale au bistrot pour garder le lien avec de bonnes relations et poursuivre sa connaissance des gens et du territoire. Là se trouve la base de tout et surtout le pilier du savoir local qui valorise mon travail informel auprès de celles et ceux qui me lisent, dont une majorité est reconnaissante de ce que je lui apporte. Là est bien l'essentiel de ma motivation, appuyée parfois d'agréables moments partagés.
Les petits commentaires réguliers que je peux écrire semblent être attendus par les plus fervents des visiteurs du site Internet que je réalise, alors je sais qu'il ne faut pas trop de temps entre deux éditoriaux pour satisfaire la curiosité des amateurs du genre que je remercie de leur attention.
Revenons donc à l'actualité de la période.
Si la guerre en Ukraine est devenue une chose presque normale plus parce qu'elle dure qu'elle n'affecte le mouvement géopolitique européen, elle reste l'évènement majeur qui peut impacter notre avenir proche. Cela est déjà la cas : l'inflation galopante en est une résultante, les serrages de boulons des budgets communaux en train de se voyer une autre. Derrière le coût économique du conflit, il n'en demeure pas moins que se joue la notion des libertés des peuples et des individus.
Ces libertés transpirent aussi au travers du conflit social français lié à la réforme des retraites dont la loi a été adoptée par l'Assemblée nationale après le rejet des motions de censure du gouvernement présentées à la suite du recours à l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. Le choix du Président de la République pour faire passer cette réforme, son interview aux journaux télévisés de 13 heures, l'absence de volonté de dialogue réel, n'ont pas plu à la majorité des français. Emmanuel Macron a des raisons justifiées de croire en son projet, les oppositions à celui-ci sont argumentées. L'entêtement du chef de l'Etat, formé à la macro-économie par les tenants des solutions libérales, montre sa radicalité sur le sujet qui réduit la marge de manœuvre pour amorcer un dialogue constructif pour sortir de la crise qu'il a générée, par conviction et surdité. Il y a quelques jours, un historien référencé spécialiste des sujets parlementaires expliquait l'archaïsme de gouvernance actuel, du style des années Pompidou (1969-1974) qui ne pouvait pas faire avancer la société : ça m'a fait plaisir d'entendre ça, qui allait dans le même sens que ce que j'écrivais dans l'éditorial précédent.
Je vais donc le redire : la monde change, la société aussi. Il faut innover, trouver de nouvelles façons de lier le social à l'économie, donner du sens à la vie des citoyens. La convention citoyenne du climat était une bonne idée, mais ne retenir que les propositions qui allaient dans le sens du pouvoir ne permettent pas d'établir un climat de confiance sur la participation citoyenne aux projets. Le grand débat qui faisait suite à la crise des gilets jaunes aurait pu être source d'évolution positive, en phase avec la demande populaire. Que nenni ! Causez toujours, je vous écoute mais je ne vous entendrai pas ! c'est le ressenti d'une majorité de français. Le Président va devoir changer de façon de faire, même s'il n'a pas d'enjeu faute de pouvoir garder sa place, sinon il risque de laisser sa place dans l'Histoire comme celui qui a donné les clefs du pays aux extrêmes, bien loin de l'idée d'avoir fait la réforme qui allait tout changer...
Le citoyen de base ne devrait pas se satisfaire de cela : c'est lui qui a encore le pouvoir, qu'on se le dise. Encore faut-il faire l'effort de s'intéresser à la chose publique au-delà de ses petits intérêts personnels, d'avoir la volonté de participer, d'être solidaire, fraternel, et croire en la liberté tout en acceptant que d'autres ne soit pas du même avis. Un avis réfléchi, pensé et non pas puisé sur les réseaux sociaux riches de fausses informations, de manipulations : s'informer, c'est consulter différentes sources d'informations, contradictoires parfois, chercher la vérité vraie, par forcément celle qui arrange, analyser, synthétiser. Du travail, il y en a qui ont le temps pour ça mais qui ont d'autres choses inutiles à faire comme dénigrer, dénoncer, faire du mal, c'est tellement plus plaisant et moins fatiguant.
Et au Pays de Giat, me direz-vous ? c'est plutôt calme, on est bien chez nous. Les activités qui rassemblent reprennent du poil de la bête, c'est bon signe. Le printemps est là, il faut s'accrocher pour rester au-dessus des mauvaises nouvelles, s'adapter aux changements, se retrouver pour aller de l'avant dans le même sens et avoir le sourire.
Vendredi 17 mars
Allez ! je me lance ! L'actualité du 16 mars et le recours à l'article 49-3 de la constitution par le gouvernement pour faire adopter son projet de loi contesté dit "réforme des retraites " fait causer à travers le pays. Hier, au cours de mes rencontres, il m'a été dit que j'allais pouvoir faire une nouvelle chronique. Alors, pourquoi pas ?
Bien qu'au cours des précédentes éditions, j'ai donné mon avis sur le sujet : ce projet ne me semble pas être une réforme capitale pour régler le soi-disant problème du financement des retraites, il répond plus, et le Président de la République l'a confirmé hier, à rassurer les marchés financiers auxquels le pays emprunte trop de milliards pour assurer un fonctionnement qui, lui, a besoin d'une sérieuse remise à plat. Au risque de me répéter, je crois que le système des retraites actuel doit être changé profondément : il a été institué sur la base intergénérationnelle à une époque de plein emploi. Depuis 70 ans, la modernisation, les délocalisations, la robotisation et la numérisation, la financiarisation de l'économie, le partage des richesses, etc... ont bouleversé le pays et le monde, sauf qu'on reste sur des modèles comptables, sociaux, macro-économiques de cette époque. Et notre président peut-être plus encore que beaucoup d'autres. Sa politique se voit dans le rétroviseur, et pour un homme plutôt jeune, dynamique, qui se veut moderne, je le trouve passéiste, ringard et complètement désuet.
On attend des gouvernements des volontés d'avancer, de progresser, de créer un monde meilleur pour tous les peuples. Et que voit-on ? de la régression sociale, de l'augmentation de la pauvreté, comme des ultra-richesses, c'est-à-dire une augmentation des écarts de fortune, des risques de guerre et de révolte accrus, des tensions environnementales et climatiques qui deviennent insupportables, la montée des populismes et des nationalismes dangereux pour les libertés individuelles, une fragilisation des démocraties : l'avenir se voit plus en noir qu'en couleur ces derniers temps. Et le citoyen attend que ça passe, se croyant à l'abri dans une bulle qui comme son nom l'indique peut éclater d'un simple souffle. Ceux qui réagissent en manifestant contre la réforme des retraites ne sont pas plus innovants que le président : ils veulent garder le système qui leur assure une garantie pour l'avenir, quoiqu'il en soit. Ça ne règlera pas plus le problème démographique sur lequel repose les ressources des pensions.
Nous avons besoin de remettre à plat la façon dont est géré le monde, et tant que chacun défendra sa petite chapelle, sans trop se soucier du reste, on n'est pas prêt d'y arriver. Qu'on se rassure, de gré ou de force, sous la contrainte, ça se passera car il n'y a pas d'autre solution. L'histoire nous le démontre : toute civilisation a une fin, dramatique en général, pour qu'une suivante apparaisse. C'est la vie et ça peut prendre du temps.
Dans quelques jours, nous changerons peut-être de gouvernement, ou pas. Des élections législatives ne sont pas à exclure. Peu importe, ça ne résoudra rien, on en pâtira plus qu'on y gagnera parce qu'il n'y a pas de volonté de changement pour aller de l'avant. Tous les candidats au pouvoir ne proposent que des solutions du passé, qui n'ont pas marché, quand ils en proposent, parce que trop font de l'opposition par principe sans pour autant bâtir des programmes innovants pour que ça aille mieux. Personne ne fait rêver en ce moment, pas de quoi enchanter la politique, ni faire aller voter en masse les électeurs : les amateurs de dictature sont aux anges.
On (qui est on ?) va encore dire que je suis pessimiste, que ce n'est pas si grave que ça. Je répondrai : ça va s'arranger, c'est sûr. Je suis optimiste parce qu'il y a toujours le beau temps après la pluie. Mais, on le voit bien, le mauvais temps est parfois cruel et le beau temps n'est pas toujours un signe de vie...
On est bien chez nous, profitons du bon temps qui passe, le printemps arrive comme le renouveau qui nous fera avancer un peu plus.
Jeudi 9 mars
Le chapeau de Mireille s'est envolée définitivement ce mercredi : Marcel Amont a tiré sa révérence après avoir marqué le milieu du siècle dernier de quelques ritournelles qui restaient bien en tête et que les moins de 50 ans ne connaissent certainement pas. C'est une triste nouvelle parmi d'autres, mais qui ne fera qu'un entrefilet dans les médias plus préoccupés du mouvement social du moment.
La réforme des retraites voulue par le Président, portée par son gouvernement, n'est pas approuvée par une très grand majorité des français : le report de l'âge légal de départ à 64 ans ne passe pas à juste raison, parce qu'il pénalise ceux qui travaillent déjà le plus longtemps et qui triment pour des salaires de misère, souvent les premiers maillons de l'économie indispensable pour faire tourner le pays, invisibles et méprisés par ceux qui se croient meilleurs, forts, essentiels mais qui brassent beaucoup de vent sans produire grand chose. Cette réforme, au but avoué de réduire le coût des retraites, ne prend en compte que la comptabilité, et les ajustements marginaux acceptés par les ministres rognent sensiblement l'objectif de la réforme. Alors, le prochain président de la République pourrait devoir faire une nouvelle réforme, parce que celle-ci, comme les précédentes, n'aura pas résolu le problème. Pour une raison simple, il n'y a pas de volonté de remise à plat d'un système d'un autre temps inadapté à celui de demain. ET ça durera tant que ça tiendra, à bout de bras.
Parce qu'il n'y a pas de vision à long terme, parce que la mouvance du monde est trop agitée pour voir son avenir, la gouvernance des démocraties est complexe actuellement. Une bonne dictature est plus facile à comprendre, certains en rêve sans savoir qu'ils risquent gros, aveuglés par la simplicité des messages de propagande, excités par de belles images propres, lisses et irréelles. Mais trop de représentants du peuple qui font bien leur travail sont éclipsés par d'illustres élus plus enclins à se faire voir, à se promouvoir, à satisfaire leur égo, aux comportements bestiaux, aux discours agressifs, aux volontés de disperser plutôt que de rassembler, de construire ensemble. Ce n'est pas dans les habitudes du pays, mais le consensus reste encore la meilleure voie pour garantir la démocratie, l'action citoyenne. Là aussi, il y a besoin d'une remise à plat, mais ça durera tant que ça tiendra.
Je ne vie pas en "Utopie" ni en "Théorie" comme trop de ceux qui sont aux manettes, j'espère avoir le regard lucide sur le monde qui nous entoure. Je n'ai pas les yeux rivés dans le rétroviseur parce que les vérités d'hier ne seront pas celles de demain. Les solutions pour aborder l'avenir faites avec de vielles recettes comme nous servent nos élites ne peuvent pas marcher, les ingrédients ont changé, les méthodes, les techniques ont évolué : les mentalités doivent suivre, progresser, trouver les bons modes d'emploi, inventer, innover : c'est comme cela que l'humanité s'est construite.
Tandis que la guerre en Ukraine n'en finit pas de montrer nos faiblesses qui confirment que la France n'est plus une grande puissance, il faut se dire qu'on est bien chez nous, l'avenir y est peut-être plus serein qu'en beaucoup d'autres endroits du monde.
Lundi 27 février
Alors que le Général Hiver refait une offensive glaciale en cette fin de mois, quelques dizaines de personnes étaient mobilisées à l'école maternelle de Crocq pour défendre le maintien des deux postes d'enseignants dont le directeur académique voudrait n'en garder qu'un à la rentrée prochaine. Les élus et les parents d'élèves ont des arguments à faire valoir, de très bons arguments même, qui prennent en considération la qualité de l'enseignement, la prise en compte de l'enfant, la proximité du service, la volonté de garder les services publics sur un territoire en voie d'abandon par l’État. Car c'est bien là que se situe le problème : l'administration gère ses services en fonction du rendement, de la réduction des coûts en premier lieu, au nom de la réduction des déficits puisqu'il ne faut pas augmenter les prélèvements directs, ne pas pénaliser l'activité économique en laissant les mains libres aux investisseurs plus avides de profits que d'intérêts généraux. Les gouvernants de la troisième république avaient lancé des régiments de hussards de l’Éducation nationale pour qu'il n'y ait pas de coin reculé du pays sans instituteur, pour que la parole de la République soit portée plus forte que celle de l’Église, pour que les petits français soient des citoyens patriotes au profit de la Nation. C'est avec cet effort sans précédent que l'unité du pays s'est faite, cette unité revendiquée aujourd'hui par des nationalistes qui posent des limites à l'intégration républicaine, selon ses origines, sa religion, sa fortune, loin de l'idéal républicain d'il y a plus de cent ans. L'administration de l'époque était au service des citoyens, les fonctionnaires étaient des personnes engagées pour servir l’État, qui travaillaient en faisant honneur pour que le pays fonctionne efficacement.
De nos jours, après 40 ans d'influence libérale, le mode de gouvernance est celui induit par les entreprises financières, celles qui prêtent aux États sans prendre de risque puisque les pertes sont garanties par les contribuables unis contre leur gré pour être soumis aux règles élémentaires du libéralisme décomplexé. Et ces dernières sont tellement bien organisées qu'il est presqu'impossible de s'en défaire. Derrière le presque se cache la nécessaire union citoyenne qui ne peut arriver qu'avec une misère profonde et la famine, l'homme moderne étant individualiste par éducation et influence bien orchestrées.
Ceci peut expliquer que la mobilisation crocquante du jour n'est pas à la hauteur des enjeux : tout un bassin de vie aurait dû être présent à Crocq ce matin, et pas seulement quelques parents et quelques élus. Comment peut-on faire fléchir la puissance étatique en étant si peu ? Cette façon de manifester le mécontentement local est tellement classique que son influence est limitée, elle est actée dans les décisions déjà prises, et les marges de manœuvre du directeur académique sont incluses pour modifier le plan de manière à faire le moins de vagues possible. On a vu et revu ces manifestations : l'année dernière à Condat par exemple, il y a quelques années pour défendre le collège public de Giat. Dernières salves d'honneur d'un combat perdu d'avance.
Parce qu'il y a bien longtemps que les habitants du monde rural sont résignés à leur disparition, avec des élus locaux qui font ce qu'ils peuvent, c'est-à-dire pas grand chose, par manque de soutien des populations souvent, par volonté de ne pas fâcher les représentants de l’État, par souci de capter des subventions nécessaires à des investissements locaux compris dans des programmes nationaux, une forme d'instrumentalisation de l'aménagement du territoire conforme au développement économique lié au libéralisme. C'est-à-dire de grosses entreprises dans des grandes villes, parce que plus c'est gigantesque, plus ça rapporte. Sauf que le colosse est aux pieds d'argile, et le jour où ça va s'effondrer, ça ressemblera plus à la région turco-syrienne détruite par les tremblements de terre il y a quelques jours qu'à une simple remise à niveau.
Depuis plus de cent ans, les gouvernements successifs se sont penchés sur l'avenir du monde rural, de la désertification des campagnes, un terme apparu dans les années 1920. Je ne voudrais pas paraître ronchon, mais au regard des résultats, pires année après année, il est difficile de faire confiance à ceux qui sont sensés nous représenter et qui avalent couleuvre après couleuvre pour se satisfaire de leur place sans que les choses ne s'améliorent, avec l'accord d'une majorité de citoyens qu'il ne faut pas bousculer dans leurs mentalités, trop timorés pour envisager un avenir dérangeant.
Parce que la vie est bien tranquille ici. On est bien chez nous, mais le désert avance.
Mercredi 22 février
Il y a un an exactement, le monde croyait encore que l'impensable ne se produirait pas : les manœuvres de l'armée russe devait en rester là car il ne pouvait pas en être autrement. L'attaque de l'Ukraine ne pouvait s'envisager au regard de nos certitudes européennes de paix durable sur le vieux continent. Pourtant, tout était annoncé depuis plus de 10 ans : Vladimir Poutine fait ce qu'il dit, nous ne voulions pas le croire, il l'a fait. Déjà, en 2014, l'invasion et l'annexion de la Crimée auraient du faire prendre conscience de la suite des choses. Mais les dirigeants européens et américains du moment ont laissé faire. L'Ukraine n'était pas une priorité, il fallait préserver l'approvisionnement en gaz et pétrole russe si nécessaire à l'économie libérale mondialisée au plus haut de son développement. En fermant les yeux sur les exactions russes en Tchétchénie, en Syrie, en Géorgie précédemment, l'occident a donné carte blanche à Poutine pour assumer son rêve de recréer l'URSS, ou l'empire tsariste, il verrait bien la synthèse des deux pour légitimer son pouvoir dictatorial.
Les faits sont ainsi. L'agression russe en Ukraine n'a pas été la promenade de santé espéré par le maître du Kremlin. La résistance ukrainienne, emmenée par un président devenu le chef de guerre de son pays là où personne ne l'aurait imaginé quand il était acteur , est impressionnante. Elle nous fait réfléchir à nos attitudes arrogantes de personnes loin des risques qui n'arriveraient pas au dixième de ce que les habitants de ce pays font pour ne pas sombrer, pour garder l'espoir, se battre, combattre, survivre. Pendant que nos sociétés continuent de rêvasser à vouloir garder un niveau de vie au-dessus de leurs moyens, les ukrainiens sont en première ligne pour qu'on ne croule pas, qu'on ne s'écroule pas, devant la menace du totalitarisme et nous sauver notre liberté.
Il y a dans nos populations des grands penseurs qui sont prêts à signer la paix à n'importe quel prix tant qu'ils croient que ça ne les concernent pas. La capitulation ukrainienne ne sera pas le prix d'une paix durable et morale, la volonté de Vladimir Poutine n'a que faire de celle des autres pays d'Europe, il veut dicter sa loi du plus fort. Point barre. Pour l'avenir, pour garder nos petites libertés, il faut des efforts, peut-être des sacrifices mais ce sera toujours peu à côté de ceux qui sont agressés, qui paient de leur vie leur désir d'avoir le choix de leur futur.
Notre avenir se joue loin d'ici. La mondialisation libérale, dont ont été biberonnés nos dirigeants, montre ses limites au travers des échecs sociaux et environnementaux qui font échos aux fortunes immenses encaissées par quelques-uns seulement. Les mentalités évoluent doucement dans les hautes sphères alors que les crises se suivent et augmentent les tensions populaires. Regardons la pseudo réforme des retraites voulue par le Président de la République avec l'annonce affichée de sauver le régime par répartition dans un esprit d'équité et de justice : il n'y a derrière cela qu'une lecture comptable du dossier et ceux qui ont rédigé le texte de loi n'ont foi que dans le logiciel de leur formation libérale et financière. Le texte est tellement complexe que les ministres eux-mêmes ne l'avaient visiblement pas lu, se référant aux fiches de résumé fournies par les rédacteurs pour l'expliquer. Il aura fallu que des experts en économie décryptent les articles ligne par ligne pour trouver de grossiers travers comme des durées de travail encore plus longues pour ceux qui ont commencer de travailler tôt et péniblement, des injustices sur les carrières des femmes, et d'autres encore. On dit que lorsque c'est flou, il y a un loup : nous sommes en présence d'une meute avec ce texte qui ne résoudra rien puisque le système économique n'est plus compatible avec une institution d'un autre âge. Et qu'il a plus besoin de réformer que les retraites, au plus profond.
La troisième guerre mondiale n'a jamais été aussi proche depuis soixante ans, elle serait peut-être la solution pour remettre à plat la marche du monde pour assurer la survie de l'humanité. Je me rappelle des anciens qui disaient "une bonne guerre et ça ira mieux après". Le problème c'est pendant, il faut franchir le cap avec pertes et fracas, et ce seront toujours les mêmes qui s'en sortiront le mieux.
Dans mes balades, je me dis qu'il faut apprécier ce temps de liberté dans notre pays de Giat où la vie s'écoule paisiblement : profitons du jour qui passe. On est bien chez nous.
Jeudi 9 février
Trois semaines après le précédent éditorial, un temps long pour certains visiteurs assidus qui s'inquiètent des performances de l'auteur, voici revenu le temps d'écrire une nouvelle page. De prendre le temps d'écrire une nouvelle page, car c'est bien là le souci : un peu plus d'activités de presse, un peu de fatigue suite aux soucis de santé précédents et récents, un peu moins d'intérêt à suivre l'actualité. Le laisser-aller en deux mots, une baisse de pression, et tout ce que vous voudrez. Mais tout vient à qui sait attendre.
De toute façon, il y a eu une période hivernale qui freinait pas mal la vie quotidienne. On restait au chaud, à la maison. Pour autant, je ne m'affalais pas sur le canapé devant la télévision où les choses intéressantes, enrichissantes intellectuellement, divertissantes ou informatives de niveau, ne sont pas généralisées sur l'ensemble des chaînes disponibles. La médiocrité, l'abrutissement, l'abêtissement des foules, avec des émissions absurdes, aussi ridicules que leurs animateurs, invités ou spectateurs, le matraquage des informations négatives, morbides, les clashs, la violence, sont mis en avant alors qu'il serait bien de baisser les tensions pour donner de l'air. Mais on le voit bien, la contagion s'étend jusqu'aux bancs de l'assemblée nationale où le débat sur la réforme des retraites se gère comme une cour de récréation peuplée de garnements prêts à tout pour casser, pour se faire remarquer. Des comportements inacceptables par ceux qui doivent donner l'exemple. Le niveau de la classe dirigeante du pays est au ras des pâquerettes, on le veut bien car nous avons le bulletin de vote à notre disposition pour changer les représentants qui ne sont que le reflet de la société. Avant de critiquer, il est bien de regarder autour de soi, et se regarder bien sûr, pour comprendre.
Tant que certains de nos parlementaires et nos gouvernants cherchent à faire des économies sur le dos des pauvres, les plus riches se gavent encore un peu plus : les bénéfices de Total annoncés hier sont exorbitants, la crise n'est pas pour tout le monde. Le ruissellement tant vanté par notre président n'atteint toujours pas la base et reste capté dans les hautes sphères. Bien sûr, si on se réfère aux arguments populistes, les assistés sociaux et les migrants sont la raison des problèmes , et c'est bien repris par ceux qui se sentent déclassés mais qui travaillent dur. C'est tellement plus simple. Par contre on oublie de dire que l’État soutient les entreprises à hauteur de plus de 250 milliards d'euros, soit à quelque chose près, le montant des dividendes versés aux actionnaires en France. On entend de plus en plus cette petite phrase qu'il faut repenser le partage des richesses, des valeurs. Mais on ne change rien pour le moment, tant que ça ne casse pas, pourquoi se priver. Au risque de me répéter, on arrive dans le mur, qui n'a jamais été aussi près, ça va faire mal, mais on va se fracasser. Le plus tôt sera le mieux, puisque les puissants ne sont pas capables de prendre les bonnes décisions. Ils tomberont aussi. L'humanité se reconstruira avec ce qui restera, et soyons certains, les leçons ne seront pas tirées, les défauts réapparaîtront plus tard.
C'est la vie, ma pov' Lucette ! comme dit un certain slogan. Qui vivra verra. Pour le moment, on est toujours bien chez nous. En plus, il fait beau. Les tremblements de terre en Turquie et Syrie, la poursuite de la guerre en Ukraine, les massacres ici et là en Afrique, le froid extrême en Amérique du Nord, les incendies au Chili sont loin de nous mais on ne peut les ignorer, car cela a des conséquences sur la planète entière. Au pays de Giat, il y a comme un air de paradis, alors pourquoi toujours râler pour dire que rien ne va, parce que ça ne va pas si mal si on regarde ailleurs.
Mercredi 18 janvier
Je n'ai pas passé au travers de la maille des filets : un méchant virus a réussi l'attaque de mon corps et depuis quelques jours je lutte contre l'intrus qui s'accroche et qui m'épuise. Néanmoins, l'esprit reste vif entre deux poses contraintes par la fièvre. De plus, la fin de semaine a été riche d'actualités à couvrir, je rends compte bien que je n'ai pu aller à tous ces rendez-vous importants de début d'année, faisant confiance aux responsables pour qu'ils me communiquent leur rapport.
Il a neigé depuis lundi, la campagne est blanche, c'est l'hiver. C'est la une des médias pour un non évènement qui est normal pour la saison, bien que devenu moins évident en ces temps de dérèglement climatique. Et comme je n'ai pas le choix, je reste au chaud. Je pense à ces pauvres ukrainiens privés de toit, de chaleur, d'eau et d'électricité, risquant leur vie sous les missiles russes qui pilonnent les villes sans autre but que de terroriser, détruire, tuer pour une victoire à tout prix. En parallèle, je pense aussi à tout ces gens fortunés bien planqués dans leurs vastes demeures dont le sommeil n'est pas troublé des malheurs dont leur fortune est la cause.
Au forum de Davos, ils osent demander à être plus taxer pour se racheter une conscience, ceux-là même qui manipulent les gouvernants pour avoir toujours plus de droits à produire, à vendre, à spéculer pour dégager le maximum de bénéfices, de rentabilité. Ils ont la possibilité d'augmenter les salaires, de baisser leurs marges s'ils ne veulent pas être aussi riche : qu'ils commencent par là ! qu'ils relocalisent leurs industries plutôt que d'aller chercher les mains d'œuvre les moins chères, qu'ils aient le patriotisme fiscal plutôt que l'optimisation, qu'ils deviennent humanistes avant d'être des maîtres de guerre par dictateurs interposés. Ils ont le droit d'être riche, ils ont le devoir de ne pas aggraver la misère. Ils ont les moyens, qu'ils les utilisent à bon escient.
Ce 19 janvier, mouvement social de masse en France contre la nouvelle réforme des retraites. Voulue par le Président par pur dogmatisme libéral car une majorité de spécialistes et d'économistes reconnus reconnaissent qu'elle n'est pas la bonne au mauvais moment. Les trois quarts des français sont contre. Mais rien n'y fera : par calcul politique risqué, une majorité de députés votera cette réforme qui ne changera rien aux déficits des comptes, qui réduira le nombre de retraités avant l'heure, qui ramènera la durée de vie maximale que le monde nous envie à celui du siècle dernier. Mais ça fera plaisir à ces millionnaires qui veulent être taxés. Cette réforme "de justice" cache si mal son objectif de politique libérale que même les membres du gouvernement ne trouvent pas les bons arguments contre les démonstrations explicites des chausse-trappes inclues dans la réforme.
De toute façon, la réforme passera parce que c'est dans l'air du temps mais son application sera une autre affaire tant l'évolution du système économique est incertaine. Nos gouvernants d'ici et d'ailleurs manquent cruellement d'imagination pour essayer de trouver un autre système économique avant que celui en vigueur ne se casse la figure. Tant qu'il y a un os à ronger, les profiteurs ne sont pas prêts à le souhaiter. Mais après, que se passera-t-il ? Les nouvelles générations laisseront-elles faire comme maintenant, conscientes qu'on est au bout du bout, et qu'il en va de leur survie ?
Je vous laisse méditer parce qu'il me faut faire une pause.
Lundi 2 janvier
Alors que je viens de remonter la vieille horloge de la maison, quasiment plus âgée d'un siècle que l'auteur de ces lignes, je prends conscience du temps qui passe et la douceur de la météo me renvoie au temps de mon enfance, quand on sortait bien emmitouflé, bonnet et écharpe de rigueur, pour affronter un froid habituel à cette saison. Le monde change, il a toujours changé, mais les changements naturels sont rapides, conséquents de l'action de l'homme qui s'est considéré maître des choses, croyant fermement en sa supériorité qui n'est au final qu'un orgueil démesuré mettant en péril son avenir, et même sa survie.
Dans les vœux reçus en ce début d'année, il m'est souhaité des billets d'humeur optimistes. Je ne demande que ça et je veux bien écrire que les choses vont bien ou que ça va s'arranger. Je le dis bien régulièrement, et ça s'arrangera, c'est sûr. Et puis tout ne va pas si mal, c'est une question de point de vue. On est bien chez nous, il faut le croire et le faire savoir. Bien sûr, mieux que bien, ça n'existe pas et il faut se contenter de ce que l'on a, de ce qu'on peut essayer d'avoir, mais on ne décroche pas la lune aussi facilement que ça. Il est vrai que l'époque n'est pas à l'euphorie, parce qu'on le veut bien aussi. Je ne le répèterai jamais assez, nous avons le pouvoir pour améliorer ce qui peut l'être, collectivement. Tout seul, on est rien et les gens de pouvoir le savent bien, manipulant et orientant les esprits pour qu'ils n'arrivent pas à se conglomérer contre eux. Nous sommes influençables et trop d'entre nous sont trop perméables aux idées simples et néfastes, qui ne sont que la surface visible d'un iceberg de soumission, d'oppression, d'embrigadement aux sources des dictatures. Nous sommes pourtant équipés d'un cerveau aux capacités de réflexion incroyables, peut-être qu'il faudrait s'en servir plus plutôt que de le laisser, telle une éponge, absorber les eaux sales d'un monde pourri.
La modernité a de bons côtés, elle facilite la vie quotidienne, augmente l'espérance de vie, relie instantanément les gens de tous les coins de la planète. Mais elle a son côté obscur, la fragilité des systèmes dont on ne se rend pas compte et qui offrent en pâture nos données, nos vies dans ce qu'elles ont de plus personnelles, de plus intimes. Et trop d'entre nous sont complices de ces pillages, laissant les portes ouvertes aux voleurs d'âme.
Je vais être optimiste aujourd'hui, il y a de belles rencontres à faire, de beaux endroits à découvrir, sans aller aux antipodes. Soyons fiers de notre pays de Giat, soyons bien dans notre campagne, bousculons-nous un peu pour sortir de nos individualités pour avancer ensemble. Allons au-devant des nouveaux habitants pour les intégrer et leur donner les clés du bien vivre ici, plutôt que d'attendre leurs critiques, leurs rejets de ce qu'ils croient ne pas être bien sans connaître le fond des choses, l'histoire du territoire et des hommes qui l'habitent. Arrêtons de faire vivre la mondialisation commerciale pour que le tissu économique résiste aux fermetures faute de repreneurs, participons aux évènements et animations du territoire pour que la vie se voit, pour qu'on ne dise plus qu'il ne se passe rien parce que si on veut, on ne s'ennuie pas au pays de Giat, mais il faut détourner un peu le regard des sirènes et des paillettes urbaines qui marchandent votre plaisir.
Alors, l'année sera belle, même si elle sera difficile car on ne maîtrise pas tout, mais de rien on peut faire beaucoup, et les petits plaisirs additionnés donnent le sentiment du vrai bonheur partagé avec les autres. Profitons de ce qui est bien, le reste peut s'oublier.
Lundi 19 décembre
La défaite de l'équipe de France en finale de la coupe du monde fat la une de l'actualité aujourd'hui. Un match contre l'Argentine qui s'est soldée par des tirs au but favorable à l'Albiceste, une rencontre d'anthologie disent les spécialistes, une défaite tricolore qui vaut une victoire diront d'autres. Pendant quelques jours, deux pays ont stressé dans l'attente du résultat, l'Argentine a éclaté de joie, la France s'est prostrée dans la tristesse.
C'est passé, maintenant la vie va reprendre son cours et on va à nouveau pouvoir se plaindre de la crise, de l'inflation, du Covid, tout en continuant de préparer les fêtes qui se dérouleront à peu près comme en temps normal, mais ça n'ira pas comme ça devrait, faut pas s'en faire, même si c'était mieux, ce ne serait pas encore bien. Le français a un complexe d'insatisfaction permanente, on n'y peut rien.
Après un épisode météorologique particulièrement froid, la douceur est de retour : voilà une bonne nouvelle. Les marchés de Noël et autres animations locales de ces derniers jours ont redonné du sourire à la plupart des visiteurs nombreux : voilà une belle chose. Les anciens ont reçu les colis gourmands des municipalités, d'autres se sont mis à table pour les repas communaux ou associatifs, bien contents de se retrouver comme avant : voilà de bons moments. Il en faut peu pour être heureux, et c'est très bien ainsi.
C'est vrai qu'il est difficile de garder le moral si on reste accroché aux infos en continu qui déversent sans cesse les malheurs du monde, qui arrivent à faire d'un détail une généralité, et de faire disparaître des généralités de l'horizon, enfermant les esprits dans un cercle vicieux de soumission imperceptible mais terriblement efficace. La manipulation des esprits est un jeu subtil que dénoncent d'abord ceux qui le mènent. Regardons les grands défenseurs de la citoyenneté qui sont offusqués de l'utilisation du 49-3 par le gouvernement pour faire passer son budget à l'assemblée nationale : ils donnent des leçons qu'ils ne n'appliqueraient pas s'ils étaient dans la même situation. Ne soyons pas dupes, le pouvoir est une drogue dure qui bouscule les neurones des esprits les plus sains.
Récemment, dans le journal, une interview de Stéphane Rozès, politologue et auteur de Chaos, me confortait dans ce que je pense et j'écris depuis longtemps. Il concluait par cette phrase " soit, nous allons à la guerre, soit de façon civilisée, nous remettons la globalisation financière dans son lit, en restaurant la politique au sens noble. Il faut remettre le concert des peuples au centre des décisions.". Une autre façon de dire qu'il faut remettre l'humain, l'homme au cœur des décisions, et arrêter de placer l'économie comme seul paramètre de gouvernance. Mais cela ne se fera pas si les citoyens continuent de laisser faire sans rien dire, bien raisonnés par des influenceurs puissants dans les médias et sur les réseaux sociaux, et pas forcément là où on croit qu'ils sont. Se faire ses propres idées, engager ses réflexions personnelles, est un travail qui demande de la curiosité pour comparer, étudier, analyser les informations en multipliant les sources, en ayant le doute sur tout, et surtout sur les évidences.
Jeudi 8 décembre
Une journée en hiver, quoi de plus naturel qu'il fasse un peu froid, et les arbres givrés tôt le matin au lever du soleil sont un beau spectacle et depuis trois jours, il en est ainsi dans certains recoins du pays de Giat. Le soleil brille, ça remonte le moral et il faut regarder ce qui va bien, s'éloigner des mauvaises nouvelles qui tombent drues sur le monde en ce moment.
Il faut voir l'équipe de France de football suivre un beau parcours à la coupe du monde qui se déroule au Qatar et mettre de côté les polémiques relatives au mode de gouvernance de cet émirat trop riche de son gaz pour qu'il soit contesté. Ce n'est pas tout d'avoir des valeurs humanistes, il faut avoir les moyens de les imposer, et on ne les a plus depuis longtemps. Essayons de les appliquer chez nous, avant de donner des leçons au monde entier qui n'en a que faire. Nous sommes un petit pays, tout petit même : 70 millions d'habitants ne font pas le poids face aux milliards de chinois et d'indiens et il faut bien toute l'Europe unie pour être puissants tant que le vieux continent reste le premier marché mondial. Alors, arrêtons le cinéma de la grande puissance, comme devrait le faire Poutine en Russie. Ce n'était pas mieux avant, c'était différemment organisé parce que les influences étaient plus politiques et militaires qu'économiques et énergétiques, question de dosage pour exprimer sa force.
La naïveté des dirigeants européens qui ont rêvé d'une mondialisation heureuse, d'un grand marché libre et honnête, de leur exemplarité à demander à leurs producteurs de faire mieux que bien sans imposer pour autant les mêmes normes aux produits importés d'ailleurs ont bien failli couler l'union européenne et les pays qui la forment. Même si on n'est pas tiré d'affaires, les consciences ont évolué et un protectionnisme certain, un rapatriement des productions stratégiques, une union économiques moins libérale et moins dépendante du reste du monde se font jours. Il était temps, mais il reste encore du travail pour convaincre tout le monde de ces nécessités, les enjeux sont immenses, et les gains lointains. Dans un temps où on veut tout et tout de suite, ça ce marche pas et il y en a qui préfèreront vendre leur âme au diable (chinois, russe, américain, turque) pour gagner un peu plus maintenant quitte à tout perdre demain. L'avidité et la cupidité mènent le monde à sa perte, comme l'a bien dit, et autrement, le secrétaire général de l'ONU.
Le peuple chinois s'est soulevé pour faire plier le régime sur la gestion du Covid, les iraniens sont en passe de faire une révolution : voilà deux exemples qui montrent que l'union et la solidarité font avancer les choses. Nous aussi devons nous unir pour exiger plus de partage des richesses pour investir sur un avenir qui nous protège, qui nous nourrisse, qui nous soigne. Et tant pis si on a moins de gadgets électroniques, moins de connexions inutiles et néfastes, moins de raisons de se taper dessus. Les valeurs matérielles ne doivent plus être celles qui conduisent le monde.
Mardi 29 novembre
Le temps n'est pas à la rigolade maintenant qu'on est passé à un automne bien prononcé, qui sent même parfois un peu l'hiver. Et après la douceur de l'été indien qui a bien duré, les frimas de ces derniers jours, un peu plus humides qu'auparavant, font frissonner. Et pourtant, ce n'est pas si froid que ça, tout à fait supportable. Et tant mieux, parce que les coûts de l'énergie qui se sont envolés, pèsent sur les budgets de ceux qui doivent l'acheter, et plus particulièrement les entreprises et collectivités. Les particuliers français sont relativement protégés par le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement. Ce qui n'est pas le cas dans la plupart des autres pays d'Europe où la protection sociale n'est pas au même niveau que chez nous. L'assistanat tant décrié par certains n'est pas une aussi mauvaise chose, mais c'est vrai qu'il vaut mieux accuser les pauvres de causer la crise plutôt que les très riches qui en profitent, et qui engrangent tant et plus de richesses qui ne sont pas partagées pour limiter la misère : le ruissellement n'est pas encore tout à fait, pour ne pas dire pas du tout, au point.
Alors, comme il y a pire, et bien pire ailleurs, on ne va pas trop se plaindre pour le moment. Malgré l'inflation galopante qui rogne le pouvoir d'achat et augmente la pauvreté. Les lois de l'économie libérale qui nous sont imposées montrent bien qui les a écrites et à qui elles servent le plus. Mais il ne faut pas le dire, dormez, braves gens, on veille sur vous et nos intérêts.
Il y a quelques jours, j'écoutais un expert cautionner les grèves des étudiants en médecine qui n'acceptent pas les contraintes d'une année supplémentaire de spécialisation en médecine générale pour devoir être interne en milieu défavorisé, tout comme une éventuelle obligation d'exercer ensuite dans des territoires ruraux " il n'y a pas de déserts médicaux, disait-il, ce sont des déserts tout court". Ces grands défenseurs des libertés individuelles, qui revendiquent le droit du choix de vie oublient un peu trop vite qu'ils sont nourris par la collectivité, c'est-à-dire la sécurité sociale, financée par tous. Et donc, qu'ils ont aussi quelques devoirs envers la société, y compris dans des endroits où il y a peu de gens, mais qui ont le droit de vivre et d'être soigné comme partout dans le pays. Nos dirigeants évoquent souvent l'égalité, la charte des droits de l'homme la met en bonne place, son nom fait partie de la devise de la République : ce n'est pas qu'un mot. Chaque citoyen a des droits, et des devoirs. On ne peut être égal devant l'impôt, et traité différemment selon son lieu de vie, son origine, sa condition sociale. C'est pourtant ce qui se passe, et qui semble normal à trop de monde.
Selon les critères financiers du libéralisme, la France a un taux de prélèvement excessif et elle devrait le réduire. Notre président s'y emploie mais ça ne le fait pas. Il reprend à son compte les solutions de ses prédécesseurs qui ont réduit les dépenses de l’État permettant de réduire l'impôt national : le transfert des compétences vers les régions, les départements et les communes a dégagé des marges de manœuvre nationales, car le transfert des moyens n'a pas suivi celui des obligations, pire même car des décisions gouvernementales d'augmentation de prestations restent à la charge seule des collectivités. Et quand la délégation est suivie de transfert de finances à l'euro près, celui-ci est à niveau quasiment constant qui ne suit pas l'augmentation des dépenses réelles. Donc les collectivités n'ont pas d'autres choix que de trouver des ressources auprès de leurs contribuables. D'un autre côté, on réduit aussi la redistribution sociale pour ne pas augmenter les cotisations : la réforme des retraites se justifie uniquement pour des raisons financières et à échéance plus ou moins lointaine pour une privatisation de la sécurité sociale. Ne soyons pas dupes, la solidarité à la française ne convient pas au système financier mondial car il ne génère pas de dividendes.
Comme je l'ai déjà écrit il y a fort longtemps, dans les mois qui ont suivi la crise de 2008, les bénéfices doivent être privés, les pertes doivent être publiques. A l'époque, les états avaient renfloués les banques proches d'une faillite causée par leurs erreurs de gestion et l'avidité de leurs actionnaires. Nous en sommes encore là avec l'énergie : la privatisation du secteur était sensé faire baisser les prix grâce à la concurrence. Au final, comme producteur, EDF a du brader son électricité à d'autres opérateurs pour garantir cette concurrence, autant d'argent qui a manqué dans l'entretien des usines de production, qui ne tournent pas actuellement, et autant d'argent qui a enrichi des acteurs économiques qui demandent maintenant à l’État de les aider parce qu'ils perdent de l'argent faute de clients qui ne peuvent payer le tarif réel qu'ils sont obligés de pratiquer. Et la marche arrière du gouvernement est enclenchée avec la renationalisation d'EDF...
Que des histoires de gros sous ! Et il y a encore des citoyens qui croient dans le système ultra libéral, celui-là qui a conduit à la mondialisation heureuse avec les délocalisations mais qui est cause des pénuries actuelles et de l'inflation. Mais soyons rassurés, il est aussi à l'origine des supers profits et des hyper rémunérations des grands dirigeants des entreprises multinationales. Sauf peut-être pour l'économie numérique : le virtuel ne semble pas supporter l'inflation et les tensions de production du monde réel.
Nous sommes en fin de civilisation, industrielle et libérale, devenue mondiale, dominée par l'Occident, une nouvelle va naître dans le futur après une transition dont on ne connaît pas les conséquences sur nos vies. C'est excitant en quelque part, comme une aventure qui n'est pas sans risques, mais qui procurera d'intenses émotions. Certains resteront sur le bord de la route, d'autres mettront en place les fondations d'un monde meilleur. C'est la vie de l'humanité depuis qu'elle est apparue.
Mercredi 16 novembre
Je ne sais pas si le temps passe plus vite quand on avance en âge, ou si ma motivation est en berne en ce moment, mais je remarque être moins productif dans mes billets d'humeur. Le dernier a cependant soulevé quelques retours de lecteurs qui ne m'ont pas trouvé très optimiste, pour ne pas dire qu'ils ont pensé que j'étais au bout du rouleau. Je les rassure, mon expression était plus noire que ma pensée, car je ne suis pas plus déprimé. C'est vrai que l'ambiance du moment n'est pas à l'euphorie et ça joue sur l'impression du monde qui nous entoure.
Oui, tout ne va pas bien, et l'avenir est incertain. Je ne reviendrais pas sur les effets de la guerre en Ukraine sur la crise énergétique qui entraîne l'inflation et les problèmes de fin de mois chez beaucoup de personnes peu argentées. Les crises n'appauvrissent pas tout le monde, certains s'en tirent très bien. Je ne vais pas non plus réexpliquer la situation malheureuse qui envoie des migrants jusque sur nos côtes. Cela déclenche des polémiques dont les populistes aiment se gaver pour mieux vomir leur haine et leur intolérance sur la société qu'ils fracturent profondément alors qu'il serait plus opportun d'être soudé pour regarder un peu plus loin que notre petit confort matérialiste créé grâce à l'exploitation des pays d'où viennent ces pauvres hères qui ne demandent en fin de compte juste ce droit de vivre dignement que nos capitaux leur ont enlevé chez eux. Cela s'appelle l'effet boomerang, et fermer les frontières ne règlera pas les problèmes, bien au contraire. Les solutions semblent évidentes et seraient efficaces si on vivait en autarcie, mais nous avons besoin du monde extérieur pour survivre. Si nous ne voulons pas d'entrées, il faudrait aussi éviter les sorties. Et la crise climatique dans tous ça : juste 250 millions d'êtres humains à relocaliser dans les décennies à venir, les 230 passagers de l'Ocean Viking débarqués à Toulon ne sont pas un problème comme certains le disent.
Ces derniers jours, la parole des jeunes m'a rassuré sur l'avenir de l'humanité. Que ce soit ceux de Fernoël réunis pour une conversation avec le doyen du bourg ou ceux vus dans un débat télévisé hier, il y a de l'espoir au regard de leur vision sans concession de ce qui les entoure. Ils s'intéressent au passé, il voient un présent ahurissant, ils envisagent un futur qui remet l'homme au centre du village et non la finance. Écouter un jeune bien présent sur les réseaux sociaux décrire le monde des influenceurs, la téléréalité comme des supports de la culture du vide fait du bien à l'intelligence. Ce qui peut se traduire par la nécessité d'investir massivement dans l'éducation : à long terme, c'est un placement très rentable.
L'argent n'est plus un vecteur de développement personnel chez la plupart des jeunes, ils aspirent à un monde autant virtuel qu'avoir les pieds bien sur Terre. Écoutons-les un peu plus, ils sont ceux qui doivent soigner les plaies que nos générations ont causées.
Vendredi 28 octobre
Les éditos se font rares ces derniers mois, le temps passe trop vite et d'autres occupations prennent le dessus. Une moindre motivation aussi peut-être. L'époque est tellement décevante qu'on a envie de ne rien plus penser, juste de vivre au jour le jour, parce qu'on ne sait plus de quoi les lendemains seront faits.
Ce n'est pas très optimiste, je l'avoue. Mais comment échapper à la morosité ambiante, harcelés que nous sommes par les mauvaises nouvelles venues de toute part, résignés à devoir subir plus qu'à se battre pour remonter la pente, incapables de se révolter face aux éléments perturbateurs de la fin d'une troisième année de crise. La Covid, qui a entamé le processus de ces crises économiques, plane encore au-dessus de nos têtes, mais cela semble un danger mineur par rapport à ce qui peut nous tomber réellement dessus, que ce soit les catastrophes climatiques ou les bombes russes.
Dans quelques jours, cela fera treize ans que j'écris ma façon de comprendre le monde, et certains des lecteurs apprécient ces billets d'humeur, d'autres n'y feront pas plus attention que ça et les râleurs le feront en silence. Régulièrement, j'ai écrit que nous allons dans le mur, et tant que nous n'y seront pas, les choses ne changeraient pas. Maintenant que nous pouvons même voir les défauts de maçonnerie de ce mur gigantesque qui est en face, il semble qu'une conscience collective se mette en place pour vouloir esquisser le début d'un commencement de prise en compte des problèmes annoncés depuis des décennies. Trop tard, on va se prendre le mur dans la face quoi qu'on fasse. Je suis désolé mais je ne crois plus possible de faire marche arrière.
Et on ne peut pas compter sur les dirigeants de la planète, politiques ou économiques : ils ne savent pas faire, ils ne veulent pas faire, coincer dans leurs certitudes, incapables de changer de logiciels qui ne fonctionnent plus pour trouver des solutions, parce que ces dernières sont tout bonnement suicidaires pour eux. Alors, on continue d'avancer, et Boum ! L'univers a commencé par le big-bang, l'humanité va finir par un petit pet salvateur pour la Terre.
En attendant la fin, profitons de ces beaux jours d'automne aussi chaud que certains jours d'été, c'est toujours ça de pris pour les économies de chauffage. On va changer d'heure, une habitude sensée disparaître qui n'attend que la volonté de ces chers dirigeants, si intelligents pourtant et trop souvent tellement bêtes dans leurs réflexions, leurs actions, leurs décisions. Il n'y aura pas de révolutions, juste une transition brutale pour nous mettre d'accord sur le nécessaire changement de civilisation. Cela s'est déjà passé, de façon moins rapide, et ça recommence.
La vie est belle, mais il faut la prendre en main pour qu'elle le reste. Le soleil brille pour tout le monde, c'est dommage que l'homme ait cassé la machine pour se croire plus fort que la nature et gagner quoi, à la fin ?
Si Poutine le veut bien, il y aura d'autres lectures à faire bientôt. Ce n'est pas encore tout foutu, gardons l'espoir...
Mardi 11 octobre
Dans ce monde si complexe, même si les raccourcis simplistes nous expliquent la réalité des choses sur les réseaux sociaux, la vie ne devient pas simple, et les crises s'ajoutent aux crises. Dans notre beau pays de France, les râleurs sont aux anges : jamais ils n'ont eu autant de raisons de critiquer car selon eux, rien ne va plus.
C'est sûr qu'en ne regardant qu'au bout de son nez et ses intérêts personnels, il est évident que ça ne s'arrange pas. La vie n'est plus aussi facile qu'elle a pu l'être il y a quelques décennies. Mais la dégradation des conditions de vie actuelles résulte en partie des comportements précédents, notamment les dérives de la société de consommation imposée par le libéralisme et bien acceptée par des consommateurs ravis des prix bas des objets inutiles. Bien sûr, on a le droit de se plaindre, mais faut-il encore ne pas être indécent. Le blocage des raffineries de pétrole et la pénurie de carburants, bien aidée par la peur de manquer, peut être justifiée au nom d'une juste répartition des marges énormes engrangées par les industriels. Au bout du compte, ce sont encore les plus précaires qui trinquent, ceux qui ont besoin de véhicule pour travailler, ceux qui dépendent du bon roulement des chaînes d'approvisionnement parce qu'ils ne peuvent pas stocker, ceux qui ont des fins de mois compliqués comme les petits patrons qui s'arrachent les cheveux pour sortir des salaires à leurs employés, etc... Dans ces derniers temps, les syndicats et les grévistes ont des réflexes corporatistes derrière leurs revendications salariales, car depuis longtemps la solidarité n'est plus une valeur partagée dans les milieux populaires. Les employés de Total ou d'Esso font monter la pression, ils ont raison, mais il faut aussi savoir lever le pied à un moment , au risque de voir leur mouvement inadapté et contre productif pour l'image des syndicats auprès de l'ensemble des salariés. C'est ainsi que le populisme se nourrit et que les extrêmes prospèrent.
Après, des pouvoirs autoritaires s'installent, des autocrates s'imposent et imposent leur vision du monde , au prix des libertés de leurs propres peuples, pour leur unique grandeur et leur immense égo. Ainsi, une guerre commence discrètement, par petits coups, sans riposte, de quoi donner de l'assurance aux dictateurs. Et puis "badaboum", c'est l'invasion, c'est la guerre à deux pas de chez soi, et il y en a encore qui ne voudraient pas de riposte, tant pis pour les agressés, sauf que les prochaines frappes pourraient tomber ici. Il faut bien arrêter les fous de guerre avant qu'il ne soit trop tard. Il est peut être trop tard.
Les tensions augmentent en Ukraine, la Russie est affaiblie mais dispose de ressources de nuisances suffisantes pour continuer à embêter le reste du monde. Les chinois comptent les points. L'Iran islamique faillit, sa jeunesse est dans la rue, la répression gagnera-t-elle encore ? Le président turque ne sait plus où donner de la tête à force de vouloir ménager ses encombrants voisins pour qu'ils le laissent mener à terme ses désirs de grande Turquie. Ici et là, les démagogues se démènent pour garder ou prendre le pouvoir : tout n'est plus qu'une question de personnes, la politique n'existe plus, comme si l'avenir de l'humanité n'avait pas d'importance.
Alors, pour l'instant, au regard de ce qui se passe ailleurs dans le monde, on va être content de vivre chez nous, ça à l'air moins pire, malgré de réels soucis. La réponse n'est certainement pas dans la revendication personnelle mais dans le rassemblement pour mieux organiser la société. Le chacun pou soi, les "yaka fokon", n'aboutissent à rien. Il faut construire, reconstruire des fondations où le citoyen sera au centre des préoccupations, plutôt que la finance, l'intérêt personnel...Vaste chantier, attendons le fracas du monde, il arrive, parce qu'on le veut bien.
Jeudi 22 septembre
C'est le dernier jour d'un été mémorable par son côté météo caniculaire, ses effets sècheresse et le retour d'une vie festive normale qui a fait la joie des organisateurs de manifestations comme celle des participants à ces rassemblements essentiels de la vie d'un territoire.
L'été se termine sous le soleil et pourtant des nuages sombres annonciateurs de mauvais temps pour l'humanité s'amoncellent dans le ciel de l'avenir. Les crises se succèdent sans pause depuis deux ans : sanitaire, économique, énergétique, climatique, politique. On a le choix, mais on les subit toutes à plus ou moindre degré. Et ça devrait être pire si on en croit les moins optimistes.
Pourtant, tout est annoncé depuis longtemps, et chacune des crises a des conséquences pour l'autre, s'impliquant les unes avec les autres. Je l'ai écrit depuis longtemps aussi : on va dans le mur, mais on ne change rien. Et le mur se rapproche, il est tellement près que freiner n'empêchera plus l'accident, on va le prendre en pleine figure. Alors il est temps de se préparer au choc. L'avenir ce sera s'adapter, mais ce n'est pas encore le discours, et encore moins les actes, de nos gouvernants, de nos décideurs. Ils n'agiront que sous notre pression, mais pour l'instant, elle n'est pas très forte.
Ceci dit, la vie continue, malgré les incertitudes de l'époque. On va s'adapter à la sobriété, nouveau mot clé du vocabulaire des dirigeants pour nous inciter à l'économie d'énergie. Beaucoup des gens d'ici doivent sourire car depuis toujours cela fait partie de leur modeste vie campagnarde : si la pauvreté ne se voit pas dans nos campagnes, la richesse, sans être ostentatoire, n'est pas extraordinaire non plus. C'est vrai qu'après des décennies à nous inciter à consommer de l'électricité, voilà qu'on nous demande de se restreindre. Comme le gazoil qui a perdu toutes ses vertus en quelques années. La vision à court terme comme mode de gouvernance est la pire des choses qui soit arriver au monde. Et ça n'est pas près de changer : les mentalités ne bougent pas en haut de la pyramide, insensible et aveugle du monde d'en bas.
Mais que faire ?
Le monde a changé ces derniers temps : la reine Elisabeth II est morte, Charles III lui a succédé. Cela a donné lieu à un tapage médiatique au-delà du pouvoir royal anglais. Symboliquement, c'est la clôture du XXème siècle qui s'est déroulée sous nos yeux de téléspectateurs, et le siècle dans lequel nous pénétrons le cœur est déjà bien malade. Le monde reste inquiet des vicissitudes de Vladimir Poutine dans sa guerre ratée en Ukraine qui peuvent l'amener à prendre des décisions terribles pour l'Europe, unie politiquement et affaiblie économiquement par ce conflit qui va plus changer la face du continent que le décès de la reine. Les autocrates chinois et turques regardent la situation pour connaître leurs limites d'influence, l'Inde devient aussi une puissance mondiale. L'Afrique ne sait plus à qui elle est inféodée, au gré des marchandages de ses dirigeants qui eux aussi voient à court terme.
En attendant l'effondrement annoncé, mais qu'on peut éviter si on agit collectivement, si on devient citoyen actif de notre avenir, profitons de cette belle journée : les cèpes ont commencé de pousser, et tant qu'il y aura des cèpes, il y aura de l'espoir.
Mercredi 7 septembre
Avant que l'orage n'éclate, le ciel s'assombrit drastiquement et le tonnerre gronde, je viens faire état de mes impressions de rentrée : déjà douze jours que je ne m'étais pas épanché, prenant soin d'une phase de décompression après un trimestre assidu et chargé en travail et manifestations à couvrir. Et j'ai entamé ma saison du bois de chauffage qu'il me faut scier avant l'hiver, parce que ce sera plus économique cette année par rapport aux coûts des autres énergies qu'utilisent tant d'autres ménages.
La pluie est arrivée le temps de l'introduction. Cette eau venue du ciel qui manque tant à beaucoup d'endroits après cet été de canicules répétées et de sécheresse inquiétante pour l'avenir. Les pluies d'août auront sauvé les herbages et l'automne sera moins risqué pour les éleveurs, tout comme les légumes tardifs du jardin. La saison des champignons pourrait être belle.
Si la pluie est du beau temps pour les agriculteurs, les pêcheurs et les gestionnaires des réseaux d'eau potable, d'autres inquiétudes démoralisent la population, bien aidée par les médias toujours prompts à diffuser les mauvaises nouvelles, à insister même. S'il est vrai que tout ne va pas très bien, on ne peut pas dire que tout va très mal, pas encore parce que ça pourrait être pire dans l'avenir. Plutôt que de râler maintenant, il vaudrait mieux apprécier ce bon temps de cette fin de civilisation et s'en délecter, il y aura bien le temps de se plaindre quand tout sera foutu.
Notre monde s'est développé au gré de la production des ressources énergétiques puisées dans le sol des anciennes colonies des pays européens, devenus indépendantes mais restant sous la domination des pays occidentaux jusqu'à l'émergence de la Chine et l'influence de la Russie et de la Turquie, unis sous la même bannière de lutte contre l'occident. Dans nos démocraties où la parole est libre, on écoute ici et là des bonnes consciences dire tout le mal que nos dirigeants ont fait depuis des lustres partout sur la planète. Des bonnes consciences qui ont bien supporté le relatif progrès dans nos sociétés, leur permettant de comprendre le monde grâce à des études gratuites, un environnement social très supportable, une nourriture abondante. Ces bonnes consciences ont la critique aisée, mais seront-elles prêtes à survivre dans un monde sans liberté, avec peu de confort, en état de guerre permanente ? C'est vrai que le monde occidental n'a pas mis ses principes démocratiques au service des pays qu'il exploitait, ou si peu, se gavant d'abord au profit de ses populations, mais ce n'est pas en nous livrant pieds et poings liés à des dictateurs que cela résoudra les problèmes du monde. Ces dirigeants autocrates se fichent pas mal de leurs propres populations, seul importe leur grandeur qu'ils traduisent par la grandeur de leur pays, comme si dominer par la force était seule évolution possible. L'histoire le démontre : les progrès civilisationnels se font en temps de paix. Qu'avons nous à gagner à soutenir ces pays musclés? Gagner du temps pour garder nos valeurs ? Certes, mais ce n'est que répit, car dans la tête de ces gens-là, il y a une revanche à prendre sur le passé, une vengeance à mettre en place : ce n'est pas le bien contre le mal, c'est la gouvernance du monde qui est l'enjeu. A celui qui dominera, les alliances d'un jour se retourneront une autre fois, et ainsi de suite, tant que les bonnes volontés ne se réuniront pas pour y mettre le holà. Et ça ne semble pas prêt d'arriver, parce que la mode est plutôt au chacun pour soi qu'à la solidarité, à tous les niveaux. Qu'on se le dise.
Maintenant que j'ai bien plombé l'ambiance, redevenons plus légers, profitons de nos belles campagnes, participons aux dernières manifestations locales pour laisser perdurer la bonne atmosphère de l'été, des plaisirs à être ensemble, grâce aux bénévoles des associations qui mettent leurs égos de côté pour faire plaisir tout simplement. Et ça, c'est la base de l'engagement pour que demain soit plus beau qu'aujourd'hui. Alors, qu'attendez-vous pour rejoindre une association qui satisfasse vos goûts pour partager avec d'autres l'appartenance à un même territoire. Vous êtes attendus, notamment la jeune génération qui a montré qu'elle avait du potentiel dans les fêtes locales cet été.
Allez, ça va bien s'arranger.
Jeudi 25 août
Cette fin de période estivale ne laisse pas de temps à l'ennui : mon emploi du temps est bien rempli entre le service aux collectivités, aux associations et la couverture médiatique locale des manifestations revenues à l'affiche après deux années de vache maigre causées par les restrictions de la crise sanitaire. Il faut reprendre un rythme perdu avec deux ans de plus au compteur et ce n'est pas toujours évident. D'autant plus que se greffent dessus des évènements particuliers , imprévus et impromptus, comme je les aime. Le hasard des rencontres, le courant qui passe, la curiosité et l'intérêt partagés sont sources de grands moments chaleureux, conviviaux, amicaux et familiaux. Mais qui fatiguent un peu par leur concentration. Le plaisir est un sacrifice agréable.
Le temps est à la fête, chaque week-end est différent mais ici et là, il y a un point commun qui s'observe : le besoin de se retrouver, l'appartenance à un territoire, l'insouciance comme une pause dans une époque troublée. Ce qui est pris est pris, ça fait du bien ces sourires, ces visages heureux, ces rires bruyants, ces cris d'enfants dans les châteaux gonflables et les manèges, autour des musiques et des ambiances légères et gourmandes. On aimerait que ça dure, on sait que c'est bientôt fini. La fête à Giat approche, signe de la fin des vacances, et donc de la rentrée des classes, le retour de la vie bien réglée. Sans assurance ni garantie que la vie sera meilleure cette année à cause des nuages noirs qui font peur comme au Connemara de Sardou, venus d'Ukraine ou de Chine, et bien d'ailleurs, de la météo comme de la misère des hommes. Ainsi va la vie.
De toute façon, ce sera comme on le fera. Autant ne pas se prendre la tête pour des sujets qui nous dépassent, même si on les subit : il nous reste notre liberté pour s'en affranchir et se concentrer sur l'essentiel : vivre bien, tout simplement, et ensemble de préférence. Parce qu'en s'enfermant chez soi n'est pas la solution, à moins de vouloir s'abrutir. L'orage passe où il doit passer : on l'a bien vu cet été. La solidarité reste encore le meilleur moyen de s'en sortir.
Après ça, il ne faut pas s'en faire...
Édition du 2 décembre
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